Archive pour CLASSE

Un coup du passé récent: Retour sur 2012

Posted in Actions, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2015/04/21 by anabraxas

Notre traduction de « A Blast From The Recent Past », une entrevue avec un gréviste anarchiste sur son expérience et sa perception de la grève étudiante de 2012 au Québec, publiée dans le récent numéro de Fire to the Prisons (« Feu aux prisons »). On trouve que l’interview fait un bon retour critique d’ensemble en amenant une perspective historique plus large de la grève éudiante par ici (du moins depuis les derniers 10 ans… ’96 commence à être déjà une autre époque). À la lumière de la tournure plutôt dramatique des événements récents dans le milieu étudiant, on a cru bond de rafraîchir la mémoire de certain-es et éduquer d’autres sur le passé de cette lutte, surtout sur toutes les bonnes réalisations laissées derrière sur le chemin tortueux de la révolte, pouvant être reprises comme tous ces trucs cools et parfaitement réutilisables qu’on trouve souvent sur le bord des routes d’UNE SOCIÉTÉ DE MERDE QUI VEUT SIMPLEMENT PAS S’ARRÊTER… même avec des votes de grève. Surtout pas avec des votes de grève.

(D’autres textes de l’intérieur du Printemps 2015 seront retransmis ici prochainement. Vous êtes aussi invité-es à nous filer vos propres textes si vous avez des réflexions, sentiments, critiques, questionnements à communiquer.)

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En février 2012, lorsque le mouvement Occupy s’atténuait, une grève a éclaté contre les mesures d’austérité dans le système d’enseignement supérieur au Québec. Se voyant mpêché d’occuper des immeubles comme il a fait en 2005, le mouvement étudiant a développé une stratégie d’interruption économique: bloquer les entreprises, interrompre des conférences et des événements touristiques, et propager le chaos dans les rues. À son sommet, il a entraîné un désordre surpassant tout mouvement en Amérique du Nord depuis une génération. Ce qui suit est un interview avec Steve Duhamel, alias « Waldo », un ex-étudiant et Québecois frustré.

Feu aux prisons : Qu’est-ce que c’était le contexte pour les soulèvements, mobilisations et émeutes massives qui ont éclaté à Montréal en 2012 ? Qu’est-ce qui a eu lieu avant ces événements et les a propulsés?
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L’interdépendance économique: chaînes d’un esclavage mondial

Posted in Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2014/11/23 by anabraxas

Sam Mbah sur la résistance anarchiste en Afrique

Suite au décès récent du militant et historien Nigérien Sam Mbah, on traduit et diffuse l’extrait d’une entrevue avec Sam, enregistrée en Mars 2012 à Enugu, Nigéria. Vous pouvez aussi écouter l’audio de l’entrevue ici.

Intervieweur: Ces dernières années on a définitivement vu une multiplication de régimes autoritaires dans plusieurs parts du monde, et de mesures d’austérité, à la veille des attaques terroristes du 11 septembre aux États Unis et la crise financière mondiale, plus récemment. Comment vois-tu ces enjeux, et comment ont-ils affecté l’Afrique et la lutte ici?

Sam: Quand j’ai écrit l’Anarchisme Africain avec mon ami, nous l’avons écrit sur la toile de fond de trois décennies de régime militaire, presque quatre décennies, au Nigeria. Le règne militaire était une forme qui croyait en une sur-centralisation des pouvoirs, et la dictature, telle qu’elle était, et une varitété qui a évolué du capitalisme. Or alors la société Nigérienne et la majeure partie de l’Afrique était sous l’emprise d’un régime autoritaire militaire, aujourd’hui nous avons nominalement une administration civile, une démocratie civile nominale.

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Grève étudiante: le spectacle a frappé!

Posted in Appel, Réflexions with tags , , , , , , , , , , on 2012/09/01 by anabraxas

(ou « Deux Ex Machina du théâtre électoral »)

À tous les grévistes qui se sont laissé subjuguer par le politique, et pour les autres aussi…

 

Le spectacle a frappé,

Du fouet de sa domination sur nos cerveaux.

 

Une fois les vacances terminées,

Les grévistes ont décidé en grand nombre de replonger dans la société,

Votant une trève électorale,

Pour voter la paix sociale.

 

Notre capitulation face au Pouvoir de l’État,

Elle sera signée quelque part sur un bulletin de vote,

Car nous ne sommes tous, pour eux, que des statistiques.

 

Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé?

Pour de nombreuses personnes, en fait, cette grève a été comme une charge révolutionnaire contre une société sordide, celle de l’austérité, qui n’est pas seulement qu’une série de coupures pour faire plaisir à un cartel financier supranational, mais aussi plus profondément un régime autoritaire avec des prisons qui se multiplient, la criminalisation de la dissidence, l’invasion corporative partout, une société de contrôle qui supporte ça, avec des tonnes de gens qui se font prescrire de la merde chimique, pluggés sur les médias de masse, se faisant piquer comme du bétail, gobant tout le prêt-à-penser comme les one-liners sur Twitter et autres médias socio-corporatifs, où on doit maintenant y mettre toute notre vie comme si elle appartenait à Facebook inc.

Mais je me rappelle aussi ce que c’est qu’être étudiant-e. C‘est d’être un-e perdant-e, profondément aliéné-e au résultat de 15-20 ans de programmation; de voir défiler ses rêves pendant qu’on est conscrits dans une salle de classe endormante à copier-coller tout ce que le prof dit comme des robots, n’ayant que le local d’asso comme salle de récréation (encore, si on est chanceux), comme dans une grande secte de l’État corporatiste et de son industrie. C’est de retourner à son rêve vide, continuellement recyclé et réimposé, du progrès, du développement… Et le progrès de quoi, au juste? Vers où? Et pourquoi? C’est pas important. Faut juste produire, pis produire, pis encore produire pour le progrès, soldat! Point.

Et “ferme ta gueule!”, comme disent si bien les flics de la démocratie.

“Mais… mais… c’est pour une société plus juste!”

Le conflit étudiant, me sembla être la plupart du temps que du gros spectacle bien juteux. Ma déception (personnelle, interpersonelle, sociale… totale), je l’ai trouvée surtout dans ces super-méga-manifs chronométrées de plusieurs centaines de milliers de gens, où nous avions tout le centre-ville à portée de main, où la police ne pouvait absolument rien faire pour nous faire “bouger de là” (étant environ cent fois plus qu’eux dans les rues), où nous avions qu’à nous poser, un peu partout, surtout dans des hauts lieux du pouvoir financier ou policier, faire connaissance, discuter de plans de match, refaire le décor selon notre inspiration, se faire des Barbecue, faire l’amour sur la place publique, dévaliser à profusion les magasins et y prendre ce qu’on a besoin pour vivre, crever les pneus des autobus jaunes, refaire le monde dans l’ici et maintenant en s’autogérant, en se prenant en main… Nous n’avions pas à attendre d’être en nombres plus contrôlables par les autorités pour reprendre, occuper et refaire le monde, nous avions seulement qu’à le faire, sur le moment, car à plusieurs reprise nous nous sommes donné ce pouvoir que nous avons refusé de prendre, tout en l’affirmant sous le regard des médias. Nous ne l’avons pris que plus tard, à petite échelle, dans les assemblées de quartier. Étais-ce trop tard, ou n’était-ce qu’un commencement de quelque chose de plus profond? C’est au gens qui y participent d’y amener ou voir la réponse, pas à moi…

Car il est vrai que de casser les vitres, décorer les facades, foutre le bordel dans les rues de l’État capitaliste, c’est aussi de casser l’image et le fonctionnement de sa société. Mais au-delà ce ça, il y a aussi un monde de liberté à créer, par la base. On ne peut plus se permettre de rester à refaire le monde entre quatre murs, à se complaire dans notre alternativité alros que dehors règne le fascisme ordinaire. C’est le moment, plus que jamais pour que le vrai monde reprenne la place publique et s’y impose comme la seule forme de pouvoir légitime. Pas parce qu’il est plus “à Gauche », “plus juste” ou qu’il porte des drapeaux qu’on aime plus, mais parce que c’est le nôtre; et pas celui d’une élite faite de gens qu’on connaît pas, de représentants qui ont personnellement rien à voir avec moi, toi et nos proches.

Nous savions tous-tes, aussi, plus ou moins consciemment, que ça n’avait pas à voir qu’avec “la hausse des frais”. Que la hausse des frais se déroule aussi partout ailleurs dans le système; dans la bouffe, les loyers, billets de transport, et toutes les autres taxations de ce qui fait notre quotidien. Ça n’empêche pas qu’ils continueront, peu importe la marionette au pouvoir, à obéir au doigt et à l’oeil de la haute finance mondiale cachée derrière des entités corporatives. Car maintenant, tu sais… on est tous, un peu partout à travers le globe, sous la domination du même empire.

Tu réaliseras que le but de cet ordre capitaliste, c’est d’être englobant, de contrôler et profiter de chaque aspect du fonctionnement de la société, jusqu’à ses moindres détails; alors qu’on se fait nier le droit de profiter de notre vie pleinement, et comme on l’entend. Ce n’est pas une société individualiste, comme la Gauche autoritaire a tendance à nous faire croire. Bien au contraire, c’est une société où règne, un conformisme sectaire, fait pour maintenir les privilèges d’élites capitalistes. Ce conformisme, il est partout, et partout où il est il peut être récupéré et rentabilisé. Vous l’avez vu, fort probablement aussi expérimenté, durant la grève étudiante avec l’embrigadement à Facebook et Twitter, où c’était assez difficile d’organiser quoi que ce soit sans léguer un tas de données personnelles à une batterie de scripts invasifs (au cas où tu saurais pas, si tu as fait de la mob de cette façon, toi et tes amis-es êtes fichés à vie). Comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives sur le net…

Et conformisme rime aussi avec travail, et études. Il n’y a pas de différence avec l’embrigadement militaire et la discipline dans les universités québécoises, surtout sous la loi 12. Mais de suivre les tendances mode, de se lever de force le matin pour arriver à l’heure, de fonctionner légalement en société, c’est aussi une sorte de travail, or tant qu’il y a du travail, y a du profit à aller chercher. C’est la Matrice par laquelle ils dérivent leurs net profits. Or une “grève générale illimitée” ne peut être qu’envers tout ce système de collaboration/exploitation, or elle n’est qu’une autre grève partielle, visant à rajuster les conditions de collaboration/exploitation. Ça n’a donc pas tant à voir avec le nombre de gens ou secteurs qui embarquent dans la grève, qu’avec la grève en tant que rupture totale avec le système dans son ensemble.

Contre le cancer de l’austérité, qui n’arrête pas, ou contre la société qui le soutient?

La source du problème de l’austérité n’est pas tant dans la privatisation, ou même encore la propriété privée, mais dans la propriété, tout simplement. La propriété en soi étant la définition abstraite d’un rapport de domination totale (exclusivité) sur un espace, un bien, un corps. C’est le résultat d’une appropriation intimement liée à l’invasion coloniale qui se déroule ici depuis des siècles, fondé sur un concept entièrement raciste et religieux, amendé à l’origine par des décrets de l’Église et des monarques européens. Dans un tel schème, les non-citoyens de la colonie (autochtones ou tous les autres non-sujets de la Couronne) se voient privés des biens appropriés -par ruse ou par force- par l’État conquérant. Une fois cédé ou vendu à des compagnies sanctionnées par ce dernier, la propriété devient l’exclusivité unique du/des propriétaires. L’ère des rébellions républicaines se solda directement par une cession d’une grande partie des “biens” de l’empire, à de “grands citoyens” de la colonie, les bourgeois. C’est ça le capitalisme, né d’une relative “cession de bail” de la monarchie/Église au cours des deux derniers siècles. Sauf que les terres cédées étaient en elle-mêmes le résultat d’une concession des peuples autochtones, acquise de ruse ou de force. Pour des gens qui ne connaissaient pas la notion d’exclusivité de la propriété terrienne -comme les autres formes de propriété d’ailleurs- il était facile pour les envahisseur de négocier l’accaparation de territoire.

Mais peu importe… à la source, la séparation avec la Terre -soi-même et les autres, commence avec la propriété, et peut être surmontée seulement lorsque la propriété est efficacement subvertie, volée, usurpée, brisée ou annulée. Aussi dans le rapport à soi, et aux autres.

C’est pourquoi la “destruction de la propriété” est maintenant un des péchés capitaux dans leur religion mercantile, que des gens servent maintenant des peines de plusieurs années de prison juste pour ça, au Canada, aux États-Unis, en Europe… dans les purgatoires de béton de “nos” démocraties, à l’ombre de la société. La propriété, c’est aussi la pierre angulaire de l’État capitaliste, ce qui lui donne toute sa raison d’être depuis le commencement. Il s’agit donc pas d’une tendance “néo-libérale” déviante, étrangère à un “État démocratique”, de la part de porcs encravatés “de droite”. Le capitalisme est le fondement de cet État.

Comme il n’y a pas eu d’État socialiste au Québec ou au Canada, seulement un système keynesien (de Keynes, qui a orchestré le New Deal), employé comme mesure palliative très efficace à une époque où l’Ennemi communiste devenait une concurrence vraiment redoutable, où les mouvements populaires et ouvriers -déjà radicaux à l’époque- rendaient le Pouvoir inconfortable. Cet État-Providence s’est avéré être une invasion très puissante de la société québécoise, et en parallèle avec l’invasion américaine depuis les années ‘50, préparait le terrain pour une invasion corporative de la société en entier, et bien au-delà, aussi de la société. Or la critique du néo-libéralisme est désuette, tout comme sa revendication d’une sorte de retour à la “bonne vieille” social-démocratie.

Tout ceci fait partie de l’État bourgeois, patriarcal et colonial. Comme tous les chefs de la démocratie, et notre rock star Gabriel N. Dubois et les chefs de Conseil de bande autochtones -à titre d’exemples- en font partie. Surprise, surprise! Ils sont tous des figures de la domination mâle. L’État est une pieuvre; son pouvoir pénètre, infiltre, récupère tout ce qui accepte sa présence, tous ceux et celles qui acceptent son autorité -Blanche et patriarcale, comme toujours- dans leurs rangs. Et une fois que vous serez pacifié-es, il vous fera payer. Car comme depuis le tout début de la colonie Française, tout doit passer par un comptoir, ou bureau, que ce soit par dessus ou en-dessous.

Ça, c’est la démocratie.

Tu votes, et tu paies. Et selon leurs conditions, pas celles que t’as choisi.

Mais nous savons, aussi, que tout ce pourquoi on nous fait payer pourrait et devrait être gratuit, et je vous donne entièrement raison là-dessus. Pas juste l’éducation, mais la société et tout ce qu’elle produit devrait l’être aussi, car à priori c’est nous tous-tes qui en sommes les producteurs. De son spectacle aussi et surtout.

Pareillement, nous sentons tous-tes la tarification comme une pression économique dictatoriale, et c’est précisément ce qu’elle est. Tout comme la bureaucratisation des droits à un travail décent, sa soumission à une batterie de “privilèges » de classe (la panoplie de cartes, licenses et ordres professionnels). Les gens qui étudient dans des techniques connaissent bien l’étendue du problème, surtout les gens immigrés, surtout ceux venant d’en-dehors des pays du Nord. Que les possibles de la société soient ainsi fortifiés rendent le travail clandestin sous-payé, le commerce de drogues, la prostitution comme la voie accessible pour pleins de gens, études ou non.

Et la société de contrôle est rentable pour ses exploitants; c’est la raison cachée du pourquoi elle se fait toujours plus contrôlante et envahissante. Il n’y a pas, apparement, de complot mondial secret. Ça n’a à voir qu’avec du gros fric, et du gros pouvoir. Avec la même vieille accumulation de capital. C’est pour cela que les prisons continuent de grossir, deviennent des usines à production de tout le sous-capital, et se multiplient.

Et en même temps, les prisons sont d’efficaces épouvantails pour les citoyens à l’extérieur, en support aux emmerdeurs violents -les flics- dans les rues, pour que tout le monde paie et fonctionne légalement en société.

Aussi une justification inconsciente pour la lâcheté hypocrite des gauchistes, qui critiquent l’injustice seulement quand c’est sous forme de revendication politique, mais la laissent passer sous leur nez sans broncher. Car… ben… y a trois maisons d’accueil pour héberger les centaines de sans-abris à chaque hiver à Montréal. Car y a des groupes communautaires pour “défendre” les droits des réfugiés, et ceux des locataires qui se font exploiter, et y a la DPJ pour “protéger” les jeunes des méchants abuseurs, proxénètes et pushers et les tenir loin des prisons, sous la “protection” et regard attentif des intervenants sociaux qui leur donnent des pillules pour leur “bien-être”… Vrai, non?

Non, vraiment pas.

Si la gestion de crise est aussi répandue et à la fois aussi contrôlée et bureaucratisée (par l’État, soit), essentiellement inefficace et passive, et profondément contradictoire face à ses propres prétensions, c’est parce qu’elle est profitable pour les exploiteurs. Même la Guerre au terrorisme, de façon plus globale, a connu un vaste succès quand à multiplier le trafic d’armes, de drogues dures, de marchandise humaine et les contrats de mercenaires, à un temps où il leur manquait un grand Ennemi contre qui faire la guerre sur la scène mondiale.

Et peu importe quel pantin prendra le pouvoir, ça n’y changera rien. Ils continueront de s’approprier de tout, par la violence d’État, ou par l’achat “sympa” de l’opposition politique. Même si un nouveau pantin négocie avec les étudiants les conditions plus du retour à l’assujetissement ordinaire (ou du non-redéclenchement de la grève), pas grand chose n’aura changé, à l’exception des milliers d’étudiants ou ex-étudiants qui se verront emmerdés par la judiciarisation/criminalisation durant des mois, des années pour s’être soulevés.

…mais pourquoi je vous parle soudainement de tout ça? Ça n’avait à voir qu’avec la hausse des frais de scolarité!

Bref, on ne règlera pas le vieux problème de l’austérité sans s’attaquer à sa source. Et cette source, c’est pas “les Libéraux” ou même “la Droite” ou le “néo-libéralisme” (ou de façon plus mineure pour les nationalistes, “les Anglais”, “les Américains » ou, pire encore, les bons vieux “Juifs”). C’est le capitalisme oligarchique qui domine sur tous les États membres du G20, comme plusieurs autres. Pour s’en prendre à cette structure de pouvoir mondial, il ne s’agit pas que de s’attaquer aux intérêts les plus évidents du gouvernement, mais ceux du réseau de parasites mafieux qui en tire profit par le haut. C’est aussi d’attaquer le système qu’ils nous imposent comme étant la seule condition de vie qu’on puisse se permettre en ce monde; celui-là, même, dont ils profitent par ses dispositifs multiples. S’en prendre à tout ce qui entretient notre esclavage, la perpétuation de la machine. C’est pour ça que les “méchants casseurs” couverts de noir, comme d’autres moins uniformes, s’en sont pris si souvent aux banques, magasins corpos, Centre de Commerce Mondial, tours à bureaux, Palais des Congrès, conférence de presse de fédé, CÉGEPs sous injonction, quais de métro, voies ferrées, autoroutes, stations de flics et centre de recrutement des Forces armées. Car tout ceci -et bien plus encore- fait partie de l’État capitaliste. Ça va plus loin que seulement Loto/Hydro-Québec et les bureaux d’un Ministère; le Pouvoir est beaucoup plus haut et profond qu’une bande de gentils fonctionnaires “qui se branlent toute la journée” dans leurs cubicules ou bureaux privés.

Le fait de suspendre la grève pour fins électorales est de se mettre à marcher avec le même Pouvoir que nous avons combattu durant cinq mois. Mais là -non seulement dans les votes mais dans la participation aux AGs- se trouve la ligne de démarcation sacrée, enfin dévoilée au grand jour, nous permettant de distinguer tous les gens soumis à l’État -par choix ou compromis- et les gens qui sont réellement en grève générale illimitée. Entre les gens soumis à la politique-spectacle et ceux-celles qui veulent refaire le politique à partir de la rue.

Car vous avez sûrement remarqué tout comme moi que la grève a créé un nouveau pôle du pouvoir, situé dans la rue, en opposition au pôle situé quelque part “en haut”, derrière l’écran, le bureau, la matraque. C’était le début de la réalisation collective qui s’appelle une “révolution”, quoique bien-sûr c’en était pas encore tout à fait une. Mais le Pouvoir a depuis longtemps développé des armes réactionnaires contre presque toute forme de révolution, et le cirque électoral en est une, parmi d’autres.

L’enjeu du cirque électoral est de faire la promotion du pouvoir hiérarchique (par le haut) tout en aliénant le pouvoir de l’autonomie populaire (par le bas), et entre les deux se joue le jeu d’intégration horizontale, l’influence par les côtés, par la conformité, par la “corruption positive”.

Ce n’est pas pour rien, après tout, que le suffrage universel et l’idée d’État démocratique se sont répandus à l’époque des premières Internationales, durant une période où l’ordre capitaliste était pour en prendre un sale coup, et que le prolétariat commençait à réaliser son propre pouvoir. Ce sont des Internationales que le réformisme politique est issu, pour offrir une solution plus “humaine” à un Pouvoir capitaliste jusqu’alors essentiellement antisocial et brutal. Le socialisme, comme sa forme encore plus accomodante et fasciste de la social-démocratie, n’est qu’une vieille façon de sucrer la pillule du capitalisme, alors que les prisons continuent de se peupler, la police continue de réprimer et les armées d’envahir à l’étranger. Le militant socialiste n’est en fait qu’un capitaliste, juste qu’il porte la barbe plutôt que la cravate, porte le carré rouge plutôt que le logo corportatif, même si nous savons bien que les costumes changent une fois qu’ils deviennent grands… Conformisme oblige.

De toute façon, le socio-corporatisme est la nouvelle tendance, à l’échelle mondiale. C’est le système maintenant officiel en Chine, la nouvelle façon de marier capitalisme sauvage et socialisme autoritaire; de préserver le pire du capitalisme (ou meilleur, dépendamment du point-de-vue) et le renforcir par le bon vieux collectivisme sectaire des bolcheviques, les premiers vrais “carrés rouges”. C’est un capitalisme hyper-régulé, avec comme principe central la standardisation (de mettre tout le monde sous les mêmes étendards), où t’es sur Facebook, ou t’existe pas. T’es hipster/vegan/queer, ou t’existe pas. Tu votes pour un des partis proposés sur le bulletin, ou t’existe pas.

Vous comprenez, maintenant, la mécanique qui a fait que tous ces moutons ont voté contre leur propre grève.

Car avant tout c’est un pouvoir de l’image. Surtout par l’image. Ce n’est pas pour rien que ce soient les “imagistes” qui se font les bouches et les bras répressifs de l’État à l’intérieur du mouvement étudiant, au nom de la paix sociale, au nom de Radio-Canada. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous jouent la carte de la solution politique par le haut à un conflit social qu’ils ne peuvent pas eux-même expliquer adroitement. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous font leur spectacle de la Démocratie Triomphante, guidant le peuple vers 4-5 autres années de despotisme mafieux.

Leur vieux théâtre bidon, ils nous le crachent aux oreilles, le mitraillent sur le mouvement étudiant comme une arme de destruction massive. “Al-lez-vo-ter » c’est leur rafale de tir la plus fréquente. Quatre syllables, juste pour être sûrs de pas rater leurs cibles citoyennes. Et presque tout laisse à croire que ça a relativement fonctionné.

La politique officielle n’est que spectacle, et le spectacle, c’est la nouvelle religion.

Maintenant en version HD et payante, à la mode de l’austérité, sous le regard bienveillant de Big Brother Inc et son armée de caméras et de téléphones intelligents qui font de vous maintenant une star (des services de police, surtout), comme avec le programme Trapwire récemment dévoilé par Anonymous. Faites vos recherches. Je crois que c’est crucial, surtout par intérêt stratégique- que tout-e militant-e comprenne bien à quel point le Spectacle et le Pouvoir sont indissociables, qu’ils sont une seule et même chose, alors qu’une grande partie du jeu de domination de l’État se déroule à travers les médias de masse, où toute l’étendue de sa violence réelle est glissée sous le tapis.

Le spectacle, c’est l’arme la plus puissante du pouvoir.

Or quand on se voit à travers d’eux, comme un faux-miroir d’une image fictive de la masse, eh bien c’est tout à fait logique qu’on se mettre à agir selon leurs directives.

Mais les anarchistes et autres gens ayant une perspective plus profonde de la grève n’ont pas perdu. Probablement même que le milieu s’est élargi de hordes de nouveaux insurgé-e-s -du moins en devenir- qui vont à leur tour elles-eux-aussi animer une lutte de résistance peut-être encore plus sauvage et redoutable qu’elle ne l’a jamais été, repoussant toujours plus les limites de la réalité, du possible, du “socialement acceptable” à la con.

Les seuls vrais perdants sont ceux qui ont mis leur foi et énergies dans les processus politiques autoritaires, qui maintenant se font balayer par le raz-de-marrée électoral et médiatique, soit par une politique qui leur est ascendante, et en même temps condescendante. Une fois de plus, le politique les a berné. Ceux qui vont se retrouver dans leur esclavage quotidien en salle de classe ou sur le lieu de travail. Ceux qui vont avoir tout oublié, dans quelques années, de ce qu’ils ont fait durant ces six mois de soulèvements populaires, tout bien enterré sous une routine de servitude quotidienne coulée dans le béton armé. Et puis peut-être dans quelques années, qui sait… Si c’est ce que vous voulez, citoyens, vous l’aurez, et pas juste à peu près. Ne vous méprenez pas en pensant que vous n’avez fait que voter pour une “trève électorale”, car vous avez fléchi, et le Pouvoir saura vous faire fléchir encore plus quand le moment viendra. L’attaque policière à l’U de M, vous pouvez pas le mettre exclusivement sur le dos du recteur et la loi 12. Si vous n’aviez pas saboté votre propre mouvement deus semaines avant, y aurait eu pas mal plus de gens pour soutenir les braves qui continuent de faire la grève, plutôt qu’une masse de gens qui sont en “trève”. Là se voit votre traîtrise en tant que citoyens-collabos, esclaves du Pouvoir.

Il n’y a pas de trève dans une grève, surtout pas quand on a, à plusieurs reprises, confirmé l’ntention de la perpétuer indéfiniment… disons jusqu’à la gratuité. Car à quoi ça rimait, toutes ces AGs de reconduction de grève, sinon qu’une tentative récurrente par des agents réactionnaires de saboter le mouvement de l’intérieur? Pourquoi des crisses de votes de reconduction alors que le mouvement se compte par centaines de milliers dans les rues?

C’est quoi votre problème avec la réalité, à la fin?

Peu importe votre magouille, tous celles et ceux qui ne se sont pas laissé-es jeter de la poudre aux yeux par le cirque de la démocratie, nous lutteront encore à faire chavirer la société autoritaire et son ordre totalitaire. Car nous nous sommes prononcé pour la grève générale illimitée. Plusieurs, même, pour une grève sociale infinie. Et toujours plus nombreux-euses et fort-e-s, toujours plus solidaires dans l’action, mondialement, nous continueront de causer des brèches ou de carrément mettre le feu dans votre monde de carton-pâte que vous restituez, même défendez.

Y a pas 400 000 solutions à l’esclavage, y en a que deux: qu’on reste dedans ou qu’on se batte pour s’en libérer.

Deux, aussi, car le monde qu’on désire avoir, pour nous et nos enfants, il commence entre les quatre yeux de deux personnes, et non entre tes deux yeux et l’oeil d‘un télécran du Ministère de la Propagande.

À travers votre collaboration au politique, surtout sa représentation, l’État gagne une fois de plus.

À bas le vote, à bas le Capital.

Pour la continuation de la grève… sociale et infinie!
– d’un(e) vétéran de toutes les grèves étudiantes

Quebec: Railroad Sabotage During Big Capitalist Conference in Montreal

Posted in Actions, Appel, Reportages with tags , , , , , , , , , , , , on 2012/06/16 by anabraxas

A major railroad was sabotaged during the evening of Wednesday June 13th, in a farming area near Farnham, Quebec, in response to the call by the CLASSE for a day of nation-wide actions against the Montreal Conference of the International Economic Forum of the Americas.

The train signals system was turned on by sabotaging the electric box that controls the signals near an intersection, which eventually prompted the train traffic to be suspended for a moment. This location was carefully picked up, not only for the easy task it was, but above that for the crucial nature of the merchandise it transports, including a lot of filthy oil coming from the tar sands in the West, before this sole railway divides into different destinations such as Sherbrooke city, Bromont’s techno-park (which hosts some of the biggest names in the high-tech industry, including the infamous IBM) and further down on to New England.

This was just a beginning. There are many more fluxes that are crucial to the functionning of this system of oppression and its Holy Merchandise, and we are committed to do it again, and strike targets that will always hurt them more. Given our indefinite number (that ain’t an « invisible committee » for nothing), it is strongly recommended that each and every striker or supporter gets her/his hands dirty, alone or into groups, because we do not believe that these feel-good demosntrations will be enough to make Power change his mind. And the proof is in plain view… months of strikes, and even with our many fine hits and great achievements, especially in the face of the judicial/police despotism, the government still won’t give a damn about our most basic demands, and the cops are now clamping down on mainstream dissenters like they’d do with dangerous criminals. We are under a dictatorship, because liberty is now being considered a high crime.

To let this train ride -this very train that allows them to profit from the devastating exploitation- is to collaborate in silence. We say: « ENOUGH WITH THIS SHIT! » This can’t go on like this. The techno-industrial society, because it intoxicates the living and destroys conditions of life, must be FORCED to a stop, or else it’ll soon be forcing us into mass graves! Fukushima was only the first sign of this ongoing catastrophy.

So we will make sure that the capitalists are paying for their abuse. Maybe the bill wasn’t very heavy, but we all can add our two cents!

Sabotage isn’t some vanguardist tactic or some childish vandalism, neither it is a provocation on the part of « smashers from outside of the movement » just as the filthy cops dare to spit in our ears (but who’s still stupid enough to even listen to them?). It has long been a completely rational and legit course of action, that empowered ALL of the strikes that changed history. In the face of a machine that’ll never discuss anything and always enforces its conditions through dictates, sabotage is one of the means to communicate revolt by putting it in relation with a wider uprising, and by imposing our own conditions to the crooks in power; that they walk along with these, or die along with their system!

This small gesture of resistance to the one-way train of industrial capitalism that has now become completely out of control was committed in solidarity with all the arrestees before and during this Grand Prix weekend (where the police has put their lives on the line for Bernie Ecclestone, notorious wealthy fascist) especially with Mathieu Girard, brutally arrested and detained during the funeral of his sister (our condoleances, comrade) and Andrea Pilote, arrested on the highway in strangely the same manner they shot the legendary Jacques Mesrine. Even if we do not know them, our hearts burn with blazing solidarity for these two comrades who fell victims of police violence. We also feel as much solidarity towards the Informal Anarchist Federation (FAI) folks in Europe and South America, and for the native people around the planet who still are struggling for their land.

– Invisible Committee for the End of Their History

Source: Anews

Québec: sabotage ferroviaire contre la Conférence des capitalistes

Posted in Actions, Appel, Réflexions, Reportages with tags , , , , , , , , , , on 2012/06/15 by anabraxas

Trouvé sur Juralib

Une voie ferrée d’importance a été sabotée ce mercredi 13 Juin au soir, dans un secteur rural près de Farnham, Qc, en réponse à l’appel de la CLASSE pour des actions nationales contre la Conférence de Montréal, du « Forum Économique International des Amériques », un meeting de gros gangsters corporatistes.

Le système de signalisation a été déclenché en sabotant une boîte électrique contrôlant les signaux de train à une intersection, provoquant une éventuelle suspension de la circulation des trains sur cette voie durant quelques heures. Ce lieu a été soigneusement choisi, non seulement à cause de la facilité de la tâche, mais surtout l’importance de la marchandise qui y circule, notamment beaucoup de sale pétrole provenant des sables bitumineux de l’Ouest, avant que cette voie unique ne se sépare vers des destinations comme le techno-parc de Bromont, Sherbrooke et plus loin vers la Nouvelle-Angleterre.

Ce n’était qu’un début. Il y a de nombreux autres flux cruciaux au fonctionnement de ce système d’oppression et sa marchandise sacrée, et nous promettons de recommencer, et frapper des cibles qui feront toujours plus mal. Vu notre nombre indéterminé (ce n’est pas un « comité invisible » pour rien), il est fortement recommandé que chaque gréviste et sympatisant(e) s’y mette aussi la main à la pâte, seul(e) ou en groupe, car nous ne croyons pas que des manifs bien gentilles seront suffisantes pour perturber le système des « osties de crosseurs » et créer un rapport de force suffisant pour faire plier le Pouvoir. Et la preuve est là… des mois de grève, et malgré nos bons coups et grandes réussites, surtout face au despotisme judiciaire-policier, le gouvernement se fout toujours autant de nos revendications, et les flics s’en prennent maintenant à des dissident(e)s comme à de dangereux criminels. Nous sommes sous une dictature, car ce qui est un haut crime, maintenant, c’est la liberté.

De laisser son train rouler — celui qui lui permet de tirer profit de son exploitation dévastatrice — c’est de collaborer dans le silence. Assez de cette soumission de merde ! Ça ne peut plus continuer comme ça. La société techno-industrielle, parce qu’elle intoxique le vivant, doit être forcée à l’arrêt, sinon c’est elle qui nous forcera dans l’hécatombe. Fukushima n’a été que le premier signe de la catastrophe en cours. Nous voulons nous assurer que les capitalistes paient pour ces abus. Peut-être la facture n’a pas été assez salée pour eux, mais nous pouvons y ajouter notre grain de sel.

Le sabotage n’est pas une tactique avant-gardiste ou du vandalisme infantile, et ce n’est pas non plus de la provocation de la part de « casseurs étrangers au mouvement », comme ces sales flics nous crachent aux oreilles (qui est assez stupide pour encore les croire ?). Le sabotage a été par le passé un recours tout à fait rationnel et légitime, renforcissant toutes les grèves qui ont changé l’histoire. Face à une machine qui ne discute pas, qui impose ses conditions par le dictat, le sabotage est une des façons de communiquer sa révolte en la joignant à d’autres, tout en imposant ses propres conditions aux escrocs au pouvoir; qu’ils marchent, ou que leur système crève!

Ce petit geste de résistance au train du capitalisme industriel — qui est maintenant devenu hors de contrôle — a été commis en solidarité avec tous-tes les arrêté(e)s en relation à la semaine du Grand Prix — où la Police se mit au service de Bernie Ecclestone, riche et fasciste notoire — en particulier pour Mathieu Girard, brutalement arrêté et détenu durant les funérailles de sa sœur (condoléances, camarade) et Andrea Pilote. Nous ne les connaissons pas, mais nous sentons profondément solidaires avec ces deux camarades victimes de violence policière. Comme avec les gens de la Fédération Anarchiste Informelle (FAI) d’Europe et d’Amérique du Sud, et les peuples autochtones de partout, en lutte pour le respect de leurs terres.

– Du Comité invisible pour la Fin de leur Histoire

Appel général aux grévistes: cassons le spectacle!

Posted in Actions, Appel, Réflexions with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 2012/05/23 by anabraxas

Ce que le spectacle a pris à la réalité, il faut le lui reprendre. Les expropriateurs spectaculaires doivent être à leur tour expropriés. Le monde est déjà filmé. Il s’agit maintenant de le transformer.

– « La Société du Spectacle »

Sa violence systématique contre les grévistes et manifestant(e)s ainsi que son terrorisme de la Loi ne sont que les signes flagrants que cet État en est à ses derniers recours, faisant face à un soulèvement populaire qu’il ne parvient à gérer, ni contrôler, dû à son relatif manque de chefs et d’organisation centrale, à sa désorganisation constructive. La Police étant sa force armée la plus puissante en sol Canadien (davantage que l’armée désuette et inutile que nous avons ici) cette batterie de mesures dictatoriales, saupourées d’une couverture médiatique paternaliste et manipulatrice à l’extrême, sont parmi les dernières armes qu’il peut lancer contre nous dans l’espoir de nous faire peur, de nous faire plier à une soumission impossible, du moins pour un moment.

Du moins pour l’Été.

« C’est ça que j’aime! »

Mais pourquoi l’Été? Parce que, comme nombreux-ses doivent l’avoir déjà deviné, pour les capitalistes c’est la saison pour empocher un sacré gros tas de poignon. Durant les derniers mois, étudiant(e)s, grévistes, militant(e)s, nous avons porté atteinte au intérêts des profiteurs associés au gouvernement actuel en nous attaquant surtout aux flux, bloquant les rues, les ports, les ponts durant les heures de pointe, et mené aussi et surtout une lutte brave et largement victorieuse contre les injonctions en bloquant l’accès aux écoles en grève. Notre plus grande victoire, jusqu’à maintenant, a été celle d’affirmer notre pouvoir collectif contre les décrets, menaces et la condescendance du Pouvoir, réussissant à protéger nos avancées sur l’échiquier, en isolant toujours plus ses quelques despotes crapuleux dans leur fièvre de pouvoir, comme le Roi Lear dans sa tour. Et tout ça, sans avoir besoin d’un chef, seulement de figures et de porte-voix, car dans cette partie nous y sommes tous-tes joueuses-eurs pouvons tous-toutes y avoir une influence, à condition bien-sûr de passer à l’action.

Mais il y avait un aspect stratégique majeur que nous avons manqué lors de notre grande charge contre le système d’exploitation (entre autres de l’éducation) dont le gang de Desmarais profite le plus. Un aspect sans lequel l’économie techno-industrielle capitaliste ne pourrait subsister, et qui lui permet de progresser, d’avancer, de se maintenir et se multiplier. Un aspect à la fois si intangile et fragile que beaucoup passent à côté sans ne le remarquer, malgré qu’il se trouve pourtant juste sous notre nez, partout où il soit, surtout en ville. Non seulement ça, mais une forme d’oppression, de violence systémique qui nous harcèle continuellement, tente de dominer nos esprits par le martellement et la manipulation, en plus de nous donner un foutu mal de tête, d’yeux et oreilles. Une aggression qui est, en somme, omniprésente… et les matraques et gaz de la Police, et les prisons, n’en sont que les manifestations les plus physiques.

Cet aspect, vous l’avez peut-être deviné, c’est le spectacle. Comme dans la “Société du Spectacle” des situationnistes, ou bien l’industrie du spectacle, ce moteur qui génère des capitaux tout en restituant le Pouvoir à chaque jour. Cette machine à représentations illusoires, à divertissements préfabriqués, à loisirs prêt-à-porter, qui exploite et nous marchandise, et dont nos “artistes” sont parmi les producteurs-exploités centraux. Des travailleurs-euses, comme dans n’importe quelle autre industrie du Capital.

Le spectacle, dans ce système capitaliste mercantile, est une fonction de la marchandise, et la marchandise est aussi fonction du spectacle qui la représente. Et tout comme la marchandise, il est envahissant, englobant, il essaie d’être partout, sur nous et en nous aussi, tout en n’étant rien, rien d’autre que du vide; produit de la bulle spéculative, du rêve de l’appropriation de marchandise. Si la société n’est qu’une accumulation de spectacle, c’est parce qu’aussi par-derrière, il y a en parallèle une continuelle accumulation de marchandise. Cette économie en entier n’est que spectacle, car elle fonctionne essentiellement par les dictats de la spéculation.

Quoique l’industrie du spectacle est une machine qui soit abstraite, intangible, elle dépend radicalement d’une mobilisation massive de main-d’oeuvre et d’une panoplie de dispositifs, allant de l’équipement électro-acoustique aux kiosques d’information, aux transports et aux chapiteaux, et de la signalisation à l’éclairage. Tous ces facteurs pouvant être mis hors fonction, ou perturbés. Ce qui la rend si fragile dans son fonctionnement, c’est que celui-ci est fondé essentiellement sur l’image, l’image du faux. La scène devient alors le front guerrier divisant le public de la marchandise et du pouvoir, et lui foutant en tête l’image de ce que l’artiste n’est pas. Si moindrement cette image devient ruinée ou perturbée par un “facteur impertinent” quelconque, le spectacle peut rapider nous replonger dans la tragédie et l’ennui du quotidien. C’est quand le silence reprend le dessus, ou la discorde est créée , que la rupture l’emporte. C’est de tels scénarios dont les capitalistes, ceux qui runnent le show, ont peur, tels les despotiques metteurs en scène d’un vaudeville médiocre. Car si le spectacle est perturbé et devient dysfonctionnel, le mirage s’estompe, la statue craque, et les capitaux fuient comme les rats d’un navire qui sombre. Que le spectacle s’effondre ou qu’il devienne sa propre catastrophe en étant retourné contre le système qu’il nourrit, rien n’est plus dévastateur que des spectateurs-trices le faisant chavirer.

Pour revenir à l’immédiat critique de la réalité politique actuelle, c’est en grande partie pour éviter que des scénarios apocalyptiques arrivent au Spectacle que les autorités mettent toute la gomme, à ce moment-ci, pour nous faire taire, nous calmer, nous empêcher de faire continuer le VRAI FESTIVAL de la grève tout au long de l’été, pour sauver la face des inepties complètement vides qui ne veulent pas mourir, comme le Festival Juste Pourri et le Grand Prix du Capitalisme. Notre sacro-saint Festival de Jazz ne devrait pas non plus y échapper -surtout pas lui- tout comme les Francofolies -pourquoi pas- et le FFM… Alors que l’Été ouvre ses bras à nous, tout ce beau spectacle est maintenant à la portée de la grève! Continuons sur l’effort de Xavier Dolan, de faire répandre la grève parmi les artistes, car la grève est aussi à leur portée. Continuons aussi à donner une raison à tous nos camarades d’ailleurs, aussi, à venir faire les “touristes” pour nous aider à briser l’industrie du tourisme, cet été, et leur offrir refuge et camaraderie. Faisons-leur des tours de ville comme ceux des derniers jours, où on n’épargne ni banques, ni flics, ni magasins corpos, ni, surtout, la place publique privatisée et policée. Continuons de s’accaparer la rue et d’y transférer le Pouvoir, malgré la dictature dans le vent et le terrorisme arriéré de la Loi 78, malgré toutes les menaces de lourdes peines et caution dans les cinq ou six chiffres pour les dissident(e)s de toutes sortes. Comprenez le: les tribunaux ne vont JAMAIS faire payer Paul Desmarais pour son activité criminelle. C’est NOUS qui devons leur faire payer la facture, à tous ces patriarches héréditaires et leurs lèches-culs de sous-parasites.

Si nous avons eu la force et le coeur de surmonter tout ça jusqu’à maintenant, l’Été peut être le nôtre, comme le Printemps passé l’a été… Qu’il le soit!

Pour l’anéantissement de tous les Pouvoirs

du « Comité invisible pour la Fin de leur Histoire »

La loi spéciale, on s’en câlisse!

20-21 avril: Manif contre le Plan Nord… Perturbons leur Salon!

Posted in Actions, Appel with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 2012/04/18 by anabraxas

Perturbons leur Salon : manifestation contre le Plan Nord

Manifestation : 11h30, Vendredi 20 avril, Carré Phillips (métro McGill)
Rassemblement festif : 13h30, 20 avril, Palais des Congrès (métro Place d’armes)
À l’occasion du Salon de l’emploi du Plan Nord au Palais des congrès

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas »
– repris par Samian citant Sitting Bull

Ce printemps, les grands capitalistes se rencontrent partout à travers le Québec pour promouvoir l’écocide des espaces nordiques et poursuivre la colonisation des terres des peuples autochtones. Le Plan Nord en est un bon exemple. Le Plan Nord est un plan de promotion d’un développement industriel dans lequel le gouvernement s’engage à rendre disponible les infrastructures pour une nouvelle offensive d’exploitation des ressources naturelles au nord du 49e parallèle.
Salon de l’emploi : Du 20 au 21 avril, ce seront les représentantEs des mines, de l’industrie forestière, de l’État et leurs complices qui seront réuniEs afin de promouvoir le Plan Nord dans leur seul intérêt financier. Aux problèmes de destruction environnementale (ex. 300 mines à ciel ouvert déjà à l’abandon, le détournement et l’assèchement des rivières, perte de la biodiversité) s’ajoutent des problèmes sociaux (ex. augmentation du coût de la vie, contrainte au mode vie occidentale et à son économie de marché, destruction du tissu social).

Après avoir réprimé le blocage de la 138 des InnuEs de Uashat Mak Mani-Utenam le mois dernier, l’État continue de protéger les activités criminelles des entreprises minières, forestières et d’Hydro-Québec.

Peu importe que l’argent aille dans les coffres de l’État québécois, canadien ou des transnationales, ce Plan Nord nous menace en tant que parties du vivant. Le Plan Nord n’est que la continuité du plan de colonisation et de civilisation qui existe depuis l’arrivée des premiers conquérants européens et qui s’est accéléré depuis les 60 dernières années.

En solidarité avec toutes les communautés (et individus?) en résistance au modèle de développement qui leur est imposé, au Nord comme au Sud, nous appuyons activement toutes les communautés qui ont choisi de s’y opposer, des InnuEs du Nitassinan, aux opposantEs CriEs ainsi qu’à toutes/tous les membres en combat des autres nations. Avec eux/elles, pour notre terre, nous sommes la résistance.

Parce qu’en détruisant le vivant, nous nous détruisons nous-mêmes. Bloquons le Plan Nord !

– Le comité organisateur du 20 avril

Groupes qui endossent cet appel jusqu’à maintenant:

Comité Anti-Colonial
Projet Accompagnement Solidarité Colombie
Collectif Contre la civilisation
La Mauvaise Herbe

…et Antidev

(..mais on est pas un « groupe »!)

Source

Recueil de textes contre le Plan Nord,par Diffusion la Mitrailleuse