Archive pour Torino

Une maison est faite pour être prise, un loyer pour pas être payé!

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2013/02/09 by anabraxas

Publié sur Squat.net, traduit de textes sur Macerie

Turin: Mise en échec des expulsions/sfratti de janvier

En décembre 2012, une brochure est sortie au sujet de la lutte contre les sfratti à Turin.

Les sfratti, c’est quoi ?
Sfratto (sfratti au pluriel): c’est une expulsion de logement, suite à un impayé de loyer ou de prêt.

En gros, cette brochure est une compilation de textes parmi lesquels se trouvent aussi bien des récits subjectifs (permettant de comprendre les pratiques de lutte qui ont cours depuis deux ans à Turin) que des réflexions plus théoriques notamment sur les perspectives de ces luttes.

La brochure en question, téléchargeable en PDF et lisible sur l’écran, se trouve sur infokiosques.net.


Le 19 janvier dernier, une manifestation a eu lieu dans les rues de Turin, contre les sfratti. Le texte ci-dessous, traduit de l’italien, publié initialement sur Macerie, revient sur cette journée.

Basta sfratti!

Samedi après-midi, un cortège de 300 personnes a traversé Barrierra di Milano, Aurora, Borgo dora et Porta Palazzo pour manifester contre les sfratti. Deux poubelles en tête, symbole des barricades qui défendent les piquets contre la police, et une grande banderole avec un message clair: «basta sfratti». Un slogan qui, pour la manifestation, est plus un état de fait qu’une revendication. Derrière une camionnette à 3 roues, un cortège coloré et joyeux, composé d’occupants de maisons, sfrattandi qui résistent, compagnons, solidaires, et personnes ayant rejoint le cortège durant le parcours. Entre les tracts en italien et en arabe, les interventions au micro et les slogans comme «sfratto après sfratto, la rage augmente, la maison se prend, le loyer ne se paye pas», «propriétaires de maison et patrons de l’énergie, les pauvres énervés vous dégageront», «serruriers et huissiers: larbins des banques, des flics et des propriétaires!», «pour chaque sfratto une barricade, pour chaque expulsion une maison occupée», la manifestation a communiqué les raisons de la résistance aux sfratti, sa force, et désigné ses ennemis. A la fin de la manif’ beaucoup de satisfaction et la certitude que la lutte contre les sfratti est encore un peu plus forte. Et entre sourires, enlacements, blagues et bisous, on entendait dire qu’il fallait se reposer quelques jours en vue du réveil à l’aube de mardi prochain, être prêts à prendre un café à emporter en écoutant Radio Blackout pour savoir à quel piquet aller.

Pour celles et ceux qui comprennent l’italien, voici du son pris pendant la manif: [ 1 | 2 | 3 ]


Comme chaque mois à Turin, une vague d’expulsions était annoncée par la préfecture. Le texte suivant, publié en italien sur Macerie le 22 janvier, revient sur cette journée de lutte.

Sfratti zéro !

Mardi 22 janvier: au moins 12 sfratti le même jour, neuf piquets avec barricades, neuf reports conquis par la lutte. Premier «3e mardi du mois» de l’année (même si aujourd’hui c’était le quatrième, ça change peu) où la stratégie de la préfecture de concentrer les sfratti à la même date semble plutôt accumuler… les reports. Une belle et vraie saga de la barricade diffuse dans la ville, avec des barrages de poubelles de San Donato à Borgo Vittoria (via Bongiovanni), d’Aurora (via Gerdil) à Barriera (via Palestine, via Palestrina, via Feletto, via Elvo, via Soana et via Sesia) jusqu’au Municipio (piazza Palazzo di Cita). A aucun de ces endroits, la police n’intervient. Dans la plupart des cas, elle ne se fait même pas voir. Partout des reports de 1 à 5 mois – tous comme vous l’imaginez renvoyés à un 3e mardi du mois – et l’on raconte qu’à Barriera, dans au moins deux sfratti où il n’y avait même pas de piquets, la police a accompagné l’huissier jusqu’au portail pour… concéder un report.

Il semble que l’ordre de la préf’ soit seulement : «ne pas expulser, je répète, ne pas expulser». Certainement pas pour les aspirations démocratiques d’un président de circonscription hystérique qui souhaiterait voir agir la préf’ d’une main de fer dans un gant de velours. La préf’ concède des reports non par charité mais par peur ; mais ce n’est pas de la peur d’une minorité «d’anarcho-insurrectionalistes turinois» ou de leurs compagnons d’autres villes qu’il s’agit, mais de celle d’une «violence latente» que les chefs réunis au sommet pour parler de sécurité prennent évidemment en compte ; cette peur qu’à la première occasion propice explose la rage sociale enfouie sous des décennies de coups assénés par les puissants, avec rigueur et austérité, sur la tête des exploités.

Ça semble donc être une question de rapport de force, mais pas de banale force musculaire. Des moyens et des hommes, la préf’ en a à revendre, et aujourd’hui aux piquets antisfratto on a vu rouler plusieurs blindés chargés de CRS. Ils auraient pu au moins essayer d’exécuter les sfratti sans piquets comme ils ont pu le faire dans le passé mais là aussi ils ont choisi de ne pas attaquer. Ils ont préféré concéder des reports à tous, en faisant bien attention de les programmer un nouveau «troisième mardi du mois».

Et pendant qu’on reprend son souffle en se préparant aux prochains piquets et aux prochaines grandes journées de lutte, il y a peut-être le temps de se poser quelques questions. Comment le prennent les propriétaires, vu que leurs «syndicats» semblent se taire mais travaillent certainement dans l’ombre ? Et que fera la préf’, car elle ne peut pas continuer à concéder des reports les uns après les autres ?
Ils étudient probablement le terrain, attendant que les premières chaleurs du printemps libèrent des places dans les foyers, vu que par le passé ils avaient déjà offert cette solution à ceux qui avaient été expulsés.
Peut-être attendent-ils que commencent les attributions d’HLM, et espèrent glaner une allocation en raclant les fonds publics dans le rouge, naturellement. Juste pour avoir une aumône à offrir lorsque sera venu le moment d’utiliser véritablement les matraques. Mais pour le moment la résistance aux sfratti s’offre une autre petite victoire, et peut gaiement réaffirmer que pour les propriétaires à Turin – au moins dans quelques quartiers – il est devenu difficile d’expulser.


Enfin, le 25 janvier 2013, le communiqué ci-dessous est publié en italien sur Macerie.

Paroles aux murs

«Feu au banques», «entre par-là, exploiteur», «les banques expulsent», «si Monti nous coupe les vivres, nous les reprendrons», «volons les patrons».

25 janvier. Dans la nuit, une trentaine de personnes cagoulées ont parcouru quelques rues de Barriera di Milano. Le petit cortège laisse derrière lui beaucoup de tags contre les banques, les propriétaires, l’Etat et les flics. Au moins deux agences bancaires (…) ont vu leurs caméras de vidéosurveillance et leurs DAB endommagés, et le futur commissariat de via Banfo s’est vu recouvert de tags.

A house is to be taken, a rent not to be paid!

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , on 2013/02/07 by anabraxas

On the ongoing rise of the (new) squatter movement in Torino, Italy

Translated from Squat.net

Torino: evictions/sfratti defeated last January

In December 2012, a zine was released on the subject of the struggle against the sfratti in Torino.

Lutte contre les sfratti à Turin (English translation in the works).

At large, this booklet was a compilation of texts, consisting as much subjective stories (allowing to understand the practices put at play) than more theorical reflexions on the perspectives of this ongoing struggle.

What is a sfratti?

A sfratto (sfratti in the plural form) is the legal eviction from an apartment, following an unpaid rent or lease.

This last January 19th, a demonstration took place in the streets of Torino, against the sfratti. The following text, translated from italian, initially published on the Macerie web site, reviews this day of action.

Basta sfratti!

Saturday afternoon, a procession of 300 persons has crossed Barriera di Milano, Aurora, Borgo Dora and Porta Palazzo for protesting against the sfratti. Fronted by two dumpsters, a symbol of the barricades that defend the pickets against the cops, and a large banner with the clear message: “basta sfratti”. A slogan that, for this demo, is more a statement of fact than an actual demand.

Behind a 3-wheeler truck, a merry and colorful march, composed of occupiers of houses, resisting sfrattandi, comrades, supporters, and some persons who joined the march along the way. Between flyers in italian and arab, the speeches on microphones and the slogans, such as “sfratto after sfratto, rage is rising, the house is to be taken, the rent not to be paid”, “house landlords and bosses of the energy industry, the irritated poor will kick you out”, “locksmiths and bailiffs: stooges of the banks, cops and landlords!”, “for every sfratto a barricade, for every eviction an occupied house”, the demonstration has aptly communicate the reasons behind the resistance to the sfratti, its strength, as well as designating its enemies.

The protest ended with a vast amout of satisfaction and the certainty that the struggle against the sfratti has yet again grown stronger than before. And between smiles, hugs, jokes and kisses, we heard saying that we had to take some rest for a few days onward to waking up at dawn, next Tuesday, be ready and carry some coffee while listening to Radio Blackout to know at which picket to go!

For those familiar with the italian language, here’s some audio taken during the protest:

http://www.autistici.org/macerie/wp-content/uploads/rbo_19012013_1600_claudia.mp3

http://www.autistici.org/macerie/wp-content/uploads/rbo_19012013_1700_mohammed_e_medi.mp3

http://www.autistici.org/macerie/wp-content/uploads/rbo_19012013_1800_nico.mp3

Tuesday January 22nd

At least 12 sfratti in the same day, nine pickets with barricades, nine postponements conquered through struggle.

First “3rd Tuesday of the year” (even if today was the fourth, that doesn’t change much) where the strategy of the  to concentrate the sfratti on a same date seems to actually be accumulating… postponements. But a beautiful and authentic saga of barricades spreading through the city, with blockades of dumpsters from San Donato to Borgo Vittoria (via BOngiovanni), from Aurora to Barriera (via Palestine, via Palestrina, via Feletto, via Elvo, via Soana and via Sesia) all the way to the Municipio (Piazza Palazzo di Cita). In none of these places, the police intervenes. In most cases, they even are nowhere to be seen. Everywhere, postponements from one to five months -all, as you may guess, postponed to a third Tuesday of the month- and we heard that in Barriera, in at least two sfratto where there weren’t even pickets, the police escorted the bailiff to the gate of the building only to… give the notice of postponement.
It seems so that the order of the prefecture was only: “do not evict, I repeat, do not evict”. Certainly not for the democratic ambitions of an hysterical president of circonscription who wishes to see the prefecture act with an iron hand in white gloves. The prefecture concedes the postponements not out of charity but fear. But it may not be the fear of a minority of “anarcho-insurrectionals” or their comrades, but rather that of a “latent violence” that the leaders reunited at a summit on security will obviously take into account; this fear that the first opportunity may explode a social rage that’s been burrowed under decades of blows dealt by the mighty, with rigor and austerity, upon the heads of the exploited. So it seems to be a question of balance of power, but not really of mere muscular strenght. Means and men, the prefecture has a lot to spare, and today at the antisfratto pickets we’ve seen several armored vehicles packed with carabinieri. They could at least have tried to execute the sfratti left undefended by pickets as they have do over the past, but now they had chose to simply not attack. They have prefered distributing the postponement notices to everybody, by taking the precaution to schedule them to a new “3rd Tuesday of the month”.

And now that we’re recovering our breath as we already are preparing towars the next pickets and the upcoming great days of struggle, there may be some time left to ask some questions to ourselves. How are the landlords reacting to this, since their “unions” are staying silent, although most probably working in the shadows? And what will the prefecture do, since it cannot keep on postponing so many sfratti one after the other? They probably are making study the field, waiting that the first hot days of the spring, frees up some places in the homeless shelters, since over the past they’ve offered this solution to some to those who were evicted.

Maybe are they waiting for new social housing to be attributed, and hoping to gather a few pennies to invest out of the already negatively-balanced public funds. Just to have a charity basket to pass around as the cop batons are really gonna fall down on people’s heads.

But for the moment, resistance to the sfratti has gained yet another small victory, and can merrily reassert that for the landlords in Torino -or at least in some neighborhoods- it has now become difficult to evict people.
Making the walls speak
Communique for an attack

January 25th

In the night, about thirty hooded people have strolled through a few streets of Barriera di Milano. The small crowd has let behind several tags against the banks, the landlords, the State and their cops. At least two bank branches (…) have seen their CCTV cameras and their ATMs smashed, and the future police station of via banfo has been covered with tags.

To be continued…

Original texts posted on Macerie

« Fire to the banks », « Enter here, exploiters », « the banks evict people », « If Monti is cutting our rations, we’ll take them back », « Steal the bosses »