Déclaration de Alfredo Cospito pour son attaque contre un patron du nucléaire

On reçoit et retransmet…

Il y a un mois à Gênes, le 12 novembre 2013, se conclut le procès de Alfredo Cospito et Nicola Gai pour leur attaque par jambisation sur le directeur d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi, où ils reçurent leur sentence et furent envoyés sous verrou, le premier pour 10 ans et 8 mois et le second pour 9 ans et 4 mois. Selon les dernières nouvelles, le courrier des deux individus sera censuré pour encore quelques moi, et a pourrait être une bonne chose que de faire pression sur l’État italien pour renoncer à cette censure.

Voici une traduction de la déclaration de l’insurgé qui a tiré sur le « sorcier » du nucléaire Adinolfi, mitraillée contre la juge et ses sbires qui ont tenté de le réduire au silence avec des rappels à l’ordre:

Du ventre du Léviathan

“…les rêves sont pour être réalisés ici et maintenant, non dans un avenir hypothétique, car l’avenir a toujours été vendu par les prêtres de quelconque religion ou idéologie dans le but de nous extorquer en toute impunité. Nous voulons d’un présent qui vaut la peine d’être vécu et non seulement sacrifié pour l’attente messianique d’un futur paradis terrestre. Pour cette raison, nous avons voulu parler d’une anarchie à être réalisée maintenant et pas pour l’avenir. Le “tout dans le maintenant” est un pari, un jeu que nous jouons ou l’enjeu est nos vies, les vies de tout le monde, et nos morts, la mort de toute le monde…”

Pieleone Mario Porcu

“La science est le sacrifice de la vie, volante, éphémère mais réelle, sur l’autel des abstractions éternelles. Ce que je prédis est donc une révolte de la vie contre le gouvernement de la science.”

Mikhail Bakunin

“Même quand nous poursuivions un dieu dans tout son faste, une imbécilité infatile l’a recouvert. L’Art -les arts- devinrent suprêmes, et, une fois enthrôné, a enchaîné l’intellect qui l’a élévé au pouvoir.”

Edgar Allan Poe

L’empire qui règne tel un souverain sans fondement s’effondre.
Il ne peut supporter le fardeau de la vérité.
je recommande une dose massive de vie!
je recommande une dose massive de vie!
Au moins de cette façon tu pourras dire que tu l’as vécue.”

Congegno

“Bâtards… je sais qui vous a envoyé!”

Roberto Adinolfi

Anarchie: mot d’origine grecque qui veut dire : «Absence de gouvernement et/ou de commandement».

C’est par un merveilleux matin de Mai que j’ai passé à l’action, et durant quelques heures, j’ai pleinement joui de ma vie. Pour une fois j’ai laissé derrière la peur et l’auto-justification et a défié l’inconnu. Dans une Europe parsemée de centrales nucléaires, un des principaux responsables du désastre nucléaire à venir en est venu à tomber à mes pieds. Je veux être absolument clair: la cellule Olga du FAI/FRI, c’était seulement Nicola et moi. Personne d’autre n’a pris part à cette action ou l’a aidé ou planifié. Personne ne savait au sujet de notre projet.

Je ne vais pas permettre à mon action de se voir jetée dans un obscène et absurde chaudron médiatique et judiciaire dans le but de détourner l’attention loin de ses véritables finalités; un chaudron fait de «subversion de l’ordre démocratique», de «complot», de «gang armé», de «terrorisme»: tous des mots vides emplissant la bouche des juges et des journalistes.

Je suis un anarchiste anti-organisationnel car je m’oppose à toutes les formes d’autorité et de contraintes organisationnelles. Je suis nihiliste parce que je vis mon anarchie aujourd’hui et pas en attente d’une révolution, qui -si jamais elle vient un jour- ne ferait que produire plus d’autorité, de technologie et de civilisation. Je vis mon anarchie avec aisance, joie, plaisir, sans aucun esprit de martyrisation, en opposant de toutes mes forces cet existant civilisé, un existant que je ne peut pas supporter. Je suis un antisocial parce que je suis convaincu que la société ne peut qu’exister dans la différenciation entre le dominant et le dominé. Je ne met pas d’efforts dans une quelconque alchimie socialiste à venir, je ne fais confiance en aucune classe sociale; ma révolte sans révolution est individuelle, existentielle, fortifiante, absolue, armée.

Il n’y a pas de sentiment d’omnipotence en moi, pas de dédain pour l’opprimé, pour le «peuple». Comme un aphorisme oriental le dit: «ne méprise pas le serpent parce qu’il n’a pas de cornes, car un jour il pourrait devenir un dragon!». Similairement, un esclave peut tourner en rebelle, un homme ou une femme peut devenir un feu dévastateur. Je méprise les puissants de la Terre de toutes mes forces, qu’ils soient politiciens, technocrates, chefs de toutes sortes, bureaucrates, chefs des armées ou des religions.

L’ordre qu’on veut abattre est celui de la civilisation, qui détruit tout ce qui fait que la vie vaille être vécue au jour le jour. L’État, la démocratie, les classes sociales, les idéologies, les réligions, la police, les armées, votre Cour elle-même sont des ombres, des fantômes, des engrenages d’une méga-machine qui enveloppe tout mais qui peut être remplacée. Un jour la technologie continuera sans nous et nous transformera tous en atomes perdus parmi un paysage de mort et de désolation.

En ce jour du 7 Mai 2012, j’ai jeté du sable dans l’engrenage de cette méga-machine en l’espace d’une seconde, et durant cette seconde j’ai pleinement vécu et fait une différence. Cette journée-là mon arme n’était pas un vieux Tokaref mais la haine profonde et féroce que je ressens envers la société techno-industrielle. J’ai revendiqué l’action au nom de la FAI/FRI parce que j’ai tombé amoureux de cette folie lucide qui est devenu une poésie authentique, parfois une brise, et d’autres fois une tempête, rageant à mi-chemin autour du monde, indomptable, improbable, contre toutes lois, le «sens commun», les idéologies, les politiques, la science et la civilisation, contre toutes autorités, organisations et hiérarchies.

Une vue concrète de l’anarchie qui ne médite pas sur les théoriciens, chefs, cadres, soldats, héros, martyrs, chartes d’organisations, militants ou spectateurs. Durant des années j’ai été témoin en tant que spectateur du développement de cette nouvelle anarchie. Trop longtemps j’ai observé. Si l’anarchie ne tourne pas en action elle rejette la vie et devient idéologie, de la merde ou un petit peu plus, dans le meilleur des cas une explosion impuissante de gens frustrés.

J’ai décidé d’opter pour l’action, après le désastre nucléaire de Fukushima. Beaucoup trop souvent on se sent impuissants face à de tels événements majeurs. Quand l’homme primitif était confronté au danger, il savait comment se défendre. L’homme moderne et civilisé est désarmé face aux construits/contraintes de la technologie. Comme le mouton se tourne vers le berger pour sa protecton, ce même berger qui va le tuer, de la sorte nous, gens civilisés, faisons confiance aux prêtres séculaires de la science, ces mêmes prêtres qui lentement creusent nos tombes.

On a vu Adinolfi sourire pernicieusement et jouer à la victime sur les écrans de télé. On l’a vu prêcher contre le «terrorisme» dans les écoles. Mais je me demande: qu’est-ce que le terrorisme? Un coup de feu, une douleur brûlante, une plaie ouverte, ou une menace incessante, continuelle, de mort lente qui vous dévore de l’intérieur? Comme la terreur incessante continuelle qu’une de ces centrales nucléaires puisse soudainement vomir mort et désolation sur nous tous?

Ansaldo Nucleare et Finmeccanica portent d’énormes responsabilités. Leurs projets continuent de semer la mort partout. Récemment, la rumeur a circulé de probables investissements dans l’élargissement de la centrale nucléaire de Kryko, en Slovénie, une zone de haut risque sismique très près de l’Italie. À Cernadova, en Roumanie, plusieurs incidents sont survenus depuis 2000, causés par la stupidité d’Ansaldo durant la construction d’une de leurs centrales. Combien de vies ont été perdues? Combien de sang a coulé? Les technocrates de Ansaldo et Finmeccanica, tous au sourire facile et à la conscience «propre»: votre «progrès» pue la mort, et la mort que vous semez partout autour du monde crie vengeance.

Y a plusieurs façons de s’opposer efficacement à l’énergie nucléaire: bloquer des trains transportant des déchets nucléaires, saboter des pylônes transportant l’électricité produite par énergie nucléaire. J’ai eu l’idée de frapper un des plus grands responsables de ce débarras en Italie: Roberto Adinolfi, directeur-manager de Ansaldo Nucleare. Ça n’a pas été trop dur de savoir où il vivait, cinq sessions à se planquer à l’attendre était suffisant. Pas besoin de structure militaire, d’une association subversive ou une bande armée pour frapper. Quiconque armé d’une forte volonté va penser l’impensable et agir en conséquence.

J’aurais aimé le faire tout seul mais malheureusement j’avais besoin d’aide avec la moto. J’ai demandé à Nicola et fait appel à son amitié. Il n’a pas fait un pas en arrière. J’ai acheté le revolver pour trois cent euros sur le marché noir. Pas de besoin d’infrastructures clandestines ou de grosses sommes d’argent pour s’armer. Nous sommes partis en voiture de Turin la nuit précédente. Tout s’est passé en douceur, plutôt. Nicola conduisait. J’ai frappé droit où on avait décidé de frapper. Un tir précis. J’ai couru vers la moto et ensuite, l’inattendu, le cri colérique d’Adinolfi, criant la phrase qui me figea: «Bâtards… Je sais qui vous a envoyé!»

À ce moment j’avais l’absolue certitude d’avoir frappé la cible, alors que j’étais pleinement conscient d’avoir mis la main dans une bourbier: intérêts monétaires, finance internationale, politique, pouvoir, boue, et bourbier. Ces secondes «volées» ont permis à Adinolfi de lire une partie du numéro de plaque, que notre manque d’expérience nous a fait omettre de couvrir. Grâce à ce numéro puis aux caméras ils ont pu retracer la moto.

Ce ne sera pas le verdict de cette cour de nous tourner en méchants terroristes et Adinolfi et Finmeccanica en bienfaiteurs de l’humanité. Le temps est venu pour un grand refus, un refus fait d’une pluralité de résistance, chacune d’elles spéciale. Certaines sont possibles, nécessaires, improbables; d’autres sont spontanées, sauvages, solitaires, coordonnées, débordantes ou violentes. La nôtre fut solitaire et violente. Ça en valait la peine? Oui! Seulement pour avoir entendu au sujet du sourire défiant que Olga Economidou, brave soeur de la Conspiration des cellules de feu, a lancé au visage de ses gardiens à partir d’une cellule d’isolement solitaire d’une prison Grecque.

Je suis content d’être ce que je suis, un homme libre même si je suis temporairement enchaîné. Je peux pas beaucoup m’en plaindre, étant donné que la vaste majorité du «peuple» ont des chaînes dans leurs cerveaux. J’ai toujours essayé de faire ce que je croyais être bien et jamais à ce qui est pratique. Les demi-mesures ne m’ont jamais convaincu. J’ai beaucoup aimé. Haï beaucoup. Et pour cette raison je ne vais jamais me rendre à vos barreaux, uniformes et armes. Vous allez toujours trouver en moi un ennemi irréductible, et fier. Et pas seulement ça. Les anarchistes ne sont jamais seuls, parfois ils sont solitaires mais jamais seuls. Un millier de projets dans nos têtes, et l’espoir qui demeure en vie dans nos coeurs, toujours plus fort, déterminé et partagé de plus en plus.

Une perspective concrète qui «risque» changera la face de l’anarchie dans le monde. De petits et grands tremblements de terre qui vont brasser un cataclysme, un jour. Ça prendra du temps, peu importe, pour le moment je me réjouis d’un tremblement de terre qui s’est déchaîné en moi, de tout ce désir de joie et de lutte.

Je conclus avec une citation de Martino (Marco Camenish), guerrier inconquis, prisonier pour plus de trente ans à cause de son amour profond pour la vie, aujourd’hui sous verrou depusi plus de vingt ans dans une prison Suisse aseptisée. Je fais de ses mots les miens:
«… le courage de penser les choses en profondeur, de briser les barricades policières technologiques de «l’impossible» et de «l’inconcevable», le courage de penser autrement et autrement d’agir conséquemment. Seulement cela peut nous amener au-delà des tièdes eaux toxiques de la modernité vers des lieux où personne ni rien ne va nous gouverner, vers un lieu sans sécurité, un lieu de responsabilité à la première personne, pour une insoumission avec toutes ses conséquences. Par peur de perdre nos vies on capitule souvent face à l’esclavage et l’annihilation.

Mort à la civilisation

Mort à la société technologique

Longue vie à la CCF

Longue vie à la FAI/FRI

Longue vie à l’internationale noire!

Longue vie à l’anarchie!

– Alfredo Cospito

Déclarations complètes en anglais, sur Act for Freedom Now!, et dans Dark Nights (PDF)

Vidéo de la déclaration à la fin du procès:  http://www.ilsecoloxix.it/p/multimedia/genova/2013/10/30/AQFa5po-processo_adinolfi_rivendicazione.shtml

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