Archive pour segregation

Effondrements

Posted in Appel, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , on 2013/11/22 by anabraxas

Retransmis de Cette Semaine

Italie: un point sur la machine à expulser, la destruction des centres de rétention et leur restucturation possible

Il y a deux semaines a été détruit le centre de Gradisca. C’est le septième à fermer en Italie. Cela peut sembler évident mais il est préférable de le préciser avant que quelques politiciens plus ou moins sinistres* ne pensent à s’attribuer le mérite de ce qu’ils n’ont pas fait : ces centres ont été formellement fermés parce qu’un fonctionnaire ministériel en a ordonné l’évacuation, mais factuellement ils ont été détruits par le feu des révoltes des retenus. Sept centres sur treize sont fermés, et on ne peut pas dire que ceux qui restent se portent à merveille.

Lampedusa, 17 Février 2009

Considérant la vitesse à laquelle ils tombent en morceaux, on pourrait affirmer que la machine à expulser est proche de l’écroulement En voulant être sincères, si l’on doit parler d’écroulement, il y aurait besoin de dire quelque chose aussi de l’écroulement qui semble avoir touché les divers mouvements qui, ces dernières années, ont soutenu les luttes des retenus. Alors que l’on est dans un des moments les plus forts et les plus incisifs en terme de lutte à l’intérieur, à l’extérieur rien ne bouge. Il serait important de tenter quelques raisonnement propositifs, mais nous laissons ces pensées temporairement de côté.

* (jeu de mot avec sinistra (gôche), NdT)

La machine à expulser est clairement en crise, et il n’y a pas besoin d’être spécialiste en philosophie politique pour comprendre que derrière chaque soit-disant crise se cache la possibilité d’une restructuration. Il pourrait sembler qu’au ministère de l’intérieur on se tourne les pouces mais il est quasiment certain qu’ils pensent et préparent quelque chose. Les nouvelles officielles à ce propos sont peu nombreuses, mais nous savons par exemple que les centres de Modène et de Bologne pourraient rouvrir l’année prochaine. En plus, il y a toujours en jeu la construction de deux nouveaux centre à Santa Maria Capua Vetere (Casert) et à Palazzo San Gervasio (Potenza). Ouverts en toute hâte il y a deux ans et demi durant le plan « urgence Afrique du Nord » et restés en fonction seulement quelques mois, ils devaient rouvrir avant la fin de l’année, mais depuis que le gouvernement a lancé les appels d’offre et la collecte de fonds pour la restructuration on n’en a plus entendu parler.

Comme chaque restructuration qui se respecte, celle des CIE n’est pas seulement une question de contrats pour savoir qui construira les murs, les grillages et les barreaux. Chaque dispositif répressif a aussi besoin d’idées et de théories sur lesquelles se baser et se renouveler et sur ce front les choses sont en train de bouger.

En mars 2013 a été publiée une proposition de réforme des CIE écrite par Connecting People et la Fondation Xenagos. Fatigués de recevoir de continuelles « attaques sur plusieurs fronts, les qualifiant notamment de tortionnaires redoutables » Maurino et cie ont mis noir sur blanc leur idées pour une « réforme copernicienne » de la machine à expulser. Parmi les propositions les plus inquiétantes il y a celle d’obliger les retenus à travailler, une nouvelle qui transformerait les CIE en réels camps de travail, au profit de ceux qui les gèrent. De son côté, après une campagne désormais décennale, la Croix Rouge est obligée d’abandonner pour l’instant les jeux de mots autour de sa prétendue impartialité et à finalement découvrir la différence entre les concepts d’ « accueil » et d’ « expulsion ».

Il y a six mois a aussi été publié un document programmatique sur les CIE, un long travail d’analyse sur la condition des centres rédigé par une commission de bureaucrates du ministère de l’intérieur. Obsédés par la rationalisation de la machine à expulser, jugée coûteuse et inefficace mais surtout mise à rude épreuve par les « épisodes, actuels ou potentiels d’insurrection ou de dégradations graves », les fonctionnaires ont mis au point des propositions. Pour garder sous contrôle une situation leur ayant déjà échappé des mains trop souvent, le ministère étudie « la création d’un corps de professionnels, à qui confier la gestion des activités impliquant un contact direct avec les hôtes du centre ». Des équipes de para-matons privés. Pour le comprendre il suffit de lire comment le ministère s’imagine ce nouveau corps : « opérateurs spécialisés, préparés à l’aide de formations spécifiques et d’entraînements, organisés avec la contribution de l’administration pénitentiaire, qui seront aux côtés des forces de l’ordre ».

111 morts. Les suspects? La société de contrôle et son fiancé, le racisme.

Dans le projet des bureaucrates l’intégration de la machine à expulser à l’intérieur du circuit carcéral ne se limiterait pas seulement à l’entraînement de gardiens, mais inclurait également « la création d’une structure mixte (à l’intérieur des prisons), composée par du personnel de l’administration pénitentiaire et de la police d’état » afin d’identifier les détenus sans-papiers. Un projet qui est aussi soutenu, depuis quelques temps, par des partisans de la fermeture des centres. L’une d’entre eux est Serena Pellegrino, écologiste et libérale de gauche qui, dans la foulé des révoltes de Gradisca a demandé des modifications législatives qui permettront « l’identification des très nombreux détenus sans-papiers, durant la période d’incarcération ».

En attendant de savoir ce qui adviendra dans les prochaines semaines à l’intérieur, hors et autour des CIE voyons où en sont les six restés ouverts.

Milan. Restructuré il y a moins de trois mois, après une série de travaux qui auraient dû améliorer les niveaux de sécurité et empêcher les révoltes, le centre est de nouveau pratiquement détruit et il n’y reste que vingt-huit places. Après la dernière révolte et en vue du renouvellement de l’appel d’offre de gestion, la croix rouge a décidé de pleurer misère et de hausser le ton : évidemment la gestion d’un CIE est devenue une affaire toujours moins intéressante en terme d’image et de rentabilité.

Turin. Le centre est à moitié détruit : une section entière est fermée, les cinq autres sont toutes plus ou moins sérieusement endommagées et il ne reste donc dans la structure que 98 places. Les dégradations les plus conséquentes datent de juillet dernier, lorsque a été détruite et incendiée la section blanche, fraîchement pensée et restructurée comme section anti-émeutes. Comme à Milan, à Turin aussi la gestion est depuis longtemps confiée à la croix rouge et l’appel d’offre tombera au printemps prochain.

Rome. On n’a plus de nouvelles du centre de Rome depuis la grande révolte de février dernier, quand le feu détruisit une grande partie du centre et des grilles d’enceinte les rendant pratiquement inutilisables pour plusieurs jours. L’absence de nouvelles est un signe évident que la gestion par la coopérative Auxillium porte ses fruits en réduisant au silence à grand renfort de sédatif les protestations des retenus. Une gestion plébiscitée un peu partout : parmi ceux qui estiment la coopérative nous trouvons beaucoup de fonctionnaires du ministère, même ceux qui sont connus comme fabulateurs de gauche.

Bari. Les dernières protestations significatives remontent à deux ans, mais l’oeuvre de destruction du centre par les retenus a sûrement continué sans relâche bien que l’on n’ait pas de nouvelles. Le CIE est à moitié détruit et un groupe d’avocats a lancé une class action pour contraindre le préfet à acter qu’il ne reste que 112 place dans le centre. Depuis six mois la gestion du centre est confiée à Connecting People, les collègues de ceux qui géraient jusqu’à il y a deux semaines, le centre de Gradisca.

Caltanissetta. Après un été bouillant de révoltes et d’évasions, un des trois pavillons du centre a été définitivement fermé en septembre. Il n’y reste donc plus que 70 places. Depuis octobre la gestion a été confiée à la coopérative Auxillium, la même qui gère le centre de Rome. Malgré les compliments récents de l’évêque monseigneur Russotto et d’un groupe de parlementaires grillini (adeptes de Bepe Grillo, mouvement 5 étoiles, NdT) il est suffisamment évident que les nouveaux gestionnaires n’ont pas la situation sous contrôle : il y a eu au moins trois tentatives d’évasion accompagnées d’affrontements avec la police le mois dernier.

Trapani Milo. Immergé dans la campagne trapannaise, éloigné des centres résidentiels, il est renommé pour être le CIE des évasions. Même si la police a tout essayé, allant même jusqu’à couper les lacets de chaussures aux retenus, la moitié des retenus qui passent par là arrivent à s’en échapper. Dans la tentative de mettre fin à cette situation le ministère a récemment débloqué plus de 600 000 euros pour sécuriser le centre et le préfet a révoqué la gestion à la coopérative Oasi, lançant un nouvel appel d’offre. Pourtant, en masse comme en petit groupe, on continue toujours à s’enfuir du centre de Trapani.

Traduit de l’italien par sanspapiersnifrontieres de macerie @ Novembre 20, 2013

And here’s some riot porn…

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , on 2011/08/09 by anabraxas

At the heat of the moment, I wanted to share over a dozen bone-chilling  XXX hardcore riot porn videos with you, faithful readers -all thanks to a demented anthropologist from Paris/St-Denis- since I can no longer hide my twisted addiction to violence, in this desert world of horrid peace and revolting interpersonal void…

Gigantic fires, flash riots attacking violent cops, pillage, threat of all-out martial law and military intervention… all this in the city that was previously known to be the CCTV Fortress of Police State capitalism, London. All the pieces are falling in the right place on the board, but since we’re all pawns in the game, who can predict the outcome?

Comprehensive article from the liberal press on the events.

But please remember, that the spectacle stays a spectacle unless you become one of its actors, as you could notice in last week’s popular article Riot in Hollywood.

From Occupiedlondon, 3 days into the riots:

Eyes Wide Open in London

Smiling faces, some beneath scarves and balaclavas. This is Hackney, London. Or this was Hackney last night. It is somewhere else tonight and somewhere else again in just a couple of hours. The smiles are because the streets have been taken and nobody is afraid of the police anymore.

Some people say the burning of a police car is not political, that the looting of a shop is egotistical and thuggish, that the smashing of windows is irresponsible. For those who say this is not political they have been living in this city with their eyes shut, not seeing the massive and increasing inequality and social and economic repression. Policy. Housing policy. Urban policy. Welfare policy. Financial policy. With what results – not only are people living in shit housing, with shit jobs, getting shit from police on a daily basis – most can only look forward to more shit as the cut backs and financial crisis hit the bottom hardest.

There are also those who say it is not political because the targets are all wrong – local shops and some housing are unfortunately also amongst the victims. They also say it is not political because the looting is for the black market rather than food and necessities, or because people are stealing bikes and cameras off of spectators but this is not a neatly organised riot as some would have it. This is a reaction, a revolt, a bursting of a bubble of angst, repression, lack of options and possibility and pure boredom and depression. And once that bubble is burst everything is a potential target for revenge for a police murder, but also entertainment, gaining possessions and regaining power over ones existence for a moment, and over the whole city for some days.

Like all street action, each person involved will have their own expression meaning there are constantly ongoing political discussions and arguments between people on the streets on the causes and the actions to be taken. To say these people are not political, to say the people involved are all thugs and not political is a lie. How can the discussion and action on ongoing harassment and police murder not be political? How can discussion about how to react to the problems in the community, the government cuts to education and youth activities, the lack of employment, the lack of even the smallest level of self-determination not be political? How can this many young people all of a sudden be understood only as common thugs and criminals?

In a comment in one newspaper, a newcomer to Hackney complained that while he used to feel safe in the neighborhood, knowing that all the social issues and shootings were internal to the gangs, he was now terrified to leave his house. This is telling of how segregated even the most diverse neighbourhoods are and how problems in communities can be so easily ignored as long as the victims are young and black. In these days the victims are not the young and black.

Apart from fear, how are the rest of the people reacting? Some are furious, furious about the destruction of neighborhoods that have it hard enough, some are organised and defend their neighborhood like the Turkish community in Stoke Newington as the chased a group of rioters away from the area, and some are organising vigils and discussions on the streets to find a different reaction to the killing of Mark Duggan.

Day three, and sirens are still continuously blaring through the streets. All workers in central London were warned by the police to leave work early and go home to avoid the expected evening riots. A COBRA meeting has been held (cabinet office briefing room A) after the Prime Minister was convinced he had to cut his Tuscany holiday short and fly back to London. Rubber bullets have been mentioned, and more police seems to be the only remedy they want to stuff down our throats for a social disease that only became deadly when the police killed a man.

Occupied London collective 09.08.2011