Archive pour grève étudiante

Un coup du passé récent: Retour sur 2012

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2015/04/21 by anabraxas

Notre traduction de « A Blast From The Recent Past », une entrevue avec un gréviste anarchiste sur son expérience et sa perception de la grève étudiante de 2012 au Québec, publiée dans le récent numéro de Fire to the Prisons (« Feu aux prisons »). On trouve que l’interview fait un bon retour critique d’ensemble en amenant une perspective historique plus large de la grève éudiante par ici (du moins depuis les derniers 10 ans… ’96 commence à être déjà une autre époque). À la lumière de la tournure plutôt dramatique des événements récents dans le milieu étudiant, on a cru bond de rafraîchir la mémoire de certain-es et éduquer d’autres sur le passé de cette lutte, surtout sur toutes les bonnes réalisations laissées derrière sur le chemin tortueux de la révolte, pouvant être reprises comme tous ces trucs cools et parfaitement réutilisables qu’on trouve souvent sur le bord des routes d’UNE SOCIÉTÉ DE MERDE QUI VEUT SIMPLEMENT PAS S’ARRÊTER… même avec des votes de grève. Surtout pas avec des votes de grève.

(D’autres textes de l’intérieur du Printemps 2015 seront retransmis ici prochainement. Vous êtes aussi invité-es à nous filer vos propres textes si vous avez des réflexions, sentiments, critiques, questionnements à communiquer.)

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En février 2012, lorsque le mouvement Occupy s’atténuait, une grève a éclaté contre les mesures d’austérité dans le système d’enseignement supérieur au Québec. Se voyant mpêché d’occuper des immeubles comme il a fait en 2005, le mouvement étudiant a développé une stratégie d’interruption économique: bloquer les entreprises, interrompre des conférences et des événements touristiques, et propager le chaos dans les rues. À son sommet, il a entraîné un désordre surpassant tout mouvement en Amérique du Nord depuis une génération. Ce qui suit est un interview avec Steve Duhamel, alias « Waldo », un ex-étudiant et Québecois frustré.

Feu aux prisons : Qu’est-ce que c’était le contexte pour les soulèvements, mobilisations et émeutes massives qui ont éclaté à Montréal en 2012 ? Qu’est-ce qui a eu lieu avant ces événements et les a propulsés?
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Pour une reprise des hostilités

Posted in Appel, Réflexions with tags , , , , , , on 2015/03/10 by anabraxas

Faire grève

Texte publié il y a trois ans sur un blog défunt, avant le début de la grève étudiante de 2012.

Il y a de ces phrases qui reviennent, toujours, à des moments précis, sans qu’on sache très bien d’où elles nous viennent à la bouche. On nous les ramène dans chaque mouvement social, et déjà on entend leur rengaine parmi les bruits de la grève qui s’en vient. Avec l’efficacité de flashes publicitaires, ces formules aux airs de slogans ne font que suspendre, chaque fois, la question à laquelle elles ne peuvent répondre. Ce qu’on entend derrière tous ces énoncés, ceux qui sortent tantôt de la bouche d’un collègue, tantôt du discours d’une matante, ceux qu’on entend dans les manifs comme dans les déclarations de la police, qu’on lit dans la Presse ou dans les journaux militants, c’est le même cynisme incrédule; c’est la même crise de sens qui traverse tous les êtres de notre époque, étudiants, employés, profs, recteurs aussi bien que drop-outs.

Toutes ces phrases toutes faites, qui est-ce qui y croit vraiment? Qu’on se le dise franchement: ces beaux alibis n’attestent rien d’autre que de notre absence à la situation.

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Grève étudiante: le spectacle a frappé!

Posted in Appel, Réflexions with tags , , , , , , , , , , on 2012/09/01 by anabraxas

(ou « Deux Ex Machina du théâtre électoral »)

À tous les grévistes qui se sont laissé subjuguer par le politique, et pour les autres aussi…

 

Le spectacle a frappé,

Du fouet de sa domination sur nos cerveaux.

 

Une fois les vacances terminées,

Les grévistes ont décidé en grand nombre de replonger dans la société,

Votant une trève électorale,

Pour voter la paix sociale.

 

Notre capitulation face au Pouvoir de l’État,

Elle sera signée quelque part sur un bulletin de vote,

Car nous ne sommes tous, pour eux, que des statistiques.

 

Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé?

Pour de nombreuses personnes, en fait, cette grève a été comme une charge révolutionnaire contre une société sordide, celle de l’austérité, qui n’est pas seulement qu’une série de coupures pour faire plaisir à un cartel financier supranational, mais aussi plus profondément un régime autoritaire avec des prisons qui se multiplient, la criminalisation de la dissidence, l’invasion corporative partout, une société de contrôle qui supporte ça, avec des tonnes de gens qui se font prescrire de la merde chimique, pluggés sur les médias de masse, se faisant piquer comme du bétail, gobant tout le prêt-à-penser comme les one-liners sur Twitter et autres médias socio-corporatifs, où on doit maintenant y mettre toute notre vie comme si elle appartenait à Facebook inc.

Mais je me rappelle aussi ce que c’est qu’être étudiant-e. C‘est d’être un-e perdant-e, profondément aliéné-e au résultat de 15-20 ans de programmation; de voir défiler ses rêves pendant qu’on est conscrits dans une salle de classe endormante à copier-coller tout ce que le prof dit comme des robots, n’ayant que le local d’asso comme salle de récréation (encore, si on est chanceux), comme dans une grande secte de l’État corporatiste et de son industrie. C’est de retourner à son rêve vide, continuellement recyclé et réimposé, du progrès, du développement… Et le progrès de quoi, au juste? Vers où? Et pourquoi? C’est pas important. Faut juste produire, pis produire, pis encore produire pour le progrès, soldat! Point.

Et “ferme ta gueule!”, comme disent si bien les flics de la démocratie.

“Mais… mais… c’est pour une société plus juste!”

Le conflit étudiant, me sembla être la plupart du temps que du gros spectacle bien juteux. Ma déception (personnelle, interpersonelle, sociale… totale), je l’ai trouvée surtout dans ces super-méga-manifs chronométrées de plusieurs centaines de milliers de gens, où nous avions tout le centre-ville à portée de main, où la police ne pouvait absolument rien faire pour nous faire “bouger de là” (étant environ cent fois plus qu’eux dans les rues), où nous avions qu’à nous poser, un peu partout, surtout dans des hauts lieux du pouvoir financier ou policier, faire connaissance, discuter de plans de match, refaire le décor selon notre inspiration, se faire des Barbecue, faire l’amour sur la place publique, dévaliser à profusion les magasins et y prendre ce qu’on a besoin pour vivre, crever les pneus des autobus jaunes, refaire le monde dans l’ici et maintenant en s’autogérant, en se prenant en main… Nous n’avions pas à attendre d’être en nombres plus contrôlables par les autorités pour reprendre, occuper et refaire le monde, nous avions seulement qu’à le faire, sur le moment, car à plusieurs reprise nous nous sommes donné ce pouvoir que nous avons refusé de prendre, tout en l’affirmant sous le regard des médias. Nous ne l’avons pris que plus tard, à petite échelle, dans les assemblées de quartier. Étais-ce trop tard, ou n’était-ce qu’un commencement de quelque chose de plus profond? C’est au gens qui y participent d’y amener ou voir la réponse, pas à moi…

Car il est vrai que de casser les vitres, décorer les facades, foutre le bordel dans les rues de l’État capitaliste, c’est aussi de casser l’image et le fonctionnement de sa société. Mais au-delà ce ça, il y a aussi un monde de liberté à créer, par la base. On ne peut plus se permettre de rester à refaire le monde entre quatre murs, à se complaire dans notre alternativité alros que dehors règne le fascisme ordinaire. C’est le moment, plus que jamais pour que le vrai monde reprenne la place publique et s’y impose comme la seule forme de pouvoir légitime. Pas parce qu’il est plus “à Gauche », “plus juste” ou qu’il porte des drapeaux qu’on aime plus, mais parce que c’est le nôtre; et pas celui d’une élite faite de gens qu’on connaît pas, de représentants qui ont personnellement rien à voir avec moi, toi et nos proches.

Nous savions tous-tes, aussi, plus ou moins consciemment, que ça n’avait pas à voir qu’avec “la hausse des frais”. Que la hausse des frais se déroule aussi partout ailleurs dans le système; dans la bouffe, les loyers, billets de transport, et toutes les autres taxations de ce qui fait notre quotidien. Ça n’empêche pas qu’ils continueront, peu importe la marionette au pouvoir, à obéir au doigt et à l’oeil de la haute finance mondiale cachée derrière des entités corporatives. Car maintenant, tu sais… on est tous, un peu partout à travers le globe, sous la domination du même empire.

Tu réaliseras que le but de cet ordre capitaliste, c’est d’être englobant, de contrôler et profiter de chaque aspect du fonctionnement de la société, jusqu’à ses moindres détails; alors qu’on se fait nier le droit de profiter de notre vie pleinement, et comme on l’entend. Ce n’est pas une société individualiste, comme la Gauche autoritaire a tendance à nous faire croire. Bien au contraire, c’est une société où règne, un conformisme sectaire, fait pour maintenir les privilèges d’élites capitalistes. Ce conformisme, il est partout, et partout où il est il peut être récupéré et rentabilisé. Vous l’avez vu, fort probablement aussi expérimenté, durant la grève étudiante avec l’embrigadement à Facebook et Twitter, où c’était assez difficile d’organiser quoi que ce soit sans léguer un tas de données personnelles à une batterie de scripts invasifs (au cas où tu saurais pas, si tu as fait de la mob de cette façon, toi et tes amis-es êtes fichés à vie). Comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives sur le net…

Et conformisme rime aussi avec travail, et études. Il n’y a pas de différence avec l’embrigadement militaire et la discipline dans les universités québécoises, surtout sous la loi 12. Mais de suivre les tendances mode, de se lever de force le matin pour arriver à l’heure, de fonctionner légalement en société, c’est aussi une sorte de travail, or tant qu’il y a du travail, y a du profit à aller chercher. C’est la Matrice par laquelle ils dérivent leurs net profits. Or une “grève générale illimitée” ne peut être qu’envers tout ce système de collaboration/exploitation, or elle n’est qu’une autre grève partielle, visant à rajuster les conditions de collaboration/exploitation. Ça n’a donc pas tant à voir avec le nombre de gens ou secteurs qui embarquent dans la grève, qu’avec la grève en tant que rupture totale avec le système dans son ensemble.

Contre le cancer de l’austérité, qui n’arrête pas, ou contre la société qui le soutient?

La source du problème de l’austérité n’est pas tant dans la privatisation, ou même encore la propriété privée, mais dans la propriété, tout simplement. La propriété en soi étant la définition abstraite d’un rapport de domination totale (exclusivité) sur un espace, un bien, un corps. C’est le résultat d’une appropriation intimement liée à l’invasion coloniale qui se déroule ici depuis des siècles, fondé sur un concept entièrement raciste et religieux, amendé à l’origine par des décrets de l’Église et des monarques européens. Dans un tel schème, les non-citoyens de la colonie (autochtones ou tous les autres non-sujets de la Couronne) se voient privés des biens appropriés -par ruse ou par force- par l’État conquérant. Une fois cédé ou vendu à des compagnies sanctionnées par ce dernier, la propriété devient l’exclusivité unique du/des propriétaires. L’ère des rébellions républicaines se solda directement par une cession d’une grande partie des “biens” de l’empire, à de “grands citoyens” de la colonie, les bourgeois. C’est ça le capitalisme, né d’une relative “cession de bail” de la monarchie/Église au cours des deux derniers siècles. Sauf que les terres cédées étaient en elle-mêmes le résultat d’une concession des peuples autochtones, acquise de ruse ou de force. Pour des gens qui ne connaissaient pas la notion d’exclusivité de la propriété terrienne -comme les autres formes de propriété d’ailleurs- il était facile pour les envahisseur de négocier l’accaparation de territoire.

Mais peu importe… à la source, la séparation avec la Terre -soi-même et les autres, commence avec la propriété, et peut être surmontée seulement lorsque la propriété est efficacement subvertie, volée, usurpée, brisée ou annulée. Aussi dans le rapport à soi, et aux autres.

C’est pourquoi la “destruction de la propriété” est maintenant un des péchés capitaux dans leur religion mercantile, que des gens servent maintenant des peines de plusieurs années de prison juste pour ça, au Canada, aux États-Unis, en Europe… dans les purgatoires de béton de “nos” démocraties, à l’ombre de la société. La propriété, c’est aussi la pierre angulaire de l’État capitaliste, ce qui lui donne toute sa raison d’être depuis le commencement. Il s’agit donc pas d’une tendance “néo-libérale” déviante, étrangère à un “État démocratique”, de la part de porcs encravatés “de droite”. Le capitalisme est le fondement de cet État.

Comme il n’y a pas eu d’État socialiste au Québec ou au Canada, seulement un système keynesien (de Keynes, qui a orchestré le New Deal), employé comme mesure palliative très efficace à une époque où l’Ennemi communiste devenait une concurrence vraiment redoutable, où les mouvements populaires et ouvriers -déjà radicaux à l’époque- rendaient le Pouvoir inconfortable. Cet État-Providence s’est avéré être une invasion très puissante de la société québécoise, et en parallèle avec l’invasion américaine depuis les années ‘50, préparait le terrain pour une invasion corporative de la société en entier, et bien au-delà, aussi de la société. Or la critique du néo-libéralisme est désuette, tout comme sa revendication d’une sorte de retour à la “bonne vieille” social-démocratie.

Tout ceci fait partie de l’État bourgeois, patriarcal et colonial. Comme tous les chefs de la démocratie, et notre rock star Gabriel N. Dubois et les chefs de Conseil de bande autochtones -à titre d’exemples- en font partie. Surprise, surprise! Ils sont tous des figures de la domination mâle. L’État est une pieuvre; son pouvoir pénètre, infiltre, récupère tout ce qui accepte sa présence, tous ceux et celles qui acceptent son autorité -Blanche et patriarcale, comme toujours- dans leurs rangs. Et une fois que vous serez pacifié-es, il vous fera payer. Car comme depuis le tout début de la colonie Française, tout doit passer par un comptoir, ou bureau, que ce soit par dessus ou en-dessous.

Ça, c’est la démocratie.

Tu votes, et tu paies. Et selon leurs conditions, pas celles que t’as choisi.

Mais nous savons, aussi, que tout ce pourquoi on nous fait payer pourrait et devrait être gratuit, et je vous donne entièrement raison là-dessus. Pas juste l’éducation, mais la société et tout ce qu’elle produit devrait l’être aussi, car à priori c’est nous tous-tes qui en sommes les producteurs. De son spectacle aussi et surtout.

Pareillement, nous sentons tous-tes la tarification comme une pression économique dictatoriale, et c’est précisément ce qu’elle est. Tout comme la bureaucratisation des droits à un travail décent, sa soumission à une batterie de “privilèges » de classe (la panoplie de cartes, licenses et ordres professionnels). Les gens qui étudient dans des techniques connaissent bien l’étendue du problème, surtout les gens immigrés, surtout ceux venant d’en-dehors des pays du Nord. Que les possibles de la société soient ainsi fortifiés rendent le travail clandestin sous-payé, le commerce de drogues, la prostitution comme la voie accessible pour pleins de gens, études ou non.

Et la société de contrôle est rentable pour ses exploitants; c’est la raison cachée du pourquoi elle se fait toujours plus contrôlante et envahissante. Il n’y a pas, apparement, de complot mondial secret. Ça n’a à voir qu’avec du gros fric, et du gros pouvoir. Avec la même vieille accumulation de capital. C’est pour cela que les prisons continuent de grossir, deviennent des usines à production de tout le sous-capital, et se multiplient.

Et en même temps, les prisons sont d’efficaces épouvantails pour les citoyens à l’extérieur, en support aux emmerdeurs violents -les flics- dans les rues, pour que tout le monde paie et fonctionne légalement en société.

Aussi une justification inconsciente pour la lâcheté hypocrite des gauchistes, qui critiquent l’injustice seulement quand c’est sous forme de revendication politique, mais la laissent passer sous leur nez sans broncher. Car… ben… y a trois maisons d’accueil pour héberger les centaines de sans-abris à chaque hiver à Montréal. Car y a des groupes communautaires pour “défendre” les droits des réfugiés, et ceux des locataires qui se font exploiter, et y a la DPJ pour “protéger” les jeunes des méchants abuseurs, proxénètes et pushers et les tenir loin des prisons, sous la “protection” et regard attentif des intervenants sociaux qui leur donnent des pillules pour leur “bien-être”… Vrai, non?

Non, vraiment pas.

Si la gestion de crise est aussi répandue et à la fois aussi contrôlée et bureaucratisée (par l’État, soit), essentiellement inefficace et passive, et profondément contradictoire face à ses propres prétensions, c’est parce qu’elle est profitable pour les exploiteurs. Même la Guerre au terrorisme, de façon plus globale, a connu un vaste succès quand à multiplier le trafic d’armes, de drogues dures, de marchandise humaine et les contrats de mercenaires, à un temps où il leur manquait un grand Ennemi contre qui faire la guerre sur la scène mondiale.

Et peu importe quel pantin prendra le pouvoir, ça n’y changera rien. Ils continueront de s’approprier de tout, par la violence d’État, ou par l’achat “sympa” de l’opposition politique. Même si un nouveau pantin négocie avec les étudiants les conditions plus du retour à l’assujetissement ordinaire (ou du non-redéclenchement de la grève), pas grand chose n’aura changé, à l’exception des milliers d’étudiants ou ex-étudiants qui se verront emmerdés par la judiciarisation/criminalisation durant des mois, des années pour s’être soulevés.

…mais pourquoi je vous parle soudainement de tout ça? Ça n’avait à voir qu’avec la hausse des frais de scolarité!

Bref, on ne règlera pas le vieux problème de l’austérité sans s’attaquer à sa source. Et cette source, c’est pas “les Libéraux” ou même “la Droite” ou le “néo-libéralisme” (ou de façon plus mineure pour les nationalistes, “les Anglais”, “les Américains » ou, pire encore, les bons vieux “Juifs”). C’est le capitalisme oligarchique qui domine sur tous les États membres du G20, comme plusieurs autres. Pour s’en prendre à cette structure de pouvoir mondial, il ne s’agit pas que de s’attaquer aux intérêts les plus évidents du gouvernement, mais ceux du réseau de parasites mafieux qui en tire profit par le haut. C’est aussi d’attaquer le système qu’ils nous imposent comme étant la seule condition de vie qu’on puisse se permettre en ce monde; celui-là, même, dont ils profitent par ses dispositifs multiples. S’en prendre à tout ce qui entretient notre esclavage, la perpétuation de la machine. C’est pour ça que les “méchants casseurs” couverts de noir, comme d’autres moins uniformes, s’en sont pris si souvent aux banques, magasins corpos, Centre de Commerce Mondial, tours à bureaux, Palais des Congrès, conférence de presse de fédé, CÉGEPs sous injonction, quais de métro, voies ferrées, autoroutes, stations de flics et centre de recrutement des Forces armées. Car tout ceci -et bien plus encore- fait partie de l’État capitaliste. Ça va plus loin que seulement Loto/Hydro-Québec et les bureaux d’un Ministère; le Pouvoir est beaucoup plus haut et profond qu’une bande de gentils fonctionnaires “qui se branlent toute la journée” dans leurs cubicules ou bureaux privés.

Le fait de suspendre la grève pour fins électorales est de se mettre à marcher avec le même Pouvoir que nous avons combattu durant cinq mois. Mais là -non seulement dans les votes mais dans la participation aux AGs- se trouve la ligne de démarcation sacrée, enfin dévoilée au grand jour, nous permettant de distinguer tous les gens soumis à l’État -par choix ou compromis- et les gens qui sont réellement en grève générale illimitée. Entre les gens soumis à la politique-spectacle et ceux-celles qui veulent refaire le politique à partir de la rue.

Car vous avez sûrement remarqué tout comme moi que la grève a créé un nouveau pôle du pouvoir, situé dans la rue, en opposition au pôle situé quelque part “en haut”, derrière l’écran, le bureau, la matraque. C’était le début de la réalisation collective qui s’appelle une “révolution”, quoique bien-sûr c’en était pas encore tout à fait une. Mais le Pouvoir a depuis longtemps développé des armes réactionnaires contre presque toute forme de révolution, et le cirque électoral en est une, parmi d’autres.

L’enjeu du cirque électoral est de faire la promotion du pouvoir hiérarchique (par le haut) tout en aliénant le pouvoir de l’autonomie populaire (par le bas), et entre les deux se joue le jeu d’intégration horizontale, l’influence par les côtés, par la conformité, par la “corruption positive”.

Ce n’est pas pour rien, après tout, que le suffrage universel et l’idée d’État démocratique se sont répandus à l’époque des premières Internationales, durant une période où l’ordre capitaliste était pour en prendre un sale coup, et que le prolétariat commençait à réaliser son propre pouvoir. Ce sont des Internationales que le réformisme politique est issu, pour offrir une solution plus “humaine” à un Pouvoir capitaliste jusqu’alors essentiellement antisocial et brutal. Le socialisme, comme sa forme encore plus accomodante et fasciste de la social-démocratie, n’est qu’une vieille façon de sucrer la pillule du capitalisme, alors que les prisons continuent de se peupler, la police continue de réprimer et les armées d’envahir à l’étranger. Le militant socialiste n’est en fait qu’un capitaliste, juste qu’il porte la barbe plutôt que la cravate, porte le carré rouge plutôt que le logo corportatif, même si nous savons bien que les costumes changent une fois qu’ils deviennent grands… Conformisme oblige.

De toute façon, le socio-corporatisme est la nouvelle tendance, à l’échelle mondiale. C’est le système maintenant officiel en Chine, la nouvelle façon de marier capitalisme sauvage et socialisme autoritaire; de préserver le pire du capitalisme (ou meilleur, dépendamment du point-de-vue) et le renforcir par le bon vieux collectivisme sectaire des bolcheviques, les premiers vrais “carrés rouges”. C’est un capitalisme hyper-régulé, avec comme principe central la standardisation (de mettre tout le monde sous les mêmes étendards), où t’es sur Facebook, ou t’existe pas. T’es hipster/vegan/queer, ou t’existe pas. Tu votes pour un des partis proposés sur le bulletin, ou t’existe pas.

Vous comprenez, maintenant, la mécanique qui a fait que tous ces moutons ont voté contre leur propre grève.

Car avant tout c’est un pouvoir de l’image. Surtout par l’image. Ce n’est pas pour rien que ce soient les “imagistes” qui se font les bouches et les bras répressifs de l’État à l’intérieur du mouvement étudiant, au nom de la paix sociale, au nom de Radio-Canada. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous jouent la carte de la solution politique par le haut à un conflit social qu’ils ne peuvent pas eux-même expliquer adroitement. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous font leur spectacle de la Démocratie Triomphante, guidant le peuple vers 4-5 autres années de despotisme mafieux.

Leur vieux théâtre bidon, ils nous le crachent aux oreilles, le mitraillent sur le mouvement étudiant comme une arme de destruction massive. “Al-lez-vo-ter » c’est leur rafale de tir la plus fréquente. Quatre syllables, juste pour être sûrs de pas rater leurs cibles citoyennes. Et presque tout laisse à croire que ça a relativement fonctionné.

La politique officielle n’est que spectacle, et le spectacle, c’est la nouvelle religion.

Maintenant en version HD et payante, à la mode de l’austérité, sous le regard bienveillant de Big Brother Inc et son armée de caméras et de téléphones intelligents qui font de vous maintenant une star (des services de police, surtout), comme avec le programme Trapwire récemment dévoilé par Anonymous. Faites vos recherches. Je crois que c’est crucial, surtout par intérêt stratégique- que tout-e militant-e comprenne bien à quel point le Spectacle et le Pouvoir sont indissociables, qu’ils sont une seule et même chose, alors qu’une grande partie du jeu de domination de l’État se déroule à travers les médias de masse, où toute l’étendue de sa violence réelle est glissée sous le tapis.

Le spectacle, c’est l’arme la plus puissante du pouvoir.

Or quand on se voit à travers d’eux, comme un faux-miroir d’une image fictive de la masse, eh bien c’est tout à fait logique qu’on se mettre à agir selon leurs directives.

Mais les anarchistes et autres gens ayant une perspective plus profonde de la grève n’ont pas perdu. Probablement même que le milieu s’est élargi de hordes de nouveaux insurgé-e-s -du moins en devenir- qui vont à leur tour elles-eux-aussi animer une lutte de résistance peut-être encore plus sauvage et redoutable qu’elle ne l’a jamais été, repoussant toujours plus les limites de la réalité, du possible, du “socialement acceptable” à la con.

Les seuls vrais perdants sont ceux qui ont mis leur foi et énergies dans les processus politiques autoritaires, qui maintenant se font balayer par le raz-de-marrée électoral et médiatique, soit par une politique qui leur est ascendante, et en même temps condescendante. Une fois de plus, le politique les a berné. Ceux qui vont se retrouver dans leur esclavage quotidien en salle de classe ou sur le lieu de travail. Ceux qui vont avoir tout oublié, dans quelques années, de ce qu’ils ont fait durant ces six mois de soulèvements populaires, tout bien enterré sous une routine de servitude quotidienne coulée dans le béton armé. Et puis peut-être dans quelques années, qui sait… Si c’est ce que vous voulez, citoyens, vous l’aurez, et pas juste à peu près. Ne vous méprenez pas en pensant que vous n’avez fait que voter pour une “trève électorale”, car vous avez fléchi, et le Pouvoir saura vous faire fléchir encore plus quand le moment viendra. L’attaque policière à l’U de M, vous pouvez pas le mettre exclusivement sur le dos du recteur et la loi 12. Si vous n’aviez pas saboté votre propre mouvement deus semaines avant, y aurait eu pas mal plus de gens pour soutenir les braves qui continuent de faire la grève, plutôt qu’une masse de gens qui sont en “trève”. Là se voit votre traîtrise en tant que citoyens-collabos, esclaves du Pouvoir.

Il n’y a pas de trève dans une grève, surtout pas quand on a, à plusieurs reprises, confirmé l’ntention de la perpétuer indéfiniment… disons jusqu’à la gratuité. Car à quoi ça rimait, toutes ces AGs de reconduction de grève, sinon qu’une tentative récurrente par des agents réactionnaires de saboter le mouvement de l’intérieur? Pourquoi des crisses de votes de reconduction alors que le mouvement se compte par centaines de milliers dans les rues?

C’est quoi votre problème avec la réalité, à la fin?

Peu importe votre magouille, tous celles et ceux qui ne se sont pas laissé-es jeter de la poudre aux yeux par le cirque de la démocratie, nous lutteront encore à faire chavirer la société autoritaire et son ordre totalitaire. Car nous nous sommes prononcé pour la grève générale illimitée. Plusieurs, même, pour une grève sociale infinie. Et toujours plus nombreux-euses et fort-e-s, toujours plus solidaires dans l’action, mondialement, nous continueront de causer des brèches ou de carrément mettre le feu dans votre monde de carton-pâte que vous restituez, même défendez.

Y a pas 400 000 solutions à l’esclavage, y en a que deux: qu’on reste dedans ou qu’on se batte pour s’en libérer.

Deux, aussi, car le monde qu’on désire avoir, pour nous et nos enfants, il commence entre les quatre yeux de deux personnes, et non entre tes deux yeux et l’oeil d‘un télécran du Ministère de la Propagande.

À travers votre collaboration au politique, surtout sa représentation, l’État gagne une fois de plus.

À bas le vote, à bas le Capital.

Pour la continuation de la grève… sociale et infinie!
– d’un(e) vétéran de toutes les grèves étudiantes

1er au 10 août 2012 – Appel pour des actions de propagande contre la répression

Posted in Actions, Appel with tags , , , , , , , , , , , , on 2012/07/28 by anabraxas

De Contra Info

Nous lançons un appel pour dix jours d’actions de propagande dans autant d’endroits possibles avec pour but de promouvoir des luttes plus ou moins connues, ou même complètement inconnues pour beaucoup. Les individus et/ou groupes qui souhaitent se joindre à ces dix jours d’actions choisiront la thématique et les moyens en accord avec leurs critères et dynamiques propres pour le renforcement de la solidarité internationale et réciproque entre les opprimé(e)s.

Nous suggérons surtout de prendre les rues, de peindre des slogans et d’accrocher des banderoles en solidarité avec les affaires dont nous pensons qu’il est important de faire entendre la voix. Nous l’avons fait à Athènes les derniers mois et vous l’avez sûrement fait aussi en plusieurs occasions. Malgré tout nous avons besoin de faire un pas en avant et de porter de telles actions simultanément à un niveau européen et, nous l’espérons, au-delà. Certains d’entre nous sont en Angleterre, Allemagne, France, Espagne, Serbie, Portugal, Grèce mais aussi en Amérique, par conséquent nous pouvons faire d’une simple action quelque chose de beau. Pour ceux qui se sentent seul(e)s là où ils vivent cela peut sembler ardu… Mais tout ce dont vous avez besoin c’est un drap, de la peinture ou une bombe et un site propice. Où que vous soyez, appelez vos ami(e)s et diffusez le mot.

Du 1er au 10 août nous pouvons accrocher des banderoles, coller des affiches et des flyers, écrire des slogans sur les murs, ou porter toute autre action qui encouragera la diffusion du discours anarchiste/libertaire au-delà des frontières du langage étatique. Nous sommes donc dans l’attente de recevoir et disséminer des photos et/ou des matériaux écrits des actions de camarades, où qu’ils-elles soient.

Début août nous coordonnerons nos efforts et lèverons nos têtes haut contre la répression et la société des prisons, contre les États et leurs frontières, contre le Capital et ses profits. Nous pouvons être nombreux-euses; nous pouvons être partout.

Vers une guérilla de l’information…
Réseau de traduction et de contre-information Contrainfo.espiv.net

Québec: sabotage ferroviaire contre la Conférence des capitalistes

Posted in Actions, Appel, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , on 2012/06/15 by anabraxas

Trouvé sur Juralib

Une voie ferrée d’importance a été sabotée ce mercredi 13 Juin au soir, dans un secteur rural près de Farnham, Qc, en réponse à l’appel de la CLASSE pour des actions nationales contre la Conférence de Montréal, du « Forum Économique International des Amériques », un meeting de gros gangsters corporatistes.

Le système de signalisation a été déclenché en sabotant une boîte électrique contrôlant les signaux de train à une intersection, provoquant une éventuelle suspension de la circulation des trains sur cette voie durant quelques heures. Ce lieu a été soigneusement choisi, non seulement à cause de la facilité de la tâche, mais surtout l’importance de la marchandise qui y circule, notamment beaucoup de sale pétrole provenant des sables bitumineux de l’Ouest, avant que cette voie unique ne se sépare vers des destinations comme le techno-parc de Bromont, Sherbrooke et plus loin vers la Nouvelle-Angleterre.

Ce n’était qu’un début. Il y a de nombreux autres flux cruciaux au fonctionnement de ce système d’oppression et sa marchandise sacrée, et nous promettons de recommencer, et frapper des cibles qui feront toujours plus mal. Vu notre nombre indéterminé (ce n’est pas un « comité invisible » pour rien), il est fortement recommandé que chaque gréviste et sympatisant(e) s’y mette aussi la main à la pâte, seul(e) ou en groupe, car nous ne croyons pas que des manifs bien gentilles seront suffisantes pour perturber le système des « osties de crosseurs » et créer un rapport de force suffisant pour faire plier le Pouvoir. Et la preuve est là… des mois de grève, et malgré nos bons coups et grandes réussites, surtout face au despotisme judiciaire-policier, le gouvernement se fout toujours autant de nos revendications, et les flics s’en prennent maintenant à des dissident(e)s comme à de dangereux criminels. Nous sommes sous une dictature, car ce qui est un haut crime, maintenant, c’est la liberté.

De laisser son train rouler — celui qui lui permet de tirer profit de son exploitation dévastatrice — c’est de collaborer dans le silence. Assez de cette soumission de merde ! Ça ne peut plus continuer comme ça. La société techno-industrielle, parce qu’elle intoxique le vivant, doit être forcée à l’arrêt, sinon c’est elle qui nous forcera dans l’hécatombe. Fukushima n’a été que le premier signe de la catastrophe en cours. Nous voulons nous assurer que les capitalistes paient pour ces abus. Peut-être la facture n’a pas été assez salée pour eux, mais nous pouvons y ajouter notre grain de sel.

Le sabotage n’est pas une tactique avant-gardiste ou du vandalisme infantile, et ce n’est pas non plus de la provocation de la part de « casseurs étrangers au mouvement », comme ces sales flics nous crachent aux oreilles (qui est assez stupide pour encore les croire ?). Le sabotage a été par le passé un recours tout à fait rationnel et légitime, renforcissant toutes les grèves qui ont changé l’histoire. Face à une machine qui ne discute pas, qui impose ses conditions par le dictat, le sabotage est une des façons de communiquer sa révolte en la joignant à d’autres, tout en imposant ses propres conditions aux escrocs au pouvoir; qu’ils marchent, ou que leur système crève!

Ce petit geste de résistance au train du capitalisme industriel — qui est maintenant devenu hors de contrôle — a été commis en solidarité avec tous-tes les arrêté(e)s en relation à la semaine du Grand Prix — où la Police se mit au service de Bernie Ecclestone, riche et fasciste notoire — en particulier pour Mathieu Girard, brutalement arrêté et détenu durant les funérailles de sa sœur (condoléances, camarade) et Andrea Pilote. Nous ne les connaissons pas, mais nous sentons profondément solidaires avec ces deux camarades victimes de violence policière. Comme avec les gens de la Fédération Anarchiste Informelle (FAI) d’Europe et d’Amérique du Sud, et les peuples autochtones de partout, en lutte pour le respect de leurs terres.

– Du Comité invisible pour la Fin de leur Histoire

11-14 juin: Les osties de crosseurs se rassemblent

Posted in Actions, Appel with tags , , , , , , , , , , , , on 2012/06/11 by anabraxas

Les laisserez-vous comploter contre nous tous-tes?

Alors que la CLASSE tout comme les médias de masse concentrent leur attention sur les batailles de rue et les arrestations ciblées lors du Grand Prix , un sacré gros meeting de capitalistes de classe mondiale est en train de se dérouler à Montréal… serez-vous de la partie?

Du 11 au 14 juin, Montréal sera l’hôte de la Conférence de Montréal sur le Forum économique international des Amériques. Organisé par la famille la plus puissante du Canada, la famille Desmarais et Power Corporation, ainsi que plusieurs autres élites, la conférence réunira près de 150 conférenciers de partout a travers le monde, représentant les banquiers, industriels, dirigeants d’entreprise, politiciens, recteurs universitaires, des fondateurs d’organisations internationales, et également la sommité des médias.. Il devrait y avoir environ 3000 participants et invités.

Cette année, «l’invité spécial » est Alan Greenspan, ancien président de la Réserve Fédérale et en grande partie responsable de la crise économique mondiale. Les participants encouragent la mondialisation, le capitalisme, le néolibéralisme, la privatisation et l’austérité. Jean Charest a parlé sa plusieurs reprises a cette Conférence, en proclamant l’engagement du Québec dans la mondialisation.

La Conférence de Montréal / Forum économique international des Amériques.

Parmi les «sujets» qui seront discuter à la réunion de cette année:

– La crise financière et son impact sur l’économie mondiale

– Le commerce international, et en particulier l’avenir des Amériques et l’Union économique européenne ainsi que l’accord Canada-Union européenne du commerce de l’Union … un certain nombre de dirigeants d’entreprises canadiennes et européennes auront l’occasion de rencontrer lors de la Conférence de Montréal de 2012 pour former des liens d’affaires pour ce nouvel espace économique important – Le développement et l’extraction des ressources naturelles

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From June 11-14, Montreal will host the Conference of Montreal/International Economic Forum of the Americas. Organized by Canada’s most powerful family, the Desmarais family, and Power Corporation, along with several other elites, the Conference will bring in roughly 150 speakers from around the world, representing bankers, industrialists, corporate executives, politicians, university heads, foundation officials, leaders of international organizations, and media barons. It draws roughly 3,000 participants/guests.

This year’s « special guest speaker » is Alan Greenspan, former Chairman of the Federal Reserve System, and largely responsible for the global economic crisis. The participants promote globalization, capitalism, neoliberalism, privatization, and austerity. Jean Charest has spoken at the Conference several times, proclaiming Quebec’s « commitment » to globalization.

The Conférence de Montréal/International Economic Forum of the Americas

Among the « Issues » being discussed at this year’s meeting:

– The financial crisis and its impact on the world economy

– International trade, and in particular the new Americas-European Union economic space, including the Canada-European Union trade agreement… a number of executives from Canadian and European companies will take the opportunity to meet at the 2012 Conference of Montreal to form new business ties for this new and important economic space

– Developing and extracting natural resources

http://forum-americas.org/montreal/2012

List of Speakers here:

http://forum-americas.org/montreal/2012/speakers

The Forum’s « Partners » Include:

– Power Corporation

– Royal Bank of Canada

– Rio Tinto Alcan

– Total

– GDF Suez

– SNC Lavalin

– the Government of Canada

– the Government of Québec (no money for students, but money to support a Conference hosted by billionaires)

http://forum-americas.org/montreal/2012/partners

The Board of Governors of the International Economic Forum of the Americas includes:

– Paul Desmarais Jr. – Co-CEO of Power Corporation

– Perrin Beatty

– Chairman and CEO of the Canadian Chamber of Commerce

– Hélène Desmarais – Chair of the Board of Directors, HEC Montréal, member of the board of the C.D. Howe Institute, Vice-President of the Board of Directors and member of the Executive Committee of the Board of Trade of Metropolitan Montreal, and a member of the Board of directors of The Montreal Economic Institute

– Pascal Lamy – Director-General of the World Trade Organization (WTO)

– John Manley – President and CEO of the Canadian Council of Chief Executives (CCCE), a business interest group made up of Canada’s top 150 CEOs

– Heather Munroe-Blum – Principal and Vice Chancellor of McGill University, member of the board of directors of the Royal Bank of Canada

http://forum-americas.org/montreal/board-of-governors

Trouvé sur le Calendrier de la CLASSE

« Et félicitations à toute l’équipe de la CLASSE pour se l’être fermée au sujet de ce forum économique, alors que vos portes-paroles font encore dans l’argumentation budgétaire et que vos pages Twitters servent maintenant à poster les jokes de Gilbert Rozon, les enièmes indignations de « nos intellectuels » et les rabais pour grévistes dans les pharmacies Jean Coutu. Sans vos efforts calculés de mouillage de pétards, la grève deviendrait pas mal trop dangereuse pour nous les gros capitalistes! »

– Paul Desmarais


Appel général aux grévistes: cassons le spectacle!

Posted in Actions, Appel, Réflexions with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2012/05/23 by anabraxas

Ce que le spectacle a pris à la réalité, il faut le lui reprendre. Les expropriateurs spectaculaires doivent être à leur tour expropriés. Le monde est déjà filmé. Il s’agit maintenant de le transformer.

– « La Société du Spectacle »

Sa violence systématique contre les grévistes et manifestant(e)s ainsi que son terrorisme de la Loi ne sont que les signes flagrants que cet État en est à ses derniers recours, faisant face à un soulèvement populaire qu’il ne parvient à gérer, ni contrôler, dû à son relatif manque de chefs et d’organisation centrale, à sa désorganisation constructive. La Police étant sa force armée la plus puissante en sol Canadien (davantage que l’armée désuette et inutile que nous avons ici) cette batterie de mesures dictatoriales, saupourées d’une couverture médiatique paternaliste et manipulatrice à l’extrême, sont parmi les dernières armes qu’il peut lancer contre nous dans l’espoir de nous faire peur, de nous faire plier à une soumission impossible, du moins pour un moment.

Du moins pour l’Été.

« C’est ça que j’aime! »

Mais pourquoi l’Été? Parce que, comme nombreux-ses doivent l’avoir déjà deviné, pour les capitalistes c’est la saison pour empocher un sacré gros tas de poignon. Durant les derniers mois, étudiant(e)s, grévistes, militant(e)s, nous avons porté atteinte au intérêts des profiteurs associés au gouvernement actuel en nous attaquant surtout aux flux, bloquant les rues, les ports, les ponts durant les heures de pointe, et mené aussi et surtout une lutte brave et largement victorieuse contre les injonctions en bloquant l’accès aux écoles en grève. Notre plus grande victoire, jusqu’à maintenant, a été celle d’affirmer notre pouvoir collectif contre les décrets, menaces et la condescendance du Pouvoir, réussissant à protéger nos avancées sur l’échiquier, en isolant toujours plus ses quelques despotes crapuleux dans leur fièvre de pouvoir, comme le Roi Lear dans sa tour. Et tout ça, sans avoir besoin d’un chef, seulement de figures et de porte-voix, car dans cette partie nous y sommes tous-tes joueuses-eurs pouvons tous-toutes y avoir une influence, à condition bien-sûr de passer à l’action.

Mais il y avait un aspect stratégique majeur que nous avons manqué lors de notre grande charge contre le système d’exploitation (entre autres de l’éducation) dont le gang de Desmarais profite le plus. Un aspect sans lequel l’économie techno-industrielle capitaliste ne pourrait subsister, et qui lui permet de progresser, d’avancer, de se maintenir et se multiplier. Un aspect à la fois si intangile et fragile que beaucoup passent à côté sans ne le remarquer, malgré qu’il se trouve pourtant juste sous notre nez, partout où il soit, surtout en ville. Non seulement ça, mais une forme d’oppression, de violence systémique qui nous harcèle continuellement, tente de dominer nos esprits par le martellement et la manipulation, en plus de nous donner un foutu mal de tête, d’yeux et oreilles. Une aggression qui est, en somme, omniprésente… et les matraques et gaz de la Police, et les prisons, n’en sont que les manifestations les plus physiques.

Cet aspect, vous l’avez peut-être deviné, c’est le spectacle. Comme dans la “Société du Spectacle” des situationnistes, ou bien l’industrie du spectacle, ce moteur qui génère des capitaux tout en restituant le Pouvoir à chaque jour. Cette machine à représentations illusoires, à divertissements préfabriqués, à loisirs prêt-à-porter, qui exploite et nous marchandise, et dont nos “artistes” sont parmi les producteurs-exploités centraux. Des travailleurs-euses, comme dans n’importe quelle autre industrie du Capital.

Le spectacle, dans ce système capitaliste mercantile, est une fonction de la marchandise, et la marchandise est aussi fonction du spectacle qui la représente. Et tout comme la marchandise, il est envahissant, englobant, il essaie d’être partout, sur nous et en nous aussi, tout en n’étant rien, rien d’autre que du vide; produit de la bulle spéculative, du rêve de l’appropriation de marchandise. Si la société n’est qu’une accumulation de spectacle, c’est parce qu’aussi par-derrière, il y a en parallèle une continuelle accumulation de marchandise. Cette économie en entier n’est que spectacle, car elle fonctionne essentiellement par les dictats de la spéculation.

Quoique l’industrie du spectacle est une machine qui soit abstraite, intangible, elle dépend radicalement d’une mobilisation massive de main-d’oeuvre et d’une panoplie de dispositifs, allant de l’équipement électro-acoustique aux kiosques d’information, aux transports et aux chapiteaux, et de la signalisation à l’éclairage. Tous ces facteurs pouvant être mis hors fonction, ou perturbés. Ce qui la rend si fragile dans son fonctionnement, c’est que celui-ci est fondé essentiellement sur l’image, l’image du faux. La scène devient alors le front guerrier divisant le public de la marchandise et du pouvoir, et lui foutant en tête l’image de ce que l’artiste n’est pas. Si moindrement cette image devient ruinée ou perturbée par un “facteur impertinent” quelconque, le spectacle peut rapider nous replonger dans la tragédie et l’ennui du quotidien. C’est quand le silence reprend le dessus, ou la discorde est créée , que la rupture l’emporte. C’est de tels scénarios dont les capitalistes, ceux qui runnent le show, ont peur, tels les despotiques metteurs en scène d’un vaudeville médiocre. Car si le spectacle est perturbé et devient dysfonctionnel, le mirage s’estompe, la statue craque, et les capitaux fuient comme les rats d’un navire qui sombre. Que le spectacle s’effondre ou qu’il devienne sa propre catastrophe en étant retourné contre le système qu’il nourrit, rien n’est plus dévastateur que des spectateurs-trices le faisant chavirer.

Pour revenir à l’immédiat critique de la réalité politique actuelle, c’est en grande partie pour éviter que des scénarios apocalyptiques arrivent au Spectacle que les autorités mettent toute la gomme, à ce moment-ci, pour nous faire taire, nous calmer, nous empêcher de faire continuer le VRAI FESTIVAL de la grève tout au long de l’été, pour sauver la face des inepties complètement vides qui ne veulent pas mourir, comme le Festival Juste Pourri et le Grand Prix du Capitalisme. Notre sacro-saint Festival de Jazz ne devrait pas non plus y échapper -surtout pas lui- tout comme les Francofolies -pourquoi pas- et le FFM… Alors que l’Été ouvre ses bras à nous, tout ce beau spectacle est maintenant à la portée de la grève! Continuons sur l’effort de Xavier Dolan, de faire répandre la grève parmi les artistes, car la grève est aussi à leur portée. Continuons aussi à donner une raison à tous nos camarades d’ailleurs, aussi, à venir faire les “touristes” pour nous aider à briser l’industrie du tourisme, cet été, et leur offrir refuge et camaraderie. Faisons-leur des tours de ville comme ceux des derniers jours, où on n’épargne ni banques, ni flics, ni magasins corpos, ni, surtout, la place publique privatisée et policée. Continuons de s’accaparer la rue et d’y transférer le Pouvoir, malgré la dictature dans le vent et le terrorisme arriéré de la Loi 78, malgré toutes les menaces de lourdes peines et caution dans les cinq ou six chiffres pour les dissident(e)s de toutes sortes. Comprenez le: les tribunaux ne vont JAMAIS faire payer Paul Desmarais pour son activité criminelle. C’est NOUS qui devons leur faire payer la facture, à tous ces patriarches héréditaires et leurs lèches-culs de sous-parasites.

Si nous avons eu la force et le coeur de surmonter tout ça jusqu’à maintenant, l’Été peut être le nôtre, comme le Printemps passé l’a été… Qu’il le soit!

Pour l’anéantissement de tous les Pouvoirs

du « Comité invisible pour la Fin de leur Histoire »

La loi spéciale, on s’en câlisse!

Attaque dans le métro de Mtl: inside job?

Posted in Actions, Appel, Reportages with tags , , , , , , , , , on 2012/05/13 by anabraxas

En tant que minuscule geste de solidarité envers les jeunes accusé(e)s du « complot terroriste » fumigène de la semaine dernière dans le métro, on retransmet le texte de Force étudiante critique

The Show Must Go Down

L’escouade médiatique, avec aux avant-postes le journal La Presse et ses journalistes Gabrielle Duchaine, Vincent Larouche et Daphné Cameron, est parvenue à cerner le bouc-émissaire depuis longtemps recherché. Dans la tempête sécuritaire délirante qui souffle sur Montréal depuis la paralysie matinale du service de métro, notre groupe est pointé du doigt par ces médiocres journalistes comme l’épouvantail de service, le repère de radicaux et de radicales en pleine révolte, une poule pas de tête qui s’agite dans tous les sens en ayant pour objectif la perturbation maximale de tout ce que cette société compte de ponts, de tunnels, de chemins de fer, et quoi d’autre encore ?

Le nouveau visage du terrorisme: « Jeunes, étudiantes, grévistes. Ils sont partout! Bou! »
– La Presse/Radio-Cadenas/SPVM

Les règles du jeu: les nôtres

Nous ne nous livrerons pas en pâture aux journalistes, qui cherchent désespérément à nous contacter pour obtenir nos commentaires, car nous refusons de participer au cirque médiatique. Les informations que ceux-ci et celles-ci recherchent à notre sujet se trouvent déjà sur notre site et elles sont accessibles à quiconque daigne s’intéresser un minimum à notre projet. Nous n’avons rien à dire de plus que ce qui y est déjà écrit, et l’ensemble de nos textes déjà parus nous semblent de nature à satisfaire toute curiosité à notre égard.

Nous appelons plutôt à la solidarité active sans dissociation ni condamnation avec toutes les personnes criminalisées par l’État dans le cadre du mouvement de grève actuel, que ce soit en raison d’actions de perturbation, de manifestations ou dans les situations d’injonction. Cette solidarité s’exprime par une responsabilité collective vis-à-vis du sort de chacune et chacun. Dénoncer la criminalisation par des manifestations ou des vigiles, s’opposer aux arrestations ciblées et à la délation, apporter un soutien légal, financier et moral aux arrêté-es et exiger l’abolition de leurs chefs d’accusation, surveiller les pratiques de la police, soigner les blessé-es, se serrer les coudes. Tout ceci constitue les bases d’une culture de lutte qu’il faut entretenir et développer. La répression policière et ses conséquences à court, moyen et long terme est une attaque sans commune mesure avec les actions qui ont ponctué le mouvement en cours. Nous nageons toutes et tous dans le même bassin de marde. Nous ne laisserons personne s’y noyer.

La mise en scène d’un show de boucane

Nous réagissons ainsi au traitement médiatique et policier qui prévaut actuellement. Nous constatons qu’avant même que des accusations formelles ne soient portées par le Service de Police de la Ville de Montréal, les personnes soupçonnées d’être à l’origine de l’action de jeudi matin dans le métro de Montréal ont eu droit à une inquiétante présomption de culpabilité, relayée sans gêne par les médias. Leurs adresses personnelles ont été dévoilées, leur vie privée scrutée à la loupe, les commentaires désobligeants de faux amis ont été publiés comme une vérité indiscutable. Leurs opinions politiques ont été ostracisées, en dépit de la présomption d’innocence qui, dans un pays où les élites politiques et le consortium médiatique s’empressent à tout bout de champs d’en vanter les mérites démocratiques, semble ici avoir été curieusement balayée du revers de la main par les piètres enquêteur-es et chroniqueur-es bas de gamme.

Le désir pervers des journalistes et de leurs boss est de diaboliser des militantes et militants en premier lieu, puis un groupe politique en second, et par extension l’ensemble des groupes qui se positionnent à la gauche de la CLASSE et des fédérations étudiantes. Il s’agit, hors de tout doute, d’une attaque politique en règle. La dénonciation et la stigmatisation font partie intégrante du processus de répression, car elles apportent une caution à celle-ci. En choisissant cette voie, La Presse et ses suiveux nous démontrent, encore une fois, de quel côté de la barricade ils se dressent: celui de la matraque, des arrestations, des gaz, du poivre et des balles de plastique. Les petits chefs de pupitre appuient l’érosion de nos libertés tel que prévu dans les projets de lois sur le port du masque et l’obligation de fournir un trajet pour les manifestations. Est-il étonnant, dans ce contexte, de constater que Jean Charest lui-même profite des largesses du propriétaire de ce torchon, en séjournant à plusieurs reprises dans son somptueux domaine de Sagard?

Nous condamnons avec force les méthodes fascisantes qui se multiplient présentement au Québec lorsqu’il s’agit de traiter des événements de perturbation sociale. Nous estimons qu’en regard de la brutalité de l’État contre ceux et celles qui osent contester son autorité, le mouvement social actuel est davantage docile que perturbateur. Les minorités agissantes qui commettent des actes pour lesquels elles s’exposent à des peines criminelles sont sans surprise traînées dans la boue par les faiseurs ou faiseuses d’opinions à la sauvette, les laquais de l’industrie médiatique, elle-même au service d’intérêts autrement supérieurs. Nous revendiquons le droit à la résistance pour toutes celles et tous ceux qui en ont ras le bol de cette société étouffée par la désinformation continuelle des médias de masse, qui ne sont plus capables d’endurer les politiques antisociales du gouvernement. Pour tout le monde écœuré de se faire agresser, blesser et insulter par les forces de police – qui laissent entre la vie et la mort des manifestantes et manifestants dont on ne daigne même plus, par la suite, s’interroger sur leur sort – pour toute cette masse de gens qui, partout dans le monde, luttent contre toutes les violences imposées par la restructuration capitaliste, pour toutes ces personnes-là, nous revendiquons le droit à la juste colère, à l’action directe et à la révolte contre un système politique, économique et social qui abrutit les consciences et détruit des vies.

À vouloir criminaliser toutes formes de protestations, à vouloir terrifier les contestataires pour mieux alimenter les fantasmes de bûcher d’une « opinion publique » contrôlée, l’État, dans un élan totalitaire, consolide son austérité à coups de violences dites légitimes. Il ne recule pas, ne discute pas, ne s’ébranle pas outre-mesure face aux répercussions de son intransigeance. Il consacre plutôt toutes les ressources dont il dispose à faire taire une bonne fois pour toute un mouvement social qui a mainte fois fait ses preuves. Il espère qu’une fois qu’il en aura fini de marginaliser, de diviser et de ridiculiser les critiques qui s’élèvent à l’égard de ses politiques tarifaires – ce en quoi consiste le projet néolibéral – il aura champ libre pour poursuivre la purge des services sociaux que l’on voudrait libres du privé, de qualité et accessibles… Nous ne nous laisserons pas prendre dans les mailles du filet.

Par ailleurs, dans un même ordre d’idées et de faits…

L’unité dans le déchirement

Nous nous adressons au mouvement en lutte. Ne nous laissons pas déconcentrer par la loupe médiatique au service de l’idéologie dominante. En symbiose avec le pouvoir, les médias délateurs sont des cibles de choix pour les actions à venir. L’État cherchera désespérément des responsables et il s’en prendra aux plus combatifs et combatives d’entre nous : sa répression est politique et il trouvera tous les prétextes nécessaires pour tenter de mettre au pas celles et ceux qui, de plus en plus, osent le confronter, que ce soit dans la rue, dans les assemblées générales, dans les comités d’action et de mobilisation ou par la simple plume. On tente de présenter comme plus légitime les tendances qui exigent le moins possible, qui sont les moins dangereuses pour le maintien d’un semblant de statu quo afin de diviser le mouvement et d’isoler les tendances plus radicales de celles plus réformistes. Ne cédons rien. C’est seulement par la continuité du mouvement, l’expansion et l’intensification de celui-ci que nous pourrons aspirer à une société plus juste. The show must go down. La lutte continue.

*******

Nous appelons à une vigile de solidarité avec les personnes arrêtées dans le cadre de ce dossier et avec toute personne judiciarisée ou blessée dans le cadre de la lutte actuelle. Elle aura lieu le lundi 14 mai à 11h30 devant le Palais de Justice rue Saint-Antoine.
Voir aussi: Message aux 4 personnes INNOCENTES JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE

Mise à jour: c’est avec un relatif soulagement que le dernier des quatre accusées dans cette affaire, François Vivier-Gagnon, a été remis en liberté conditionnelle, aujourd’hui, 24 mai. Relatif, car même faute de preuves contre elles, ces quatres militant(e)s se voient imposer de lourdes conditions de libération qui ressemblent à « la prison en dehors »… interdiction de se contacts directs entre elles, de prendre part à une manifestation, d’être masqués, de s’approcher à quelques dizaines de mètres d’une station de métro ou établissement d’enseignement, d’être surveillés de près et d’un couvre-feu à 23h avec obligation de se rapporter à des flics de merde à chaque deux semaines.

Plan Mort: de la grève de la C.L.A.S.S.E. à la guerre de classes

Posted in Actions, Reportages with tags , , , , , , , , , , on 2012/04/24 by anabraxas

Bref reportage de l’intérieur sur l’émeute du 20 avril contre le Plan Nord

Ça a largement été une superbe journée de lutte, même si elle n’a peut-être pas été complètement victorieuse. Dès le premier moment, ça se sentait que cette jour allait être le nôtre, tout comme le mien… et ça paraissait jusque dans les black blocs chantant et rigolant dans la sérénité alors qu’ils-elles mettaient leur attirail. L’esprit de la Terre autochtone nous animait; harmonieux-euses, même dans notre détermination à semer le désordre.

Et grâce à l’incompétence de la Police fasciste de Montréal (le (S)SPVM étant surtout efficace à se mettre à plusieurs sur des individus, des gens de la rue) et au nihilo-capitalisme indifférent de l’élite politique, cette manifestation du 20 avril contre le Plan Nord corporatiste, gigantesque plan de développement visant à dérober et violer environ 70% de la Nature dans le Grand Nord -surtout par l’industrie minière et le développement hydroélectrique- a tourné au vinaigre, celui qui fermentait, depuis un bon bout déjà, au fond d’un tas d’étudiants et radicaux confondus.

Passant en mode sabotage et combat de rue dans une zone reconnue comme un haut-lieu de gentrification et de pacification (le quartier diplomatique-financier, pris dans le creux allant de Saint-Laurent jusqu’à Peel) , les manifestant(e)s d’allégeances diverses ont envahi les rues ensemble et ont tourné l’ouverture du “Salon du Plan Nord” au Palais des Congrès en un microcosme de la guerre de classes, contre la plus grosse et la plus violente poussée vers une nouvelle vague de colonisation de l’Île de la Tortue depuis longtemps. Ça a montré à quel point l’opposition au développement industriel corporatif est devenue grande et forte.

(Par ailleurs, cette manifestation a aussi été doublée d’une tentative d’action contre un discours du Ministre de l’Immigration Jason Kenney , un suprémaciste blanc du gouvernement Harper, au Marriot Hotel, dans la défense de la nouvelle Loi C-31, visant à restreindre encore plus les possibilités pour les réfugiés, en particulier les Roms, d’avoir leur statut légal reconnu par le gouvernement fédéral. Alors qu’actuellement des milliers de Roms sont la cible de progroms racistes et de détentions en camps de travail sous le gouvernement néo-Nazi Hongrois, ça constitue un équivalent direct aux politiques d’immigration restrictives de la plupart des démocraties Occidentales durant la Seconde Guerre mondiale, qui ont facilité l’Holocauste.)

Ça finit enfin par péter…

Dehors, des combats ont pris place entre les forces de Police et les émeutiers, allant dans un va-et-vient successif, où les manifestants ont fait usage à profusion de l’infâme tactique black bloc de la “dispersion pour se regrouper ailleurs”, produisant alors une bataille intense et une machine à destruction massive de l’ordre qui s’étenda sur une bonne partie de l’après-midi. Ça commença par la destruction totale d’une des entrées principales du Palais, par des bombes de peinture et des pierres, juste après qu’un(e) manifestant(e) se fit tirer un coup de bombonne de gaz CS au visage (à environ un mètre de distance), où la Police dû entrer se réfugier à l’intérieur pendant un bon moment.

Entretemps, des manifestants purent se faufiler à l’intérieur du gigantesque bâtiment futuriste aseptisé, par une porte de service, et se rendirent non loin de l’endroit où la conférence se tenait, mais furent repoussés à la dernière minute par des flics anti-émeute. La bataille, à l’intérieur comme à l’extérieur, a réussit à retarder l’élocution du Premier Ministre Charest, alors qu’ils fut aussi contraint de laisser tomber la séance de photos d’ouverture.

Puis, alors que la bataille continuait de se répandre dans les environs du Palais, les facades de nombreux bureaux et commerces desservant l’élite capitaliste furent saccagées, incluant le Centre de Commerce Mondial, avec ses facades successivement passées au graffiti (un “A » rouge fut d’ailleurs peint sur le logo du “W” à l’entrée face au QG de l’IATA et à la Bourse de Montréal, avec “Plan Mort” à côté) puis au cassage de vitres. Mais pour mettre un peu de côté un peu le pouffage de rire, je tiens quand même à rappeller qu’un certain nombre manifestant(e)s ont été gazés et violentés, quelques dizaines arrêté(e)s; mais aussi quelques flics ont été blessés dans les batailles de rue, qui a tourné à un certain point dans une pluie de roches, morceaux de pavé et n’importe quoi d’autre d’assez pertinent pour être lancé contre la Police violente, mais visiblement apeurée.

Face au déchaînement de la colère -en premier verbale et plus physique par la suite- de plusieurs manifestants, aussi face à leur nombre surprenant (je dirais deux mille, environ), la Police s’enlisa dans la désorganisation, avec quelques drôles scènes d’agents se faisant encercler, alors que la peur généralisée était palpable dans leurs rangs, particulièrement alors que des poches d’émeutiers foutaient le désordre à plusieurs endroits en même temps. Ils ne furant pas que soudainement débordés, mais perdaient aussi la face en tant qu’“épouvantails du peuple”, surtout dans la tête des gens, alors que de plus en plus de passant(e)s se rassemblaient aussi pour se joindre à “l’indignation” alors qu’ils furent traités de la même manière que les manifestants. Plus ou moins cette même sorte de gens que les profiteurs/promoteurs corporatifs à l’intérieur tentaient d’acheter par une grosse carotte vide, faite de belles promesses, ce même prolétariat de toujours plus frustré se faisait maintenant imposer l’argument répressif, primitif, écervelé du bâton. Or il semble qu’il y a de plus en plus de gens qui ne laissent pas embobiner par ça.

Bizarrement, alors que la bataille de rue continuait de se dérouler entre les murs du centre financier du centre-ville, les cris et les flashbangs étaient étouffées, à quelques rues plus loin, par le bruit du flot ordinaire du trafic, avec seulement les hélicoptères de la Police qui tournaient au-dessus des passants comme des oiseaux de proie, comme faible signal que quelque chose de “gros” se passait quelque part, s’ajoutant à cela les dépèches à la radio d’un total chaos prenant place au Palais des Congrès… le genre de chose dont des prolos ne rêveraient que dans leurs rêves les plus juteux. Peut-être attendaient-ils-elles qu’une bande de black blocs sorte de nulle part et leur montre le chemin pour se libérer de leur esclavage quotidien?

Il y eut un autre jour de manifestation, beaucoup plus calme, contre le Salon le lendemain, ainsi qu’une grosse marche symbolique pour célébrer le Jour de la Terre, où les femmes Innu de la Côte-Nord furent aceuillies après leur longue marche tout au long de la route 138 en protestation contre l’invasion de leur territoire par Hydro-Québec dans la complicité des “hommes d’affaires” de leur Conseil de bande. Pour des reportages vidéo de tous les événements, tout comme des autres manifestations étudiants, on vous invite à aller sur CUTV Montreal.

Pour la libération de la Terre… dans la rue!

Pour un article plus complet sur l’émeute du 20/04, voir: « Plan Mort – Émeute dans le centre financier de Montréal… » , avec toute la porno d’émeutes, sur Sabotagemedia

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