Archive pour guerre sociale

ZAD: Qui gaze nos semences récolte la tempête!

Posted in Actions, Appel, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 2013/04/16 by anabraxas

Compte-rendu des médics sur l’attaque paramilitaire du 15 avril dans la ZAD

Dans la presse vous entendrez beaucoup parler des trois gendarmes blessés mais, peu des personnes subissants les violences physiques et psychologiques de cette opération militaire.

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En tant qu’équipe medic on voulait transmettre ce que l’on a vu aujourd’hui. Alors qu’hier on celebrait la libération du carrefour de la Saulce deux jours plus tôt par un pique-nique festif sans autres blessures que des coups de soleil, ce matin les gendarmes sont revenus en nombre reprendre le carrefour, réinstaurer leur occupation militaire. Dans ce cadre-là, on a vu de nombreux tirs tendus de flashball et grenades assourdissantes a courte distance, qui ont infligé de nombreuses blessures dont certaines pris en charge par l’équipe médic :

• impacts par flashball :

→ œdèmes et hématomes :
– trois personnes dans les jambes
– une personne dans le bras
– une personne dans les épaules
– trois personnes dans le thorax
– une personne dans le dos

→ un impact dans la tête entrainant une plaie ouverte du crâne nécessitant cinq points de suture

→ un impact dans le visage provocant un arrachement important de l’arcade et un enfoncement des sinus accompagné par une hémoragie importante nécéssitant une prise en charge par les pompiers

• impacts par des grenades assourdissantes :

→ plaies, brulures et corps étrangers faits par les éclats de grenade :
– trois personnes dans les jambes
– une personne dans une fesse

→ blaste :
– multiples personnes choquées (désorientations, acouphènes)
– une personne plus gravement atteinte malgré la présence d’une palette la protégant des impacts des éclats

• des nombreuses intoxicationes liées à l’emploi massif de gaz lacrymogène et poivré

Les pompiers ayant evacué la personne ont eté bloqué par les gendarmes qui leur ont refusé l’accès et ne les ont laissé passer qu’après l’insistance d’occupants présents. Ils ont de nouveau empêché leur départ afin de contrôler la personne blessée, retardant en tout plus de vingt minutes la pris en charge des secours.

Une occupation militaire ne s’installe jamais sans violence. Cette liste non-exhaustive ne voudrait pas oublier toute la violence psychologique d’un tel déployement policier ainsi que celles subies au quotidien dues à leur présence permanente et leurs agissements.

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Soit ils nous virent, soit ils se cassent!

(et s’ils nous virent, on revient!)

La veille de la manifestation « Sème Ta ZAD », le carrefour de Fosses Noires / Chemin de Suez, est liberé de la présence des gendarmes mobiles…

Pendant 2 jours, ce carrefour, nombril de la zad, est spontanément redevenu ce qu’il était : un endroit de passage, où l’on se croise, s’echangent des nouvelles, un point de rencontre. Ces jours-ci, la ZAD fut parcouru par des centaines de personnes outils en main.

Le dimanche, nous avons fêté la fin de l’occupation militaire. Rêve éphémère ou réalité des jours à venir ?

Depuis plus de 141 jours nous sommes, habitant-e-s du centre ZAD, pris au piège par les deux barrages de flics. Notre quotidien, c’est du bleu. Pas un matin, midi au soir sans être confronté.e.s à leur présence. Sans être contrôlé.e.s, fouillé.e.s, humilié.e.s. Nous n’avons pas le choix de les éviter. Nos enfants vont à l’école, nous avons pour certain-e-s des activités professionnelles. Fini les balades à vélo, fini les marches tranquilles, les rencontres avec les voisin.e.s et les ami-e-s qui n’osent plus venir. L’endroit où nous et nos enfants vivons, est devenu une zone d’enfermement, dans le silence, depuis le weekend du 15 décembre 2012.

Doit on continuer à subir sans réagir alors qu’il n’y a aucune légitimité et utilité à leur présence ? Nous ne le pensons pas ! Alors il faut relever la tête, s’unir et refuser cette mascarade !

Le prétexte officiel de bloquer le carrefour n’a jamais empêché d’apporter des denrées sur la ZAD, du gaz, des matériaux inflammables ou de construction. Le réel objectif est plutôt de donner l’illusion qu’ils contrôlent la zone, de faire pourrir la situation tout en tentant de contenir la lutte aux frontières de la ZAD, d’établir une pression psychologique et de créer une répression constante qui provoque un climat de tension permanente. Enfin, lors d’un contrôle, quand on craque et qu’on exprime notre ras le bol, la réponse des flics est systématique : « vous n’avez qu’à partir ». Ce qui représente une autre forme d’expulsion, plus insidieuse, à l’heure où la commission du dialogue avait demandé la fin des interventions pendant la durée de son mandat…

Leur petite comédie de « commission du dialogue » a pris fin, maintenant la conclusion doit être claire : soit ils nous virent, soit ils se cassent !

Il est évident que nous ne nous laisserons plus occupé.e.s de la sorte : s’ils reviennent chez nous, nous irons chez eux !

Il y a quelques mois, un appel à occuper les lieux de pouvoir avait été lancé en cas d’attaque sur la ZAD. Or, la ZAD est habitée sur toute sa surface et on n’habite pas un endroit sans ses routes, ses champs et les liens qu’ils génèrent. Nous considérons donc que la réoccupation militaire du carrefour serait une attaque directe de notre lieu de vie. Nous appelons en conséquence à des actions décentralisées, que ce soit par des occupations de lieux de pouvoirs et de carrefours de circulation stratégiques, ou par toute autre type d’actions jugées pertinentes !

Des habitant.e.s qui résistent

Un récit de la journée sème ta ZAD

Les champs sont encore bien humides pour une grande action agricole, mais cela fait fait quelques jours que ça fourmille un peu plus encore partout sur la zone : préparation des chantiers, des scènes, des gâteaux, dégagement de certains chemins, signalisation… Puisque la commission du dialogue conseille de poursuivre le projet d’aéroport, mais que le gouvernement risque de ne pas oser se lancer dans de nouvelles expulsions avant d’avoir révisé quelque peu la copie, notre réponse immédiate sera d’asseoir l’occupation à long terme de la zone par de nouveaux projets agricoles.

En préambule à la journée « sème ta zad« , bonne surprise hier soir puisque vers 22h, la préfecture a décidé de retirer ses troupes du carrefour de la Saulce, point central au coeur de la zone menacée par l’aéroport. Cela fait 141 jours que l’on vit avec une occupation policière permanente : harcèlements, ralentissements et perturbations de nos allées et venues avec le choix de contourner à pied par les champs ou de se faire contrôler, fouiller et humilier. On peut donc dire que leur départ de la Saulce est un sacré soulagement. Immédiatement, le joyeux message passe, par la radio, par les chemins, d’une maison à l’autre… Tant et si bien qu’assez vite une fête s’improvise sur la route, avec quelques chicanes et brasero. La fête est quelque peu perturbée par la présence de deux camions de gendarmerie restés en retrait dans un chemin attenant, qui appellent leurs collègues en renfort et finissent par balancer quelques lacrymos et grenades assourdissantes au Carrefour. Ce samedi matin alors que les cortèges se préparent à partir, plus de traces de gendarmes. Comme pour le 17 novembre on dirait qu’ils ont choisi de faire profil bas ou de faire comme si il n’y avait pas une occupation militaire quand les caméras débarquent. Il s’agit maintenant d’être attentif-ve-s à ce qu’ils ne reviennent pas dès lundi et à ce qu’ils nous lâchent définitivement les basques.

Au départ de la manifestation « sème ta zad », la surprise est moins agréable puisqu’il pleut généreusement. Le printemps a décidé paresseusement d’attendre un jour de plus pour s’installer. Malgré ce léger désagrément, pas mal de monde arrive petit à petit fourche, pioche, pelle en main… A l’est, à la sortie de la Paquelais, des tracteurs s’installent avec des bennes de fumier ou des outils, plants et matériaux déposés par les manifestants. Radio klaxon commence à rediffuser en direct sur les enceintes des sons de la manifestation, de la disco ou de vieux chants révolutionnaires…Une batukada de bidons, de bric et de broc s’installe en tête, derrière une banderole « sème ta zad – cultiver, occuper, résister », une tête de « tanouki » masqué et entonne une chanson de geste hypnotisante sur les hauts faits des mois passés. Le cortège s’enfile sur la d281. Pour ceux qui ne sont pas passés depuis quelques mois ou qui découvrent, c’est un moment un peu surréaliste. Cette route qui en octobre était quoitidiennemement asphyxiée par un millier de policiers est devenue le cauchemar de tout aménageur du territoire. On y découvre une architecture défensive et sauvage : barricades et chicanes, tour de guets et barraques posées au milieu du bitume, pneux, palettes et panneaux de circulation détournés de leur usage règlementaire. La DDE en mode zad oblige tout un chacun à zigzaguer et ralentir un brin mais ça passe. Tout au long du parcours, des panneaux et chemins protégés indiquent l’accès à diverses cabanes. Quelques grandes plaques de bois commémoratives rappellent la bataille du sabot, ferme maraîchère occupée dans une manifestation similaire en 2011 et détruite en octobre. Quelques dizaines de minutes plus tard, la manifestation arrivent sur les ruines des planchettes, ancien lieu d’acceuil et d’organisation collective. La pluie est toujours là mais on doit être maintenant un bon millier.

Sur le cortège ouest, le départ a pris un peu plus de temps. 5 voitures de gendarmerie attendaient les premiers arrivés aux Ardillères. Ils se mettent à fuir à l’arrivée d’un bouc, essaient de se remettre un peu plus loin sur le carrefour mais en sont empêchés. Aujourd’hui, c’est nous qui leur bloquons la route et les obligeons à contourner. Qui aurait pu résister de toute façon à une troupe emmenée par des banderoles annonçant ’jacquerie ! », « nul terre sans guerre » ou encore « vinci dégage, la terre on la partage », ainsi que par les chants tonitruants des Aveyronnais venus construire une cabane sur les terres de saint-jean du tertre . A l’arrivée au hameau du Liminbout, un panneau « village en résistance », une grosse pause collective à la buvette pour franchir la dernière ligne droite et se retrouver un millier à la Ferme de Bellevue, occupée en février par le collectif « Copain »* – regroupement d’organisations agricoles en lutte contre l’aéroport.

Les deux manifestations se terminent par des prises de parole de l’assemblée paysanne qui a initié « sème ta zad » et de COPAIN. Une déclaration de solidarité avec la lutte à Notre Dame des Lande envoyée par la coordination des mouvements paysans indiens est lue, d’autres invitent à venir occuper des terres agricoles menacées par un projet routier le 27 avril à Avignon. Nul besoin de rappeler trop longtemps que, plus qu’une manifestation de masse, l’objectif de cette journée est cette fois de permettre un moment d’action collective et de chantier participatif : des petits groupes s’éparpillent rapidement une carte à la main sur les différents nouveaux projets agricoles en gestation sur la zone. Des bétaillères font la navette jusqu’à saint-jean du tertre au rythme d’une bourrée, d’autres partent explorer à pied. Malgré la pluie qui continue l’ambiance est au partage et aux sourires. Certains chantiers ont dû être reportés mais ça bosse dans tous les sens : cassage de bois et isolation de la Vache rit, montage de buttes, plantation de fraisiers et patates aux Cent noms, couverture et montage de serre au potager rouge et noir ou a la Wardine, drainage et préparation des sols pour acceuillir des petits fruits et légumes à la Bellich’ ou au Sabot, réhabilitation d’une baraque abandonnée à Saint jean du tertre en attendant qu’il fasse un peu plus sec pour démarrer les cultures de blé ou les plantations de vigne, phyto-épuration aux cent noms ou au Gourbi, cuisson de pain à Bellevue, nettoyage de chemins et fossés et création de chemins pour ne pas abîmer les champs et éviter la police. Dès que la fatigue, la faim ou l’humidité se font trop sentir, un tas de cantines et buvettes dispersées sur la zone proposent de grandes assiettes de légumes, des crêpes et autres dégustation de vins et fromages… Et puis il est toujours possible de se poser pour des discussions sur les semences, des atelier sur les plantes médicinales, des états des lieux de la lutte ou pour regarder des photos sur les expulsions au dôme « bowl y wood ». Pour beaucoup c’est aussi un moment pour re-découvrir la zones, les barricades et sigmates des batailles, la beauté du bocage et toutes les nouveaux habitats construits ces derniers mois. Certain-e-s rêvent déjà d’organiser une journée mensuelle « Sème ta zad » avec des chantiers ouverts réguliers. En attendant il est possible de revenir demain et les jours prochains, en plein soleil pour continuer les chantiers initiés aujourd’hui. Il est déjà tard et temps d’aller danser au Fest noz ou sur quelques bon vinyls. La journée d’aujourd’hui l’a encore prouvée, dans quelques mois ou quelques années, si ils tentent de nouveau de faire passer l’aéroport en force, nous serons encore plus nombreux et déterminés.

Sorry, récit tardif et vite fait – Plus d’images demain.

Des participant-e-s à « Sème ta zad! »

À suivre…

De Zone à Défendre

Sur Médiacoop: « SÈME TA ZAD! »: à Notre-Dame-des-Landes, les zadistes recultivent les terres

29 mars: la grève générale met Barcelone en feu

Posted in Actions, Reportages with tags , , , , , on 2012/04/06 by anabraxas

Compilation d’articles parus sur Juralib, Sabotagedia et Rebellyon

Barcelone, 29 mars: fin de la paix sociale?

Dans un contexte social déjà tendu, entre coupes budgétaires et chômage massif, le gouvernement espagnol du Parti Populaire lance un nouveau projet de réforme du code du travail. Celui-ci est dans la droite ligne du libéralisme sauvage imposé par les marchés via la Banque Mondiale, le Front Monétaire International et la Commission Européenne. Il accentue encore la précarité au travail en supprimant quasiment les Contrats à Durée Indéterminée facilitant la possibilité de licencier des patrons [vidéo en espagnol expliquant la reforme ici]. Exemple parmi tant d’autres : la période d’essai passe de trois mois à un an, période pendant laquelle on peut se faire virer du jour au lendemain sans raison… Face à cela, les syndicats majoritaires — CCOO et UGT —, pourtant habitués à négocier sagement avec l’État et le patronat, ont décidé d’appeler à une journée de grève générale le 29 mars. Si ces organisations sont largement discréditées par la société, l’ampleur de l’attaque a suscité un tel rejet que tous les secteurs se sont unis à cette journée d’action.

Grève générale en Espagne, combats à Barcelone

Ces dernières semaines, l’ambiance se chauffe peu à peu. Les rues se couvrent d’autocollants, affiches et tags, Internet bouillonne d’appels à participer à la grève. Les assemblées de quartiers et de villages, issues du mouvement 15M de l’année dernière, se réorganisent après un moment de baisse d’activité. Ainsi, la veille, plusieurs quartiers de la ville convoquent à une « cacerolada » (manifestation avec des casseroles sur le modèle argentin) et déambulent dans les rues pour expliquer la grève et inciter les petits commerces à fermer. Le soir même, à minuit pile, plusieurs piquets ambulants ferment les bars bobos des quartiers gentrifiés. Dans le centre, plus d’une centaine de personnes invitent à sortir les clients des bars et ferment les rideaux de fer énergiquement. Le cortège se dirige vers les discothèques pour les fermer. Sur une des grandes avenues de la ville, un loto est toujours ouvert. La tension monte et deux personnes — dont les médias disent qu’elles participaient au piquet — pénètrent dans le local et partent avec la caisse (environ 2000 euros).

Toute la nuit, de nombreuses actions communicatives et/ou de sabotage (surtout contre les supermarchés et les banques) sont réalisées et tôt le matin, les grands axes de la ville sont coupés par des rassemblements syndicaux ou des barricades de pneus enflammés. Peu après, commencent les piquets ambulants des quartiers — plus d’une vingtaine au total pour la seule ville de Barcelona. Ceux-ci sont également parfois assez agités, avec des situations tendues dans les commerces ouverts, des sabotages de bus ou de métro couvrant les services minimaux accordés par les grands syndicats et du blocage de flux avec des dizaines de barricades dans les rues. Plusieurs personnes se font arrêter pendant ces actions. Des colonnes de fumées apparaissent depuis différents points de la ville. Et la grève est LE sujet de conversations et de débats spontanés dans la rue.

À 12h, les piquets des différents quartiers se dirigent vers le centre pour le piquet unitaire, fermant tout sur leur passage. En 2010, pour la dernière grève générale, le rassemblement avait été un succès en terme de nombre avec plus de 4·000 personnes [voir récit de la greve générale de 2010 ici]. Aujourd’hui, c’est plus de 20·000 personnes qui depuis la Place Catalunya montent vers les quartiers financiers où attendent les piquets venus des hauteurs de la ville. Au bout de quelques minutes, la Bourse, étrangement laissée sans protection, est attaquée, avec un feu de poubelle devant la porte. Les Mossos (Police Catalane) débarquent à toute vitesse et chargent mais la manifestation tient et se poursuit assez tranquillement dans la luxueuse avenue du Passeig de Gracia. Arrivés en haut, il y a tellement de monde que l’on en sait pas ou est le début et la fin du cortège.

Un mouvement se crée finalement vers la Diagonal, artère huppée de la ville. À un croisement, un énorme feu est allumé et le siège sociale de Banc Sabadell (une des principales banques du pays et responsable de l’expulsion de milliers de foyers ces dernières années) est totalement détruit puis incendié. À deux rues de là, le reste de la manifestation ne se rend compte de rien et l’ambiance y est plutôt familiale, colorée et festive. Les pompiers arrivent. Certain-e-s manifestant-e-s parlent avec eux et leur demandent de ne pas éteindre les barricades enflammées. « Ça serait dommage que l’on doive vous crever les pneus », entend-on. Les pompiers se déclarent solidaires de la grève, mais finissent néanmoins par intervenir (c’est quoi déjà la solidarité avec les grévistes?).

Les barricades et banques s’enflamment à Barcelone

À 16h30, plusieurs manifestations sont convoquées notamment par les indépendantistes (marxistes), les « iaioflautas » (collectif issus de la commission « personnes agées » du 15M) et les organisations anarchosyndicaliste CGT-CNTs (enfin réunies, après des décennies d’obscures scissions internes). Le cortège libertaire est impressionnant, avec plus de 10·000 personnes. À peine commencé, un groupe détruit méthodiquement les vitrines des banques. Une partie des manifestant-e-s applaudit chaque action mais une autre s’y oppose parfois physiquement. La foule arrive finalement près de la place Catalunya où convergent les différents cortèges à l’appel de la commission « travail » du 15M. Au coin de la place, les deux manifestations se rencontrent en criant « A, Anti, Anticapistalistas !« . Alors que la tête de la manifestation unitaire avec le camion sono attend pour sortir, avec des dizaines de milliers de personnes derrière, les vitrines du Corte Ingles, le symbole du capitalisme espagnol, sont complètement détruites.

La police, présente à 30 mètres, charge ; mais il y a tellement de monde qu’il est tout simplement impossible de disperser la foule. Le journal El Pais parle alors de 275·000 personnes composant les différentes manifs qui bloquent la ville, alors que les syndicats en comptent 800·000. De fait, l’immense place et toutes les rues aux alentours sont remplies à craquer. La police ne laisse pas sortir la manifestation de la place, immobilisant le camion sono, et il y a une sorte de flottement. La situation devient alors incontrôlable : dans un autre coin du Corte Ingles, les manifestant-e-s font reculer la police ; un énorme feu est allumé, puis un deuxième, et certain-e-s commencent à casser les vitrines du centre commercial sous les hourras de la foule, qui demandent en chœur qu’on l’incendie (de la même manière que le Starbucks, qui, à une dizaine de mètres, vient d’être saccagé et incendié).

Derrière, la situation est chaotique : beaucoup critiquent mais restent curieux de voir ce qui se passe, beaucoup sont ravis et disent qu’ »ils n’ont que ce qu’ils méritent » quand tombe une nouvelle vitre, beaucoup d’autres n’ont pas trop l’air de savoir quoi en penser. Devant, ça chante « el pueblo unido jamas sera vencido« . La police essaye une nouvelle fois de charger en attaquant au flashball, mais la masse reste compacte et résiste, faisant même parfois reculer les flics à nouveau. Ceux-ci finissent alors par lancer des gaz lacrymogènes, ce qui ne s’est pas vu ici depuis plus de 20 ans. Tout le monde est extrêmement surpris ; la plupart des gens sait à peine ce que c’est. Mais la solidarité entre manifestant-e-s est impressionnante : l’eau et la bouffe se partagent, pendant que les blessé-e-s sont soigné-e-s sur place ou transporté-e-s vers l’arrière.

Une sirène retentit, mais cette fois, c’est un groupe de pompiers en grève et en uniforme venus participer à la bataille. Ils se mettent devant, parmi les manifestant-e-s, et aident à relancer les grenades lacrymogènes. La police parvient malgré tout à vider la place Catalunya et occupe alors tous les accès. Tellement de monde, situation incontrôlable. Les barricades enflammées se multiplient. Pour autant, les gens sont à la fois en alerte et détendus, se promenant au milieu du bazard. Le ballet des camions de flics qui passent à toute vitesse pour semer la panique (par peur d’être pris pour cible ?) fonctionne de moins en moins, alors que les deux hélicoptères tournent en tous sens entre des colonnes de fumée. Il ne doit pas rester beaucoup de vitrines indemnes dans ce coin hyper friqué, quand les rues du centre se vident peu à peu, sur fond de sirènes omniprésentes dans toute la ville.

Le lendemain, les pouvoirs politiques et policiers essayent, via les médias aux ordres, de transmettre l’image d’une grève peu importante et d’un phénomène marginal de violence dans les rues de Barcelona. Le gouvernement espagnol refuse même de négocier avec les syndicats majoritaires, qui proclament à tout va que la lutte doit se poursuivre. Le gouvernement catalan ne parle, lui, que d’un problème d’ordre public, cherchant à durcir ses lois. Selon lui, la seule solution possible est de criminaliser la « délinquance minoritaire », et notamment la cinquantaine de détenu-e-s dont trois ont éte placé-e-s en détention préventive. Comme si ce qui constitue l’une des plus importantes journées de révolte populaire depuis la chute de la dictature fasciste n’avait pas pour origine l’injustice croissante du système et le rejet frontal des politiques. Les informations pullulent sur Internet, notamment via une agence de presse parallèle organisée avec les journaux, radios, et télés alternatives locales ou via Twitter.

Le printemps s’annonce chargé, puisque le 3 mai se rassemble la Banque Centrale Européenne à Barcelone. Le 12 mai se tient la manifestation unitaire du 15M, avec certainement des nouvelles occupations d’espace public sur tout le territoire espagnol. Et enfin, le 15 mai, une journée mondiale d’action internationale contre le système financier est appelée par une coordination d’activistes des 15M espagnol, de Ocupy Wall Street ou San Francisco, de participant-e-s aux révoltes de Tahrir, de secteurs en lutte d’Amérique du Sud, etc.

L’histoire n’est pas terminée. Nos vemos por las calles !

À Barcelone… ça ne fait que commencer.

(quand Starbucks rencontra Moby Dick)

Autres vidéos et photos sur Contrainfo

Addendum: En guise d’à-propos, l’admin de ce blogue qui retransmet, avec plaisir, ces infos désire exprimer sa grande « indignation » face aux robots bureaucrates de la CLASSÉ, surtout de sa « Division des communications », pour se foutre (démocratiquement!) des mouvements de luttes comme celui-ci, ainsi que des luttes bien plus stratégiques et en profondeur qu’une enième manif contre les stupides bureaux de Loto-Québec, telles que celles menées, ici-même, contre le Plan Nord ou bien le développement techno-scientifique, enjeux de loin plus cruciaux pour ce gouvernement corporatiste que la vente de billets de lotterie à la con. Leur censure (refus de couvrir, et donc de supporter) de tout ce qui semble leur paraître comme « trop radical » comme actions et soulèvements populaires, surtout en parallèle à leur léchage de cul des médias corporatistes (qu’ils devraient plutôt avoir comme cibles, car détenus par les mêmes riches exploiteurs qui couchent avec le gouvernement… mais non attendez, ils portent quand même le carré rouge sur leur logo!) est enrageante.

Bref, trop souvent, les (in)communications de la CLASSÉ puent le renfermé. Pas (ou une quantité insignifiante) d’efforts sont faits pour mettre cette grève en perspective avec les luttes parallèles ici et ailleurs dans le monde, contre l’austérité et l’invasion de la haute finance. On est pas loin de la rhétorique vide et préfabriquée des fédés… (peut-être y est-on?) juste légèrement plus épicée, saveur Radio-Canada/La Presse, prenant soin de pas trop brasser la cage, de pas trop aller au fond du problème. Typiquement démocratique, tout ça… à l’image de l’aliénation des masses, de la pensée unique, de l’auto-délation inconditionnelle et irréfléchie à Facebook.

Or j’appelle à tous les chères lecteurs-trices à donner à ces petits blancs-blecs de mâles privilégiés jouant aux révolutionnaires avec leur carré rouge, ces petits socio-démocrates et corpocrates en herbe, ces candidats d’un autre parti politique à la solde du FMI, la claque sur la gueule critique qu’ils méritent, pour leur tentatives de forcer le mouvement dans l’entonnoir politique de leur revendication unidimensionnelle, nationaliste et tout-compte-fait bien polie envers le pouvoir capitaliste. Faites-le durant leur congrès… les manifs… dans vos assos… ou en attaquant leur(s) page(s) Twitter/Facebook de merde… mais je vous incite, encourage, convie à le faire, de tout coeur.. Et ce n’est pas une critique contre le mouvement de grève, ni ses causes (que j’appuie) mais contre ceux qui se veulent être ses « chefs » et osent parler au nom des foules, dans leur langue de bois qui étouffe la diversité des tactiques et perspectives.

Ici comme en Espagne, les élites bureaucratiques du mouvement sont, avec la Police, l’élément le plus contre-révolutionnaire. Car quand on est plus de 200 000 jeunes dans les rues du centre-ville d’une métropole, et qu’ils nous amènent à rentrer chez nous après seulement quelques heures passées à nous tenir en laisse, c’est un acte servant l’ordre capitaliste avec une efficacité qu’aucune Police ne peut égaler. Ce qu’ils ne font pas avec les « paniers à salade », ils le feront avec des autobus jaunes, et le contrôle des foules, c’est dégeulasse et despotique, qu’il soit planifié dans un meeting d’asso comme dans un briefing de flics. Que la grève soit sociale, et la résistance mondiale!

Solidarité avec les grévistes de partout.

Pour l’arrêt définitif de ce monde, de sa civilisation, pour atteindre son Point de non-retour.

Argentine: les « Amis de la Terre » (F.A.I.) mettent le feu à la gentrification et sa société

Posted in Actions, Appel, Réflexions with tags , , , , , on 2012/02/05 by anabraxas

Nous ne sommes pas le « peuple », et on ne se sent pas en faire partie car pour ça, il faudrait qu’on soit satisfaits de tout ce bourrage de crâne fait d’obéissance et de consumérisme, d’avoir des désirs communs de passer son temps à travailler pour pouvoir s’acheter une voiture, se divertir avec la télévision et des vacances programmées, entre autres choses.

Mais nous n’acceptons pas « le peuple », ni ne prétendons sympathiser avec lui. Notre objectif immédiat est de rompre (avec) la paix sociale.

Nous voyons le quotidien comme étant le « peuple » chiant sur la tête de ceux et celles qui font de ce monde oppressif un monde libre, et nous, amoureux-euses de liberté, chions encore plus sur la tête de ceux qui travaillent dur pour que la société demeure en vie.

Pour chaque caméra que l’État installe dans la ville de Buenos Aires, c’est plusieurs mètres de liberté de plus qui sont perdus, alors que « le peuple » continue de gagner du bonheur dans l’obéissance au travail et la consommation de ce qui est produit.

Et parce qu’ils ne considèrent pas si la rémunération monétaire pour leur travail qu’ils font est juste ou non, ce qui supposerait qu’ils supportent une vie entière à accomplir une tâche qui ne fait que servir les intérêts et exploiteurs, nous attaquons la production, le commerce et les véhicules qui les transportent.

Nous revendiquons les attaques incendiaire sur des véhicules de luxe à Villa del Parque et à Caballito au mois de décembre 2011 et en Janvier, avec des dizaines de voitures et de camions brûlés dans les rues qui sont contrôlées par la bourgeoisie de ses détestables quartiers qu’on attaque.

Nous épousons la haine et la vengeance car ces gens nous ont rabaissé et abusé, et ils continuent de le faire. Et alors que nous l’avons déjà incorporé dans nos tripes, nous la lançons aux créateurs de cette réalité, du mieux qu’on le considère approprié.

They can see it in the streets and also by means of their cameras on the street corners, but they do not believe that it is going to be easy to get rid of the contagious presence of the lovers of freedom, they will have to use their best weapons and we are disposed to continue the offensive.

Même s’ils le voit dans les rues et aussi par l’entremise de leurs caméras sur les coisn de rue, mais ils ne croient pas que ce sera facile de se débarasser de la présence contagieuse des amoureux-euses de la liberté; ils devront faire usage de leurs meilleurs armes, et nous sommes disposés à continuer l’offensive malgré tout.

Amis de la terre / Fédération Anarchiste Informelle

Source: War on Society

Suresnes, France: Un camp d’endoctrination d’enfants passé au feu

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , on 2012/01/23 by anabraxas

Suresnes (Hauts-de-Seine) : les valeurs de la République partent en fumée!

Le 17 janvier 2012

Une école maternelle a été détruite par un incendie volontaire ce matin à Suresnes (Hauts-de-Seine). Vers 4 heures, un malfaiteur met le feu à un des bâtiments de l’établissement. Le sinistre est rapidement neutralisé par les pompiers. Dans la foulée, ceux-ci sont appelés sur un autre départ d’incendie à Puteaux mais il s’agit là d’une fausse alerte.

Pendant ce temps, l’incendiaire revient à l’école République, enflamme trois poubelles et en jette une sur une baie vitrée. Cette fois les dégâts sont considérables.

Au total, cinquante sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Selon la mairie, l’école maternelle ne rouvrira pas ses portes avant la rentrée de septembre prochain. D’ici là, les enfants seront accueillis dans un centre de loisirs près du Mont Valérien.

Écoles de l'État: aux sources de l'asservissement social


Luc Chatel scandalisé par les actes de vandalisme contre l’école maternelle République de Suresnes (académie de Versailles)

Communiqué de presse – Luc Chatel – 17/01/2012

Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, condamne avec la plus grande fermeté l’incendie d’origine criminelle qui a partiellement détruit l’école maternelle République de Suresnes (92). Le ministre est scandalisé par ces actes lamentables et d’une lâcheté accablante.

Le ministre tient à exprimer son émotion et son indignation face à ces actes inadmissibles. Il tient à rappeler que s’attaquer à une école revient à porter atteinte aux valeurs mêmes de la République. Aussi, attend-il de l’enquête judiciaire qu’elle fasse toute la lumière sur ces agissements qui méritent des sanctions exemplaires (…)

Source

For the spreading of action – solidarity with Luciano Tortuga

Posted in Appel, Reportages with tags , , , , , on 2011/09/21 by anabraxas

Sadly, on June 1, of 2011, a terrible accident stains a new date in the calendar with blood. That cold dawn comrade Luciano Pitronello, Turtle, (22 years) takes the terrible blast of the shockwave of a homemade bomb placed in a bank. The comrade Turtle advances wounded and in shock, while the security cameras record those crucial minutes. The fire devours his clothes while his steps are disoriented by the pain.

The press arrives at the spot almost immediately. Like the good mercenaries that they are, they point their cameras with morbid intention to hurt the feelings of Turtle and his dear ones.

This is the way that the comrade is filmed : wounded and naked, covered in gunpowder and screaming in pain. These images will be repeated continuously as the best advertisement of the misery that represents capital and its culture of arrogance…

From the FAI in Bolivia

Face-to-face with the ennemy

Power yearns to turn the life of our comrade Turtle into the example of punishment, to instill fear and stagnation into all the dissident sectors of the democratic theatre.

By punishing Turtle, they will try to punish all those who refuse to swallow the story of the social pact; there are already groups, anarchists, who are taking upon themselves an open offensive against capital state/, with its symbols and organizational forms, like also all the groups and individual students that in insurrectional ways are taking to the streets and leaving in them the sweat and the blood, after long days of confrontations with the police.

All of the context lived recently on that piece of land named Chile, constitutes one more of the scenarios of the social war like in various parts of the “globe”.

The overflowing of the “citizen protests ” of the uncontrollables, once again surpasses with deeds and words the desired social control and sense of normality that is installed through mass means.

It is in this same path of struggle and action, of persistence and courage, that Turtle took words and dreams, turning them into arms, attacking in spite of the possible consequences that we all know.

The State/Capital through its legal/mediatic/policial institutions is trying to establish its authority unquestioned. Public defamation, repression, jail and bullets will be some of the varied weapons that they will use with in the object of breaking the will and the actions of the irreducible ones that do not look for dialogue, because they are consumed in war against all authority.

In that sense fear, paralysis, passivity or silence concerning the situation that faces Luciano means to hand oneself over to the enemy. Our resignation against what happens with the comrade will give a victory to power and its control mechanisms.

The role of the journalists/police in the conflict.

The State, shamed by the lack of concrete results to give the people charged with the explosive attacks, is elaborating ridiculous theories, that they are trying to sustain with police stupidity, mass media and massive indifference.
Lamentably, Turtle’s accident grants them the perfect occasion to create an immense apparatus in the style of the old Roman circus to apply its laws.

In this process of public lynching not only police and judges have become jumbled, but the great mass media, who play a fundamental roll. Contributors, accomplices, collaborators and central place in the power relationships.

Not only do they work openly with the police, in addition they do not scrimp in efforts to publicly and morbidly exhibit the bodies of the comrades in the prisoners’ dock, exhibit their wounds or their dead bodies.

They exhibited our brother Mauri, showing his dead body, causing deep pain to his dear ones and comrades. They invented a supposed interview to false comrades of Mauri, eager only to discredit him and systematically attacked his surroundings of affection and commitment. They validated with infamous news articles, all the repressive game of the bomb case.

The insult that we have received from the journalists cannot be forgotten, it cannot be standardized and ingenuously believed that they are just the excesses of precise people. They have attacked, they have harmed our dignity and the privacy of our brothers and that humiliation must be returned, blow by blow, until they back down.

It is the work of the press, more and more committed in the direct fight against those who take up the offensive, that has generated gross stereotypes of those who fight. Their news articles instill paranoia and demonisation, generating concepts like “ vandals ”, “ soulless ” and “ violent ”, to mention a few.

September 19th solidarity against the main offices of Agrosuper food processor in Santiago (article in spanish) More interesting infos on Agrosuper corp

In these days they give a prize to the good citizen, decree the minute of fame, for the stupid idiot ones that collaborate with the control organisms, or assume reactionary positions as informers in the student mobilizations.

But the footmen journalists have not stopped there, they took a further step in persecuting, coarsely denouncing and defamating the comrades in incredible ways. They have arrived at the point from which journalists like Max Frick and F.A.V.P. appear as protected witnesses in the Bomb case.

Their testimonies, plagued with lies and personal revenge, are trying to condemn the comrades in one of the most media orchestrated cases of recent times. For their declarations these two idiots receive protection and money from the State… their lives get fat and comfortable, while our brothers undergo confinement.

Our answer: solidarity

It is against these facts and against the police attack, that we must make clear that revolutionary solidarity, internationalism and active memory are substantial and indissoluble elements in all the process of struggle.
To the comrades who are in the front firing line receiving the blows of the power, we, from this small written gesture, shout with all our lungs: solidarity, memory and action!!!

All those directly facing Capitalism are our brothers, and we shout tears for those no longer physically with us. We have not forgotten them, we are all with you and in all the possible ways, always present, eternally present.

This is the moment in which the slogan “nobody is alone in the social war”, must acquire a special practical meaning. It depends on us, certainly, and on our real will to realise the common effort of solidarity.

All actions are extremely valuable and urgent: letters, pamphlets, discussion, agitation, bombs and fire, are feeding the indomitable spirit of our comrades.

For that reason the call is to organize solidarity this September 22. We must make our brother and comrade feel by means of all type of gestures, that the fighters of all parts of the globe are sharing this hard trial with him. Because the fight for freedom is one, inside and outside. Forgetfulness and silence… are characteristic only of traitors.

Debate, spread, attack, not one step back in front of the enemy.

Fire and more fire for Capitalism, their defenders and their false critics.

A fraternal greeting and total support to comrade Luciano at this difficult moment and those that may come.
Rebel spirits: they are not satisfied with being affected by what happens to Luciano… from words to acts, the actions will make us brothers, no matters how dark the night appears.

Active solidarity, with the comrades in Chile, Greece, Switzerland, Mexico, the USA and all the accomplices of the revolt in each corner of the world.

Freedom to all political prisoners! Fire to the jail, flight to the rebels!

To the streets for the young people assassinated during the student protests: Manuel Gutierrez and Mario Parraguéz, we do not want bourgeois justice, we look for revolutionary execution …..

In memory of our dear comrade Claudia Lopez, young anarchist assassinated by the police on September 11, 1998 in area of La Pincoya.

Black September of 2011.

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Attaquer, c’est facile!

Posted in Appel, Réflexions with tags , , , , , , on 2011/07/14 by anabraxas

Extrait d’un texte écrit par des anarchistes de Barcelone sur les luttes en cours, traduit par La mitrailleuse diffusion…

 

Par Antisistema 25

Barcelona, Mai 2009

Partout dans les rues, le contrôle policier prolifère. Sous la présence de chaque flic se cache un secret : attaquer est à la portée de chacun-e. Partout où ils ne sont pas -et ne peuvent pas être -partout à la fois- il y a des banques, des bureaux d’agences immobilières, des condos, des concessionnaires automobile, de la pub, des sièges sociaux de compagnies aériennes, des centres d’achat, des caméras de surveillance, des distributrices de billets de métro, des murs vierges. À chaque resserrement des lois et de leur occupation de nos quartiers, ce qui est considéré comme une attaque devient plus accessible, plus simple et plus commun. Quand ils déclarent la guerre au graffitis dans le cadre de la lutte aux incivilités, il suffit alors d’une simple cannette de peinture pour combattre l’emprise de l’État sur nos rues. Quand ils tentent d’imposer un contrôle total sur l’espace public, chaque acte de désobéissance et de spontanéité peut devenir un acte de rébellion.

Se Préparer

L’État ne sera pas réduit en pièces grâce à des actes de rébellion. La visibilité de ceux-ci n’augmentera pas non plus graduellement. L’État impose une stabilité artificielle. Sous le poids du béton, les tensions grandissent, en secret, jusqu’à l’explosion imprévisible qui détruit cette stabilité. Ce ne sont pas de calmes vagues qui changeront l’histoire mais bien les ruptures violentes. Si nous les attendons – les vagues ou les ruptures – alors que l’État chaque jour s’arme pour une victoire finale, nous ne serons pas capable de faciliter et préparer le chemin pour cette rupture, et nous ne serons pas prêtEs lorsqu’elle arrivera.

Nous devons donc nous préparer. C’est important, mais le courage et la capacité d’agir le sont encore plus, et on ne les obtient pas en discutant et en préparant des propositions pendant des heures. On en arrive à devoir se rencontrer 3 semaines à l’avance pour préparer une action. Cependant la capacité, la facilité d’agir, seule l’action nous les donne. Le courage, on l’obtient

par la pratique, avec des amiEs qui ont eux aussi des craintes, mais que nous sommes déterminéEs à affronter ensemble.

On a besoin de groupes d’affinité bien assortis, ayant une capacité, une agilité pour l’attaque et pour répondre aux réalités sociales. Si la sécurité attaque un immigrant dans le métro,

la réponse devrait être immédiate : un sabotage, dès la nuit tombée, par un groupe d’affinité du quartier. Si nous travaillons à améliorer notre agilité, nous réussirons à répondre immédiatement à une rupture, et lors d’une rupture, les premières réactions d’une société donnent une bonne idée du caractère de ce qui va suivre. C’est-à-dire que la façon avec laquelle nous réagissons peut changer l’histoire. Si la planification de la contre-attaque nous prend une semaine, ce n’est plus une réponse, c’est un rituel. Même lorsqu’il n’y a pas rupture, même lorsqu’il semble y avoir peu de tension sociale, nos actions sont quand même valables. Nos attaques peuvent servir de référence, rendre visible le conflit et la dissension. Poser l’existence d’un conflit peut permettre de légitimiser d’autres réponses. Peu de gens seront de notre côté tant que le système semblera fonctionner normalement ; dès que la nécessité d’autres outils que ceux qui sont contrôlés et démocratiques se fera sentir dans la lutte contre l’indignité de ce système, certains se rappelleront vos actions.

Créer des liens

Les actions invisibles ne valent pas grand-chose, surtout si elles sont vues à travers les yeux des médias de masse. Nos actions sont pour nous, pour nos ennemis et pour la société. Elles ne servent pas à communiquer avec les médias ou à influencer les flux spectaculaires et leur monde fantomatique. Si nos attaques ne font pas les journaux, ON S’EN FOUT. Cela ne veut pas dire qu’en ignorant les médias ou une autre institution, ils disparaîtront. Il arrive même que nous puissions exploiter les contradictions entre différentes institutions. Par exemple, les médias peuvent nous servir ponctuellement contre la police. Mais ils ne doivent pas devenir le seul public de nos actions. Lorsque nous attaquons, nous ne le faisons pas pour eux. Mais si les gens du quartier ne savent pas que nous avons pris des risques pour attaquer le système – et chaque attaque contre le capitalisme devrait aussi être un acte d’amour – cela nous attriste. Il faut faire plus d’actions au grand jour, en gardant l’oeil ouvert pour repérer les patrouilles, des actions rapides de 30 secondes pendant lesquelles vous souriez aux passants sous votre masque avant de disparaitre dans la foule. Cela fait un événement d’un graffiti ou d’une vitre cassée, de petites ruptures dans la trame de la normalité dont les passants garderont la trace pour le reste de la journée, en parlant avec leurs collègues et leur famille.

La clandestinité des actions perpétrées sous le couvert de la nuit est nécessaire si nous souhaitons saboter, même pour un instant, les rouages de la machine. Nous ne devons jamais oublier qu’affronter seul l’état équivaut à un suicide. Sans la société, nous ne pouvons pas survivre, ni comme révolutionnaires ni même comme êtres humains sains. Nous devons participer aux luttes et aux mouvements sociaux, sans perdre notre identité ni collaborer avec les institutions. Nous devons manifester notre présence et établir des relations avec des gens qui ne font pas partie de nos cercles habituels. Nous ne devrions pas passer à côté d’une manif simplement parce qu’il y aura des drapeaux de partis politiques de merde. Nous devrions y participer en formant un bloc avec le drapeau noir ou le drapeau de l’action directe – un bâton sans drapeau – pour qu’ils voient que nous existons, qu’il y a d’autres possibilités que la collaboration avec le système.

Nous ne formons pas un bloc pour être étiquetés ; en fait nous devrions abandonner l’esthétique radicale exclusiviste (ce qui veux dire que nous devrions être ouverts à toutes sortes d’esthétiques) – parce les médias veulent nous différencier et nous isoler : voici les radicaux, ils sont différents, ils sont comme ça et cela n’a rien à voir avec toi. Nous formons un bloc pour protéger notre identité grâce à la force commune. Il n’existe personne qui n’a pas d’identité, et tu ne peux lutter sans tes propres raisons. Se cacher ou se déguiser et parler comme une «personne normale» revient à dire que la lutte ne l’est pas ­ c’est un mensonge de l’État. C’est aussi une insulte d’avant-gardiste de dire que personne ne peut comprendre ta position si elle est exprimée de façon honnête. Les gens sont capables de se faire leur propre idée.

Une présence culturelle et sociale est nécessaire, en plus d’une présence politique. Nous ne devons pas nous laisser cerner. Nous devons former des liens avec nos collègues de travail et nos voisins. Si on m’enlève durant la nuit et que les voisins ne s’aperçoivent pas de ma disparition, j’ai déjà perdu. Je suis déjà disparu. Nous construisons aussi notre intuition sociale en se mêlant à la vie des autres. C’est extrêmement important d’avoir une idée du niveau de tension sociale, de colère, de ce qui la provoque, et de quel type d’attaque sera le plus significatif pour les gens.

Prendre soin de nous-mêmes

Ce n’est pas l’impatience qui nous pousse à attaquer. Pour chaque action, nous devons nous demander si elle vaut la peine de se retrouver en prison, et si nous en serions fier-ères. Même avec la meilleure préparation et toutes les précautions possibles, nous devons reconnaître qu’il y aura toujours des gens qui se retrouveront en prison. L’État prendra toujours des otages en réponse à un mouvement offensif, même s’il ne peut identifier les responsables des actions. Il faut se toutefois se rappeler que même dans les murs des prisons, la vie et la lutte continuent. Lorsque nous aurons pleinement réalisé cela, alors nous serons vraiment forts. La prison c’est de la merde, mais la vie hors de ses murs est aussi de la merde. Même enfermés, il y a toujours moyen d’apprendre, d’élargir nos horizons, d’écrire et d’influencer des gens, de faire de l’art, de tomber amoureux, de nourrir des amitiés profondes, de prendre soin de ses camarades, de créer l’anarchie et de raviver la lutte contre l’autorité. Le support de l’extérieur facilite la lutte dans les prisons, tout comme il facilite la lutte dans les rues. Le support émotionnel est le plus important, car la lutte prend sa source dans les sentiments et les émotions. Nous luttons en puisant dans notre rage et notre espoir, non parce que nous avons atteint un certain niveau de revenu ou de malnutrition ou parce que le taux de chômage a augmenté au-delà du supportable. Il y a des gens qui, mourant de faim, ont obéi jusqu’à leur dernier souffle.

Nous ne luttons pas non plus parce que nous jouons notre rôle dans un processus historique défini – les prédictions marxistes matérialistes tendent à être aussi fantaisistes que celles des économistes. L’action ne peut pas être un geste de désespoir, parce que si le désespoir nous envahit alors que nous sommes mis-es en prison, ou quand un nouveau jour se lève sans que nous ayons vu le moindre changement visible malgré nos actions, alors nous ne tiendrons pas longtemps. Mais si nous parlons de ce que nous ressentons, si nous prenons soin de nos amis au lieu de les laisser se débrouiller avec leurs «problèmes personnels», nous allons détruire l’isolement qui est la trame du patriarcapitalisme. Nous générerons une force collective, et c’est ce qui nous portera pour continuer la lutte.

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En Grèce, le Soleil se lève encore… Parte 2

Posted in Réflexions with tags , , , , , , on 2011/07/11 by anabraxas

3- Chacun-e fait tout
Bien-sûr, nous sommes tous conscients-es des pièges qui se cachent parmi chaque collectif qui aspire à se proclamer antiauthoritaire; l’apparence d’une hégémonie informelle et la reproduction de la corruption dans les comportements, dont nous sommes les ennemis. Nous sentons, surtout, le pouvoir comme un instrument de division. Pour éliminer la possibilité de l’émergence de toute hiérarchie dans notre groupe, nous avons attaqué directement au coeur de la spécialisation et la formation de rôles aussitôt qu’ils faisaient surface. Nous nous sommes dit: “Chacun-e fait tout”. Tout le monde peut apprendre et élaborer des façons de voler des voitures et motos, fabriquer des plaques d’immatriculation, falsifier des cartes d’identité et documents officiels, exproprier de la marchandise et de l’argent, tirer à la cible, et utiliser des armes à feu et des explosifs.

Alors ça a été et continue d’être important pour nous que les moyens et les méthodes de nos actions soient simples, faciles à obtenir et préparer, car ça leur permet de se répandre et d’être réutilisées par quiconque décide d’emboîter le pas dans la nouvelle guérilla urbaine. Ceux-là incluent l’essence, les réservoirs à gaz de camping et les chandelles qui peuvent être obtenues au supermarché, mais aussi des mécanismes de compte à rebours improvisés que -avec l’imagination appropriée- n’importe qui est capable de fabriquer.

Nous n’allons certainement pas oublier que même si “chacun-e fait tout”, chaque personne a aussi ces propres abiletés distinctes et préférences personnelles, et qu’il serait une erreur d’ignorer ces différences. Avec le désir et la compréhension mutuelle comme guides, chacun de nous a entrepris de faire ce que nous le-la croyons capable de faire. Par exemple, si quelqu’un est bon conducteur ou un voleur adroit, ou peut-être ayant une bosse pour l’écriture, ça ne veut pas dire que leurs habiletés créatives seraient supprimées au nom d’une fausse homogénéité collective. Il en revenait à chaque camarade d’offrir leurs aptitudes et méthodologies aux autres sans ne faire le “sacrifice” de leur propre participation, et ce fut encore mieux lorsque ça arrivait dans un contexte plus large que celui, étroit, du collectif, facilitant l’accès par l’ensemble du courant antiautoritaire; notamment par la publication de guides pratiques comme ceux réalisés par nos camarades Allemands, qui démontrent diverses manières de contruire des engins explosifs.

Additionellement, nos actions n’ont jamais impliqué des rôles fixes. Sans se réduire à des rotations de tâches cycliques, qui rapellent les quarts de travail obligatoires, tous les camarades ont pris avantage d’une fondation commune qui a permis d’être capables d’exécuter n’importe quelle tâche à tout moment durant l’attaque. Le processus d’amélioration de nos abiletés à utiliser les matériaux et les techniques est naturellement un processus d’autoéducation continuel.

Dans cette ligne d’idées, nous voulons mettre l’emphase sur comment il est crucial de simultanément développer la capacité opérationelle d’un groupe tout comme sa perspective révolutionnaire. À aucun moment les capacités opérationelles stériles ne devraient s’intensifier sans une correspondante intensification de la pensée et du discours, et vice versa. Nous n’avons pas de comité central pour désigner des rôles. Il n’y avait que des tâches spécifiques s’inscrivant dans un plan spécifique; des positions qui ont changé selon les désirs seuls des camarades qui y ont pris part.

4- Guérillas pour la vie

Nous avons toujours senti que l’organisation n’a pas nécessairement à être exclusive qu’aux camarades qui y prennent part. Nos actions ne commencent ni ne finissent dans le contexte du groupe. Le groupe est un véhicule pour la révolution, pas une fin en soi. Car lorsque nos moyens deviennent leur propre raison d’être, des “maladies” commencent à surgir, telles l’avantgardisme, la fête armée et la Sainte Vérité exclusive.

À travers la Conspiration des Cellules de Feu, nous disons ce à quoi nous croyons, qui nous sommes, et quelle tendance chacun-e représente, mais en aucune manière nous disons que quelqu’un-e doit suivre précisément une quelconque ligne correcte ou de contribuer à notre goupe afin d’être reconnu-e comme camarade. Nous-mêmes avons pris part à des processus extérieurs à la Conspiration, comme joindre des réseaux d’actions coordonnées, assister à des assemblées, participer à des marches et manifs, supporter des attaques et actes de sabotage, coller des affiches et peindre des slogans. Mais nous n’avons jamais cru qu’une chose est supérieure à une autre. C’est pourquoi le polymorphisme de la guerre révolutionnaire consiste en un engagement ouvert et permanent qui n’a rien à voir avec le spectacle fétichiste (comme embrasser la lutte armée comme la seule chose qui compte) ou des fixations accusatoires (d’insister sur l’aspect quantitative de “masse” comme seul critère pour l’authenticité révolutionnaire). Au contraire nous prenons position contre le polymorphisme du commérage de café, des discours à l’université, des rôles de leadership, de leurs moutons, et de tous les fossiles conservateurs du dogmatisme et du ritualisme, qui agissent comme parasites au sein du milieu anarchiste, voulant seulement contrôler les jeunes camarades, les saboter, et les empêcher de créer leur propre sentier évolutionnaire autonome au sein du processus révolutionnaire.

Nous croyons que le concept de guérilla urbaine anarchiste n’est pas une identité spéciale qu’on assume seulement en s’engageant dans une attaque armée. Nous croyons que ça aussi à voir avec l’amalgame de la vie privée d’une personne avec sa vie publique dans le contexte d’une totale libération. Nous ne sommes pas anarchistes que lorsqu’on lance un Molotov à un fourgon de police anti-émeute, procède à des expropriations, ou pose des bombes. Nous sommes aussi anarchistes quand nous discutons avec nos amis-es, gardons un oeil sur nos camarades, avons du plaisir, et tombons en amour.

Nous ne sommes pas des soldats enrôlés dont le mandat est de faire la révolution. Nous sommes des guérillas de plaisir, qui voient la connection entre rébellion et la vie comme un prérequis pour passer à l’action. Nous ne croyons pas à une “ligne de parti” à suivre. Durant ces deux dernières années, par exemple, de nouveaux groupes de guerilla urbaine ont fréquemment posé le problème des bracages et expropriations dans la mécanique banquière comme une autre forme d’attaque contre le système. Leurs communiqués et déclarations de responsabilité sont de la puissante propagande pour le rejet du travail à travers les hold-ups et les vols dirigés au ventre de la Bête capitaliste -les banques- ayant comme but, d’une part, la libération individuelle du 8 heures (ou plus) par jour d’esclavage salarié, et d’une autre, l’appropriation collective et l’accès direct à l’argent servant à soutenir des besoins infrastructurels et les projets révolutionnaires, et non pour devenir riche.

Néanmoins, nous ne considérons pas l’expropriation de banques comme un prérequis pour la partiticipation de quelqu’un dans la nouvelle guerilla urbaine. Il y a une révolution, mais des milliers de façon par lesquelles quelqu’un-e peut recourir à des actions révolutionnaires. D’autres camarades peuvent choisir de mener des appropriations collectives dans les temples du consumérisme (supermarchés, centre d’achats, etc) afin de récupérer individuellement ce qui leur a été volé et user de ces biens pour subvenir aux besoins matériels de chaque personne, évitant alors d’avoir à dire “bonjour” à un patron à chaque matin ou de se soumettre au doigt et surtout à l’oeil d’un superviseur de merde. Et d’autres vont participer à des syndicats de la base, gardant ainsi leur esprit à l’affût pour une guerre qui abolira finalement chaque forme de travail enrichissant les patrons en appauvrissant et brisant notre dignité.

Nous sentons la même chose face au fait de volontairement “disparaître” dans l’ombre.
La fétichisation de l’illégalisme ne nous inspire pas. Nous voulons que tout le monde agisse selon leurs besoins et désirs. Chaque choix a naturellement ses propres qualités et vertus, autant que ses désavantages. C’est vrai que lorsqu’un groupe choisit de se replier dans l’ombre (de disparaître de l’entourage des amis, voisins et de sa famille, d’utiliser des faux papiers, etc), ça les protègera certainement des yeux de l’ennemi. Mais en même temps, leurs connections avec le milieu radical plus large se trouvent à être coupées, et jusqu’à un certain point ils perdent leur faculté à interagir.

Et on s’entend que la même chose ne s’applique pas lorsqu’on a des raisons objectives d’aller dans l’ombre -telles des mandats d’arrestation, ou un prix mis sur la tête de quelqu’un- où la clandestinité est un refuge d’attaque pour ceux et celles prises dans ligne de tir de la Loi. Cela crée un besoin parallèle pour l’existence d’une infrastructure de support, à la fois au sein des groupes de guérillas eux-mêmes comme auprès du milieu antiauthoritaire plus large, qui couvrera les traces des camarades recherchés, dont les prérequis sont une certaine complicité et la discrétion. Un concept qu’on a tendance à voir comme “passé date” mais qui selon nous devrait à nouveau être relancé comme une flèche dans la bataille.

Si les camarades d’une guérilla s’engagent régulière dans une interaction à découvert -comme participer dans des réunions et des processus du mouvement, prendre part à des débats, et créer des projets avec d’autres qui concernent des enjeux communs- or la nature hermétique du groupe de guérilla devra être protégée des oreilles trop intéressées et des grandes gueules. Or cette attitude générale doit aussi être une de discrétion afin de contourner les exhubérances pouvant nous tourner en aimants pour les chiens bâtards de l’anti-émeute et de la police. En tournant une page sur notre autocritique, nous devons assumer le fait que plusieurs d’entre nous se sont comporté complètement à l’inverse de cela, ce qui -avec l’aide d’un certain vice à l’intérieur du milieu anarchiste- a fait “conduire” des opérations policières droit en notre direction. Dans tous les cas l’auto-critique jette des bases solides sur lesquelles élaborer plus d’explications, mais ce texte-ci n’est pas approprié pour cela. Nous y reviendrons dans le futur.

à suivre… la dernière partie sera: “La première phase de la Conspiration…” et “L’épilogue reste à être écrit”

La guerre est ouverte dans la Valle di Susa, Italie

Posted in Actions, Appel, Reportages with tags , , , , , , , , on 2011/07/07 by anabraxas

C’est à la suite de l’attaque démesurée de 2500 policiers contre la petite commune autonome de Maddalena, située dans le Val Susa, une puissante riposte s’est mise en branle, réunissant des dizaines de milliers de résistants-es au projet du TAV (train à grande vitesse) Lyon-Torino. Voici une revue de cette  bataille, postée sur Jura Libertaire

3 juillet : le chantier du TGV Lyon-Turin pris d’assaut

En attendant les récits de témoins directs de la grande manifestation du 3 juillet 2011 en val de Suse, voici quelques premières infos qui apparaissent dans les médias italiens, qu’ils soient indépendants (comme Radio Onda Rossa et Radio Black Out) ou bourgeois (photos et vidéos sur le site du quotidien turinois La Stampa et des autres grands quotidiens nationaux).

Depuis des années, une très forte opposition populaire repousse le démarrage du chantier du TGV Lyon-Turin (TAV) côté italien. En 2005 déjà, le forage de la première galerie avait été stoppé par une mobilisation impressionnante et notamment par la célèbre « bataille de Venaus » (1.2). Aujourd’hui les travaux sont censés commencer à nouveau, de maniére imminente, sur le site de la Maddalena, qui a été occupé par un campement « NO TAV » pendant un mois, puis évacué par la police lundi 27 juin 2011.

Une semaine plus tard, dimanche 3 juillet, le mouvement avait appelé à une manifestation nationale et internationale pour « assiéger le chantier ». Mission accomplie. 60.000 à 70.000 personnes (6000 à 7000 selon la police) ont conflué en 3 cortèges, sous le ronron permanent des hélicoptères, jusqu’au terrain du campement de juin, ainsi réoccupé. Des centaines de personnes se sont ensuite attaquées aux clôtures du site du chantier, défendues par 900 policiers. Les autorités parlent de 800 « antagonistes radicaux » lié.e.s au mouvement des centres sociaux, et de 300 « étrangers, venus de France, d’Espagne, d’Allemagne et d’Autriche », aux méthodes qualifiées tantôt de « para-militaires », tantôt de « para-terroristes ». Les affrontements ont duré 6 heures, sur au moins trois « fronts », parfois raides et boisés. La clôture a été percée à plusieurs endroits mais la police est toujours parvenue à repousser les assaillant.e.s. Lance-pierres et gros pétards d’un côté, lacrymos et flashball de l’autre : en fin de journée la police annoncera près de 200 blessés dans ses rangs, et les NO TAV 233. Du côté des manifestant.e.s, on parle d’intoxications aux lacrymos, et surtout de grenades lacrymogènes tirées non pas en l’air ou vers le sol, mais à hauteur de visage comme de véritables projectiles. De nombreuses personnes ont ainsi été blessées au thorax, à l’épaule ou au bras, comme le correspondant italien d’Al-Jazeera, qui a été brièvement hospitalisé. 5 manifestant.e.s italien.ne.s ont été arrêté.e.s lors des contrôles de police qui filtraient les sentiers environnants en fin d’après-midi.

Du fait des affrontements, les travaux ont été interrompus. Mais le ministre du Transport, ancien membre du parti néo-fasciste MSI, a déclaré : « Ce n’est pas un groupe restreint (!) de violents et de délinquants, arrivés sur le chantier de la Maddalena depuis toute l’Italie et depuis l’étranger, qui fera changer d’avis le gouvernement, qui entend réaliser la ligne TGV dans le respect des accords et des engagements internationaux. Le Lyon-Turin est un projet qui génère développement, croissance et emploi, et qui est par conséquent prioritaire. » La carte de la division entre bon.ne.s et mauvais.es manifestant.es est évidemment jouée sans modération par tous les partis politiques, et est reprise à la une des grands quotidiens. Le président de la République, ancien membre du parti communiste italien, s’est lui-même fendu d’un communiqué où il affirme : « J’applaudis les forces de l’ordre et exprime ma solidarité envers elles, qui comptent un grand nombre de blessés. Tout le monde en Val de Suse, par des comportements clairs, doit se préoccuper d’isoler toujours plus les professionnels de la violence (et c’est pas une référence aux flics!). » Les journalistes sont sur le même registre, et nous donnent une nouvelle fois des exemples édifiants de ce qu’ils défendent comme étant leur « objectivité ». Ainsi, le scribouillard de la Repubblica, journal associé au centre-gauche, écrit que les « jeunes » qui se sont lancé.e.s à l’attaque des clôtures du chantier « se fichent probablement du TGV, ils cherchent seulement l’affrontement ». Bien sûr, le terme « black blocs » ressort à tout va.

Mais les journaux concèdent parfois ce que plusieurs témoins racontent : le retour en fin de journée dans les villages de ces « jeunes violents », applaudi.e.s par les habitant.e.s sur leur passage. Le principal syndicat italien « de classe et de combat », l’USB, fort de 250.000 adhérent.e.s, a déclaré son « soutien inconditionnel à la révolte populaire du Val de Suse ». Des leaders informels du mouvement NO TAV ont déclaré que « les black blocs sont au Parlement », que le siège avait réussi et que la journée avait été une victoire. « Ils savent maintenant que ça va continuer comme ça, qu’ils subiront d’autres actions, moins grosses mais continuelles. » Tandis que croîtront à la fois la mobilisation, à la fois les coûts du projet, « ils ne tiendront pas la pression ». « Le TGV ne se fera jamais. »

"Le Val de Suse exige le respect. Non au TGV... Non à la mafia"

Plus d’infos:

http://www.notav.eu/

Voir Révolte populaire au Val de Susa, pour un compte-rendu de la dernière semaine de lutte.